« Ah! Ce vice impuni... Mille fois cité, adapté ou détourné, voilà un titre qui aura fait florès! Valery Larbaud l'avait lui-même emprunté à l'une de ses découvertes, une sorte de Ramón Gómez de la Serna américano-londonien du nom de Logan Pearsall Smith, qui qualifiait la lecture de «vice raffiné et impuni», d' «égoïste, sereine et durable ivresse». Faute de l'avoir ciselée, le créateur de Barnabooth utilisa cette heureuse expression pour réunir ses textes essentiels sur les littératures des deux rives de la Manche. Le Domaine anglais accueillit ainsi une brochette d'écrivains traduits, introduits en France ou défendus vigoureusement par ses soins. A l'époque, en effet, ce n'était pas enfoncer des portes ouvertes que de vanter le talent de Samuel Butler, de Joseph Conrad, de William Faulkner ou de James Joyce. »
La librairie présente cette agréable édition originale :
Valery Larbaud « Ce vice impuni, la lecture... Domaine anglais. » A Paris, éditions Albert Messein. 1925. Collection "la Phalange". In 12 relié 1/2 maroquin orangé de 281 pages. Couvertures d'origines conservées. Tranches supérieures dorées. Edition originale : exemplaire numéroté sur papier vélin (N° 500). Bel exemplaire, intérieur frais.
Ouvrage mis en vente et référencé HE 20039 à la librairie Heurtebise. 50€
Béatrice Mousli, auteur d'une récente biographie de Valery Larbaud (voir Lire n° 264), a plus que doublé l'édition de 1936 en y ajoutant une soixantaine d'articles de revues. Dickens enfant croise Carlyle intime et George Bernard Shaw vu par G.K. Chesterton. Shakespeare, Byron, Hawthorne et Oscar Wilde, Jack London et Rider Haggard accordent même une petite place à Jules Vallès, qui réussit l'exploit de ne rien comprendre à l'Angleterre en neuf ans d'exil! Beaucoup de ces textes sont remarquables: derrière l'analyse et l'érudition, on entrevoit l'enchantement d'un homme qui voyageait au pays des merveilles dans les librairies de Charing Cross Road (elles y sont toujours...) et son désir de nous faire partager ses surprises, ses admirations, ses préférences. L'esprit de ce livre est tout entier résumé dans une anecdote rapportée par Béatrice Mousli. Vers 1935, un magazine demanda à Larbaud quel était son livre anglais préféré. En guise de réponse, il envoya une photographie du département anglais de sa bibliothèque personnelle (5 000 volumes environ), avec le commentaire suivant: «Sans doute je ne les aime pas tous également, mais il n'en est aucun dont je voudrais me séparer. Je suppose que cette chambre est territoire britannique au même titre qu'un Consulat. En tout cas du plancher au plafond, l'Anglais du Roi y règne.» Article tiré du magazine l’Express - Lire.
Le prix Valery-Larbaud, créé en 1967, est décerné en mai ou en juin à Vichy ; il est attribué à l'auteur d'un livre « que Larbaud aurait aimé lire », par l'Association internationale des Amis de Valery Larbaud.
La médiathèque Valery-Larbaud de Vichy a été ouverte en 1985. Elle conserve son mobilier et sa riche bibliothèque personnelle (reliures marquées « VL »), et y organise des visites commentées.