Tristan Corbière (1845-1875) était particulièrement excentrique, tant dans sa vie que dans ses œuvres. Peu gâté par la nature, rachitique, laid et tuberculeux. Le titre même de son recueil, « Les Amours jaunes », est ironique (le titre faisant référence au "rire jaune", rire grinçant, sinistre, désabusé). Il y pratique l'autodérision, cultivant les images du laid et le goût du paradoxe.
Tristan Corbière : Les amours jaunes. Editions Emile Paul Fères. 1943. In 8 cartonné caramel à dos lisse avec pièce de titre en basane. 301 pages. Format : 21 X 27 cm. Avec les gravures hors texte d’Edmond Céria. Exemplaire numéroté du tirage sur papier vergé des papeteries Boucher de Docelles (N° 254). Bonne typographie. Bel exemplaire.
Ouvrage mis en vente et référencé HE-19592 à la Librairie Heurtebise.
Le recueil « Les Amours jaunes » fut publié à compte d'auteur en août 1873. Les Amours jaunes est un titre qui appelle le commentaire puisque la couleur jaune le connote fortement. Dans sa préface à l'édition parue au Livre de Poche (collection "Classiques de poche", 2003), Christian Angelet écrit que "les premiers commentateurs y ont vu un calque de l'expression rire jaune" (cf préface, p.13). Il cite à ce propos André Breton :"On peut aimer jaune comme on rit jaune.". Le préfacier ajoute que "l'interprétation désormais communément admise est que le jaune désigne tout bonnement le cocuage et, plus généralement, la trahison". A mon sens, les deux interprétations ne s'excluent pas. Le recueil se veut évidemment ironique, cynique, grinçant comme l'essieu fantôme de "la brouette de la Mort" (cf. la pièce intitulée "Nature morte"). On ne rit jaune que de ce qui nous est déplaisant. La trahison, le cocuage, sont déplaisants. Mais en donnant ce titre, Tristan Corbière affiche la couleur : Il tourne en dérision le modèle romantique et ses illusions lyriques…
Peintre français, Edmond Céria (1884-1955), bien que classé comme peintre indépendant, fut très proche de l’Impressionnisme et en particulier de Paul Cézanne.