Mettre à profit ces journées d’isolement pour laisser parler son esprit fécond est une belle idée. Alors pourquoi ne pas prendre un livre ? Mieux : triez votre bibliothèque, dépoussiérez les livres, et plongez-vous quelques heures dans un bon roman... Juste un rappel : quand Shakespeare était en quarantaine à cause de la peste, il a écrit « Le Roi Lear » !
Le bibliophile Heurtebise vous fait part d’un ouvrage amusant, désuet, légèrement érotique et raffiné : « Poupée japonaise » par Félicien Champsaur, le mégalomane des Lettres !
« Poupée japonaise » - A Paris. Editions Charpentier et Fasquelle. 1912. In 8 relié 1/2 basane carmin. Dos à nerfs orné . 388 pages. Très nombreuses vignettes in texte et 26 charmantes gravures hors-texte en couleurs. Roman de mœurs Japonaises, avec quelques passages teintés d'érotisme, orné de superbes illustrations in-texte et de magnifiques hors texte couleurs par Hanafusa Ittcho et Haru Kawa. Bel exemplaire, intérieur frais. (Ouvrage disponible à la vente).
L’édition originale de « Poupée japonaise » fut publiée chez Fasquelle en 1900 sous le terme de « roman ». Réédition illustrée chez Fasquelle en 1929 par deux dessinateurs japonais supposés, en réalité il s’agissait de Raphael Kirchner et Fabius Lorenzi.
Cf. « Une supercherie dévoilée » [archive] par Paule Adamy (*), sur le site de Plein Chant, Imprimeur-éditeur à Bassac.
Félicien Champsaur est un journaliste, dramaturge, romancier, et poète français (1858-1934). Aujourd’hui en partie oublié, il fut l’un des écrivains les plus productifs de la fin du XIXe siècle et de la première moitié du XXe. Il laisse à la postérité une importante production journalistique et romanesque dont Dinah Samuel, d'après sa liaison avec Sarah Bernhardt, et Lulu, roman clownesque, publié en 1888, qui inspira « La Boîte de Pandore » de Frank Wedekind et l'opéra du même nom d'Alban Berg.
Il collabore au journal « L'Hydropathe » d'Émile Goudeau. Il se brouille avec ses premiers amis de la jeunesse estudiantine et montmartroise en 1879, lorsqu'il donne son premier article au Figaro. Dès lors, il collabore à des journaux plus conservateurs, comme « Le Gaulois ».
Coutumier des cercles littéraires et des brasseries montmartroises où s’édifie une conception moderne de la littérature et des arts (Le club des Hydropathes, Le Chat noir), il s’enivre de tous les plaisirs qu’offre l’espace de la création artistique parisienne où il entrevoit les fondements de son entreprise artistique. Il fréquente alors certaines figures illustres du Paris artistique et littéraire telles Hugo, Verlaine, Rops, Grévin, Rodin… En 1899, le guide Paris-Parisien le considère comme une « notoriété des lettres », en soulignant son « parisianisme raffiné » et son « féminisme aigu ».
Après sa mort, le critique d’art Jean Ajalbert écrit de lui en 1938 : « Félicien Champsaur, littérateur à tout faire – sauf de la littérature. […] Tous les marchandages lui étaient permis, y compris le chantage ! On le tenait à distance... »
(*) Paule Adamy
"Le cas Champsaur - Un singulier mégalomane des lettres" – Editions Plein Chant.
© Editions Plein Chant – 2013.
« Félicien Champsaur, poète, chroniqueur, romancier, auteur dramatique est mort en 1934, laissant l’image d’un auteur trop fécond, un mégalomane des lettres. De nos jours, seuls Dinah Samuel, Lulu, roman clownesque et L'Orgie latine ont été republiés, mais peut-être Champsaur resurgira-t-il dans l'histoire du livre pour avoir été l'auteur de plaquettes illustrées, destinées à séduire le lecteur en suscitant une manière inédite de lire où s'unissaient un texte imprimé et des images dessinées : Les Bohémiens, ballet lyrique en 4 actes et 9 tableaux, Les Éreintés de la vie, pantomime, Les Étoiles, ballet en 4 actes. Or, ces productions novatrices ne peuvent être comprises que replacées dans une œuvre hétéroclite, complaisante et ambitieuse à la fois, autobiographique et se voulant un reflet de l’air du temps et des mœurs contemporaines, qui est revisitée dans Le cas Champsaur. Si notre auteur a produit des livres finalement proches de beaucoup d'autres, il leur a donné une touche personnelle par laquelle il peut encore exister, et qui le révèle à la fois en solitaire et en produit de la prétendue Belle Époque ».