Aujourd’hui, les librairies pratiquent de moins en moins le descriptif écrit de leurs livres anciens, sauf certaines librairies de prestige qui publient encore avec soin des catalogues. Les arcanes de la bibliophilie sont parfois obscures au profane et, certains amateurs, sont dépassés ou perdus par l’emploi d’un vocabulaire technique. C’est dans ce sens qu’il faut donner des éclaircissements concernant les formats des livres. Cela est capital dans la fiche descriptive de l’ouvrage !
Quel format, pour quel livre ?
Les formats des livres sont traditionnellement désignés par le mode de pliage des feuilles de papier utilisées par l'imprimeur. Jusqu'à l'avènement du papier machine dans la première moitié du XIXème siècle, les feuilles de papier fournies par les papetiers sont d'un format qui, bien que variable, est relativement homogène à une époque donnée (environ 45 x 65 cm au milieu du XVIIIème), avec une tendance progressive à l'agrandissement au XIXème siècle. Certains d'entre vous ont posé la question de l'appellation du format des livres.
Voici quelques éclaircissements, même si au final ce sont la pratique et l'expérience qui permettent de nommer rapidement le format d'un livre. Après quelques hésitations, on prend vite l'habitude.
En fait, le format est déterminé par le nombre de fois où les feuilles d'un livre ont été pliées pour le constituer : - In-folio pour les feuilles pliées en 2 et formant donc 4 pages (recto-verso) - In-quarto pour les feuilles pliées en 4 et formant donc 8 pages (recto-verso) - In-octavo pour les feuilles pliées en 8 et formant donc 16 pages (recto-verso) Voilà pour la théorie. En pratique c'est quelque peu différent. En effet dans la mesure où la feuille n'est pas toujours de la même dimension (format oblong ou non) au départ, que seul l'imprimeur en connaît la taille, il faudrait quasiment dérelier un livre pour compter les pliures. La tâche peut donc s'avérer impossible ou délicate pour un bibliophile ou même un libraire !
Evolution des formats de papier :
A l'origine, chaque papetier était libre de choisir les formats qu'il utilisait. Entre 1732 et 1741, le Conseil royal des Finances en France a réglementé la profession, notamment en matière de formats, poids, tarifs et noms des différents papiers. Soit un total de 85 formats différents, dont le " Grand Raisin " pour enveloppes et tentures, le " Ministre " pour les actes officiels, le " Grand Louvois " pour les cartes et plans, etc… Ces appellations imagées des formats restent encore en usage de nos jours, les formats les plus courants ayant finalement été fixés en centimètres (par exemple, la " Couronne " correspond à un format de 37 x 47 cm).
Ainsi pour simplifier et codifier les formats, on utilise depuis le XIXème une côte moyenne appelée "format bibliographique", et qui est la suivante, pour les principaux formats :
Grand in-folio : plus de 40 cm
In-folio : moins de 40 cm
In-4 : moins de 30 cm
In-8 : moins de 25 cm
In-12 : moins de 20 cm
In-16 : moins de 16 cm
In-18 : moins de 14 cm
In-32 : moins de 10 cm.
« Minuscule » : inférieur à 10 cm ! (La dimension est celle de la hauteur du livre). Avec l'habitude, il n'est plus nécessaire de regarder ce tableau, on sait immédiatement à quel format on a affaire.
Alors bon travail… Fr. B.
"... des toutes ces poursuites passionnées, il n'en est pas une qui soit plus troublante, plus angoissante de déceptions et d'espoirs, plus intellectuellement absorbante, plus obstinée dans l'insuccès, plus insatiable dans le triomphe, plus riche en joies nobles, saines et pures, que la chasse aux livres".
Octave Uzanne, les Quais de Paris. Etudes physiologiques sur les bouquinistes et bouquineurs.