Le comte Joseph de Maistre (avril 1753 - Turin, février 1821), est un homme politique, philosophe, magistrat, historien et écrivain savoyard, sujet du Royaume de Sardaigne. Joseph de Maistre était membre du souverain Sénat de Savoie, avant d'émigrer en 1792 quand les forces armées françaises occupent la Savoie. Il passe ensuite quelques années en Russie, avant de retourner à Turin. Il est l'un des pères de la philosophie contre-révolutionnaire, membre éminent de la Franc-maçonnerie, et incliné vers l'ésotérisme.
La librairie propose aujourd’hui ce petit opuscule :
« Considérations sur la France », avec une préface de M. René Bazin. A Paris, librairie de la société géographique. 1880. Petit in 12 relié 1/2 basane verte à coins. Dos à nerfs orné de fleurons dorés. Format : 10 X 16cm. 180 pages. Très joli exemplaire dans une reliure (XXème) de qualité. – Première édition publiée à Londres en 1796.
Ouvrage mis en vente et référencé HE-17568 à la Librairie Heurtebise.
« Ce franc-maçon nourri d'illuminisme condamna la Révolution française, la démocratie et les idées nouvelles. Difficile de trouver plus réac et moins fréquentable que Joseph de Maistre. Et pourtant les raisons ne manquent pas de le lire. Connaissez-vous Joseph de Maistre ? Non bien sûr, puisqu'il n'y a pas aujourd'hui d'auteur plus maudit. Oh, sans doute, vous en avez entendu parler comme du monstre le plus réactionnaire que la terre ait porté, comme un fanatique du trône et de l'autel, comme un ultra au style fulgurant. Sans doute, mais tellement à contre-courant de ce qui vous paraît naturel, démocratique, sacré, et même tout simplement humain, qu'il est urgent d'effacer son nom de l'histoire normale. ...Vous me dites que c'est un des plus grands écrivains français, peut-être, mais le style n'excuse pas tout, et vous voyez bien que son cas est pendable. Maistre, un Sade blanc. Ou si vous préférez, un Voltaire retourné et chauffé au rouge. ...Ne dites à personne que vous lisez Joseph de Maistre. Plus réfractaire à notre radieuse démocratie, tu meurs. »
Cf. Philippe Sollers. Chronique littéraire. Le Nouvel Observateur.
Les Considérations sur la France paraissent en 1796. Pour la première fois, les victimes de la Révolution parlent, non pour gémir ou insulter, mais pour comprendre ce qui s'est passé et aussi pour envisager l'avenir probable. Joseph de Maistre est le premier à ne pas critiquer la Révolution pour l'une ou l'autre de ses mesures ou pour ses « excès », mais à la rejeter tout entière, dans son principe, comme contraire à la nature même de l'homme, création de Dieu. Bien plus, il met en évidence l'irrésistibilité de ce gigantesque chambardement et son caractère paradoxalement quasi « sacré ». La Révolution serait ainsi une punition du Ciel car rien n'est le fruit du hasard. Un texte essentiel pour comprendre la perception de la Révolution par la réaction.