La librairie présente aujourd’hui cet ouvrage historique qui donne un éclairage nouveau sur cette période qui engouffra le monde dans une guerre où la question des responsabilités reste entière.
« La thèse de la responsabilité française dans le déclenchement de la Première guerre mondiale est née de ma confrontation à une énigme. Partons de l'observation des faits. Le 28 juin 1914, c'est l'attentat de Sarajevo. Trente cinq jours plus tard, l'Europe est en guerre et bientôt ce sera le monde. Comment un règlement de compte entre l'Autriche-Hongrie et la Serbie a-t-il pu entraîner un conflit mondial en si peu de temps ? Comment ce qui était au début un conflit local, et qui aurait dû le rester, est-il devenu une guerre mettant aux prises les grandes puissances ? A partir de quand le basculement vers une guerre généralisée s'est-il produit ? Comment s'est-il produit et qui a eu intérêt à ce que ce basculement se produise ? C'est en partant de ces questions, auxquelles il me semble on n’avait pas encore donné de réponses satisfaisantes, que j'ai commencé mon travail.
Il fallait sortir de l'explication simpliste de la responsabilité allemande, qui ne tient pas pour de nombreuses raisons que je démontre dans mon livre, ou de celle qui prévaut aujourd'hui, un malheureux concours de circonstance où tout le monde serait un peu coupable. La version enseignée actuellement est celle de "l'engrenage fatal des alliances", alors qu'un simple examen des faits (neutralité de l'Italie au début du conflit puis son entrée en guerre en 1915 aux côtés des alliés) permet de réduire à néant cette thèse.
L'étude des causes structurelles (querelle des nationalités, concurrence des impérialismes, des économies...) m'a permis de mettre en évidence un fait incontournable : la France n'a JAMAIS digéré la défaite de 1870 face à la Prusse. Toutes les politiques mises en place par la Troisième République visent à préparer la France à une guerre de revanche contre l'Allemagne : politique coloniale, d'investissements à l'étranger, choix des alliances, politique d'éducation, choix dans la doctrine militaire, corruption de la presse..., tout est fait pour préparer le pays à un règlement de compte avec l'ennemi.
On peut dire qu'en 1914, la France est prête. Seulement, il y a un problème, et il est de taille ! Si la France est prête, le peuple français, lui, ne l'est pas ! Et les raisons sont nombreuses : une nation éclatée culturellement (le peuple français n'est encore qu'une vue de l'esprit), un système politique fragilisé par des crises graves. L'affaire Dreyfus, entre autre, déchire l'opinion publique et fait éclater tous les clivages partisans. La stabilité du régime républicain n'est pas assurée. L'armée elle-même n'est pas sûre et le pacifisme progresse. En mai 1914, la gauche radicale et socialiste remporte les élections. Jaurès refuse l'idée d'une guerre de revanche. C'est une catastrophe pour la classe politique revancharde, Poincaré en tête.
Que faire dans ce contexte ? Pour le président Poincaré, une seule possibilité : manoeuvrer de manière à ce que l'Allemagne déclare la guerre la première... comme Bismarck en 1870 avait poussé la France à déclarer la guerre à la Prusse ! L'étude de la correspondance diplomatique et de la correspondance secrète de l'ambassadeur russe à Paris permet de mettre en évidence ces manœuvres qui n'ont qu'un seul but, faire entrer la France dans une guerre, contre l'avis du peuple français. » © Blandin Bertrand
Ouvrage disponible dans toutes les bonnes librairies…
Editions l’Artilleur (2017).