Lucien-Graux (1878 – 1944) a réuni l’une des plus belles bibliothèques du XXème siècle qui fut en grande partie dispersées par sa veuve en neuf ventes organisées entre 1953 et 1957. Sa descendance se séparait d’un reliquat le 10 décembre dernier à Drouot d’un magnifique ouvrage du Docteur Lucien Graux : « Le tapis des prières ».
En voici le descriptif :
LUCIEN-GRAUX, Dr. - "Le Tapis des prières". - Illustrations de F.-L. Schmied. Paris, Pour les Amis du Docteur Lucien-Graux, 1938. In-4, plein maroquin vert bronze mosaïqué, dos à deux nerfs, bordure ornée sur les contreplats, gardes de tabis lilas, tranches dorées, couv. cons. Le premier plat incorpore une figure de Schmied " Zineh dansant " reproduite par une laque de Jean Dunand. Plats et dos richement ornés, de listels mosaïqués en rose ou vert pale, palmettes, petits fers droits ou pointillés dorés. Reliure de F.-L. Schmied réalisée par Gruel. Tiré en tout à 125 ex. num. sur vélin d'Arches fort. Dix illustrations à pleine page en couleurs de F.-L. Schmied gravées sur bois par Théo Schmied. Couverture illustrée par Théo Schmied. Exemplaire n° 1 (du Docteur Lucien-Graux) comportant trois suites sur Japon: les onze illustrations en couleurs, en noir, la décomposition des couleurs d'une des planches. Suivent les trois figures féminines avant la lettrine, tirées sur vélin d'Arches. On a relié en tête les gouaches originales ayant servi à l'illustration. Elles sont toutes signées, la première par Théo Schmied pour la couverture, et les autres par F.-L. Schmied.
On a joint une lettre autographe signée de F.-L. Schmied adressée à Madame la secrétaire de Monsieur le docteur Lucien-Graux (1938) envoyée d'Asni (Maroc), 2 pp. in-4. Après des demandes de subsides, il écrit: " Comme je l'ai dit au Docteur, je tiens beaucoup à garder à notre ouvrage un caractère d'amitié et de grandeur. C'est pourquoi j'ai résolu de faire les deux grandes planches prévues dans le même style que les cinq déjà gravées et imprimées. Le côté anecdotique qui lui aussi aura son rythme sera illustré par trois grandes lettrines dont les sujets seront: 1° Zineh fume, 2° Zineh danse, 3° Zineh meurt. Peut-être pourrions-nous ajouter un grand cul de lampe final: Chibani prosterné. Ex-libris du Dr Lucien-Graux
© Oger-Blanchet (Paris).
Il fut adjugé 78.750 euros, frais compris.
Mme Lucien-Graux a commencé à disperser la bibliothèque constituée par son mari le Dr Lucien-Graux, mort en déportation en 1944. Cette bibliothèque, qui comporte un très grand nombre de pièces rares dans tous les genres, fera l'objet d'au moins cinq ventes. La première d'entre elles, consacrée aux livres modernes, n'offrait que des volumes qui se trouvent déjà dans les collections de la Bibliothèque nationale et sur lesquels celle-ci s'est abstenue d'exercer le droit de préemption. Il n'en a pas été de même pour la seconde vente (26 janvier 1957) : le n° 111, édition originale très rare d'un poème de Pierre de Ronsard Epithalame d'Antoine de Bourbon et Janne de Navarre (Paris, 1549) a été acquis pour le prix d'adjudication de 160.000 F. A cette même vente, la Bibliothèque nationale a obtenu par préemption le n° 93, précieuse édition toulousaine de la Pragmatica sanctio (1484) pour la somme de 90.000 F.
Les 5 et 6 février furent dispersés par les soins du libraire Blaizot les livres composant la « Bibliothèque d'un amateur » et la Bibliothèque nationale a exercé le droit de préemption à cinq reprises. Deux de ces adjudications concernent des pièces d'une importance exceptionnelle. A côté du n° 8, édition originale du Poète assassiné de Guillaume Apollinaire (1916), exemplaire enrichi de nombreuses lettres autographes d'Apollinaire à André Breton, adjugée 206.000 F, il convient de signaler tout particulièrement l'acquisition de trois précieuses lettres autographes de Victor Hugo à Juliette Drouet, datées de 1834 (n° 161 bis du catalogue). Il s'agit de documents de tout premier intérêt qui précisent les relations de Victor Hugo avec Juliette Drouet pendant une crise douloureuse. Ces lettres complètent admirablement le recueil de la correspondance de Victor Hugo à Juliette Drouet, resté entre les mains du poète après la mort de cette dernière, et déposé à la Bibliothèque nationale en vertu des dispositions testamentaires de Victor Hugo. La préemption a été exercée sur ces trois lettres pour le prix d'adjudication de 495.000 F.