La semaine dernière j’avais abordé quelques grands noms de la bibliophilie, aujourd’hui voici une rapide présentation d’un libraire parisien : Christian Galantaris, libraire-expert honoraire près la Cour d'appel de Paris. Il publia une Histoire de la bibliophilie, ouvrage fondamental pour comprendre l’univers du livre ancien. Je lui en sais gré, grâce à ce livre, de m’avoir ouvert les portes de ce monde passionnant. Durant mes trente années de librairie je conseillais souvent ce très bon ouvrage à mes clients collectionneurs...
Descriptif de l’ouvrage :
Manuel de bibliophilie - Tome 1 & 2. Préface de Michel Déon.
Paris . Editions des Cendres. Février 1998. Deux tomes brochés , 17 x 24 cm , sous couverture illustrée à rabats , de 312 pages et 344 pages, richement illustrées de documents variés et reproductions en fac-similé. Emboitage rigide bordeaux .Résumé : Le sommaire du premier volume s'organise autour de quatre sections : la typologie des collectionneurs, le physique du livre, les thèmes de collection, le marché. Le second volume propose plus de mille deux cents entrées qui forment le vocabulaire du monde du livre et une bibliographie sur le domaine. Un incontournable pour tout bibliophile ou amoureux des livres !
Ouvrage parfois difficile à dénicher. Compter environ entre 500 et 1000 € pour la première édition et en très bon état.
Les éditions des Cendres publient un Manuel de bibliophilie rédigé par Christian Galantaris, libraire et expert renommé, et superbement imprimé par Edmond Thomas (2 volumes sous coffret, 318 et 348 pp). Initier le néophyte aux arcanes de la bibliophilie tout en offrant un ouvrage de référence aux amateurs, tel est le double projet. A commencer par définir ce qu'est un bibliophile. Car de l'amateur qui devient un historien du livre au collectionneur compulsif qui pense que «possession vaut science», les degrés sont nombreux. Charles Nodier disait: «Le bibliophile sait choisir les livres; le bibliomane les entasse.» Aussi, plus que la bibliophilie, la bibliomanie est-elle pleine d'histoires que rapporte Galantaris et qui relèvent parfois de la psychiatrie. Sir Richard Heber (1774-1833) avait autant de bibliothèques que de résidences et affirmait qu'«un bon bibliophile doit avoir trois exemplaires de chaque ouvrage, le plus beau pour le montrer, le second pour s'en servir, le troisième pour le mettre à la disposition des amis». Mais le «bibliomaniac» est bien représenté en France avec le célèbre Henri Boulard décédé en 1825 (*) qui dut acquérir successivement cinq immeubles pour accueillir une bibliothèque qui à sa mort contenait six cent mille volumes et dont la vente après décès déstabilisa le marché du livre pendant plusieurs années. Sous-titré « Du goût de la lecture à l'amour du livre », ce manuel se double d'un utile dictionnaire qui permettra au lecteur de naviguer entre «Hollande», «Japon» et «Chine» et de percer le langage des catalogues d'ancien, de l'ex-libris aux exemplaires «truffés». Si on ne s'improvise pas bibliophile, certains «bibliogènes» présents en tout lecteur s'activeront à la lecture de cet ouvrage. Car des boîtes des bouquinistes aux libraires d'ancien, du marché Brassens (Paris XVe) aux soldeurs et aux salles des ventes, un collectionneur d'aujourd'hui peut imaginer mille façons de vivre cette «incurable manie».
© Libération - Par Jean-Didier Wagneur, publié le 14 mai 1998.
(*) Antoine Marie Henri Boulard, était notaire, bibliophile, traducteur, administrateur des lycées de Paris, et de l'école royale de dessin, et enfin homme politique français. C'était un homme d'une grande culture, amoureux des livres et qui fut rédacteur du Journal de la Librairie et des Arts. À sa mort, le catalogue de sa bibliothèque, qui comptait près de 600 000 livres, remplit à lui seul plusieurs volumes. Les vieux bouquinistes, écrit Pierre Larousse en 1866, se rappelaient encore le nom du Père Boulard avec un attendrissement mêlé de respect. La vente de sa bibliothèque à son décès dura 5 années de 1828 à 1833 !
Bruno Lalonde - De l’amour plein les rayons.
«Un bibliomane anglais, fort riche, possédait un petit volume très rare (...) Tout à coup il apprend qu'un exemplaire semblable existe à Paris. Il bourre son portefeuille de billets de banque, traverse la Manche et arrive chez son rival. Après avoir accepté de s'en dessaisir pour une petite fortune, celui-ci voit avec stupeur son visiteur jeter le livre dans la cheminée. ''Monsieur, dit alors l'Anglais en l'arrêtant, moi aussi je possède un exemplaire de cet ouvrage, et j'avais cru jusqu'ici qu'il était unique; je me trompais; maintenant j'en suis certain."»