Conseils pour conserver les livres anciens !
Deuxième partie.
Les insectes (poissons d’argent, poux des livres, psoques, blattes, vrillettes…) sont également une cause importante de destructions de vos archives papier et livres anciens. Tapis dans l’ombre de vos bibliothèques, des prédateurs rôdent. De petite taille, mais d’un potentiel de destruction hors du commun, ces petites bêtes se régalent de la cellulose contenue dans le papier et se développent à une vitesse vertigineuses, lorsque e cocktail humidité – chaleur – obscurité est réuni ! Nombreux sont ceux qui, au fil des siècles, ont observé l'existence d'insectes nuisibles aux livres et documents de bibliothèque et en ont parlé dans leurs ouvrages. Il y a 2.200 ans, Aristote écrivait: "Dans les livres aussi, il y a des animalcules, certains semblables aux larves que l'on trouve dans les vêtements, d'autres à des scorpions sans queue, mais très petits." Son "scorpion sans queue" était probablement le scorpion des livres (Chelifer cancroides). En 1922, déjà Reinicke estimait à plus de 800 le nombre des références à ce sujet faites par des écrivains, parmi lesquels 33 poètes.
Les insectes sont d’autant plus présent quand la température est élevée et le taux d’humidité relative proche des 60%. L’inspection visuelle est le meilleur moyen de repérer ce type d’infestation. De la sciure sous les ouvrages ou sur le mobilier, des trous d’envol, mais aussi des mues ou des cadavres d’insectes sont des indices qui doivent alerter. Le meilleur remède contre ce type de contamination reste la pose de pièges. Ne vaporisez pas vos ouvrages de bombes insecticides ! Les produits insecticides sont incompatibles avec les matériaux du livre. Pour cela, quelques règles s’imposent : Ne conditionnez pas vos ouvrages dans des boîtes ou des dossiers recouverts de tissus qui attirent poussière et moisissures. Evitez à tout prix les boîtes, dossiers ou chemises fabriqués en papier acide, optez pour un carton ou papier neutre.
Livres ravagés par la vrillette – Document : l’Abbaye Saint Magloire de léhon pleure aujourd’hui ses livres ravagés…
Les reliures, sauf si elles sont en veau ou en basane, et notamment lorsqu’elles sont exposées dans des lieux à l’atmosphère sèche, peuvent bénéficier d’un traitement spécifique à l’aide d’une cire spécifique. La plus réputée est la cire 213 développée par la BNF (propriétés fongicides et insecticides), à appliquer avec un chiffon doux. Il est nécessaire de passer de la cire surtout sur les charnières du livre afin de les rendre moins cassantes. Une application peut se faire tous les ans ou deux ans… En effet, une atmosphère trop sèche peut entraîner des craquelures des reliures. Or, n’oublions pas que la reliure peut parfois avoir une très grande valeur ! (Voir article sur le blog). ng>
Pour les réparations, n’utilisez en aucun cas les adhésifs tel que le scotch ! Optez pour des rubans adhésifs conçus spécialement pour la conservation et la réparation du papier ancien. Ne vous attaquez qu’à de petites réparations, sinon ayez recours à un professionnel de la restauration de livres anciens. (La librairie heurtebise peut vous proposer des adresses d’artisans relieur au travail impeccable et qui traitent aussi par correspondance.) La lecture de vos livres anciens n’est pas déconseillée ! Pour maintenir ouverts vos ouvrages sans risques de dommages, vous pouvez utiliser du ruban de maintien spécialement conçu pour l’étude des livres. Utilisation d’un petit lutrin est parfois nécessaire.
Contrairement à une pratique très répandue, n'utilisez pas de feuille plastique pour emballer vos livres ! Elles contiennent des produits chimiques qui font adhérer la feuille à la couverture ou reliure et les endommagent parfois sérieusement. D’autre part, le livre ne « respire » pas, comme prisonnier dans un sarcophage ! La couverture en papier cristal peut être une solution. Mais difficile aujourd’hui d’en trouver de bonne qualité…
Ainsi, voilà quelques conseils pour garder la fraîcheur de beaux livres et faire perdurer dans le temps votre bibliothèque ! Vous pouvez retrouver ces conseils, et bien d’autres, dans l’ouvrage de François Baget « La plume et le lutrin ». Une partie de l’ouvrage est consacrée au glossaire des termes de bibliophilie. Ouvrage disponible sur simple demande. Fr. B.
"Un amour vrai, le goût de la curiosité, l'instinct de la chasse, un peu de vanité. Et voilà comment la bibliophilie s'est implantée en nous".