Le manuel scolaire est un objet familier de nos classes. Son utilisation est ancienne, il est universellement diffusé. Toutefois, à l’heure de la révolution numérique, au moment où l’école cherche les voies d’une meilleure performance et les moyens d’un enseignement plus personnalisé, la question du manuel, de sa forme, de son utilité et de son utilisation, se pose dans des conditions nouvelles.
Voici un manuel scolaire « ancien » 1905 ! Il est intéressant de noter l’aspect pédagogique et moderne de la présentation : évènements, chronologie linéaire, repères historiques, illustrations significatives des hommes et des faits… N’osez pas la comparaison avec un manuel actuel !
GAUTHIER - DESCHAMPS. « Cours moyen d'histoire de France. Certificat d'études. » Editions Hachette (3ème édition). 1905. In 12 cartonné à dos toilé rouge. 160 pages. Avec 628 petites gravures, 16 cartes illustrées et 15 tableaux de récapitulation. Imprimerie Lahure. Bon exemplaire, intérieur propre. "De la Gaule romaine à l'élection d'Emile Loubet (1899)."
Ouvrage mis en vente et référencé HE 20464 à la librairie Heurtebise. 16 €
« Le manuel scolaire a plus de deux siècles d’existence officielle. Il a été le principal instrument de l’industrialisation de l’école, de sa rationalisation et de sa massification. Il a su évoluer, depuis les grandes lois de François Guizot et de Jules Ferry, en accompagnant et en favorisant toutes les étapes de la construction, de l’extension et de la modernisation de l’école. Il s’est transformé en assumant diverses fonctions, plus ou moins accentuées selon les périodes : une fonction référentielle (dire les programmes), une fonction idéologique (énoncer les valeurs) ; une fonction instrumentale (servir la classe), et plus récemment une fonction documentaire conforme à une pédagogie plus inductive, basée sur l’observation et l’expérimentation.
Le manuel est constitutif du roman national. Parmi les exemples les plus connus, le manuel de lecture « Le Tour de la France par deux enfants » de G. Bruno, pseudonyme d’Augustine Fouillée (1877), « petit livre rouge de la République », a été vendu à trois millions d’exemplaires en dix ans et réédité pour son centième anniversaire par Belin. « L’Histoire de France » d’Ernest Lavisse (1884) a connu sa soixante-quinzième édition en 1950. Le « Petit Lavisse », s’adressant au jeune lecteur sur sa couverture, soulignait en ces termes la portée de son projet pédagogique :
« Dans ce livre, tu apprendras l’histoire de la France. Tu dois aimer la France, parce que la nature l’a faite belle et parce que son histoire l’a faite grande ! ».
Ainsi, le manuel a pris son importance sous la monarchie de Juillet, quand il fut diffusé à des millions d’exemplaires pour aider à l’alphabétisation dans les classes élémentaires. Les textes qui le réglementent et les principes qui le régissent ont été définis à la fin du XIXème siècle. La question de leur actualisation ne peut donc manquer d’être posée, du fait des transformations de l’école, de l’évolution de la notion de citoyenneté à l’heure de l’Europe, de la complexité des appartenances identitaires et du bouleversement des industries éducatives par le numérique ! » cf. Michel Leroy (2012).