Pierre Assouline aime raconter des histoires. De belles histoires où les personnages présentent des vies remarquables et des destins peu ordinaires : Dassault, Gallimard, Albert-Londres, Hergé... Aujourd’hui Pierre Assouline nous livre la vie intime d’une famille fortunée et passionnée par le monde des arts et par le goût français.
Cet ouvrage, superbement écrit, retrace le fabuleux destin de Moïse de Camondo (1860-1935), rejeton d’une illustre famille de banquiers juifs levantins installés en France (à Paris) à la fin du Second Empire. La lignée de ces seigneurs séfarades a connu nombre de bouleversements. Moïse, dernier du nom, est un homme seul, abandonné par sa femme, dévasté par la mort précoce à 25 ans, de son fils Nissim (1892-1917). Financier habile et redouté, de Camondo fait partie des grands investisseurs à la Bourse de Paris à la fin des années 1880, avec la Famille Lebaudy, Louis Cahen d'Anvers et Herman Hoskier. Lors de la faillite de l'Union générale de 1882, il fait partie du petit groupe de grands financiers, avec Louis Cahen d'Anvers, Rothschild et la Banque de Paris, qui organisent le sauvetage des banques prises dans la crise, en montant un fonds spécial de vingt millions de francs.
Par Pierre Assouline - Editions Gallimard & Musée des Arts décoratifs - 320 pages. Illustrations en couleurs - Prix 32 €.
Il collectionne alors les œuvres d’art, spécialement du XVIIIe, qu’il réunit au musée Nissim Camondo, en bordure du parc au N° 63 rue de Monceau à Paris.
Cet ouvrage, largement illustré, dont les photographies proviennent des archives du Musée des Arts décoratifs, illustrent cette saga aussi passionnante que tragique, sur laquelle plane l’ombre de Marcel Proust. (Moïse de Camondo, le père de Nissim, reçut une lettre de condoléances de la part de Marcel Proust.)
C'est aussi une méditation sur la solitude d'un homme seul et inconsolé, qui consacra sa vie et sa fortune à reconstituer au cœur de la plaine Monceau une demeure aristocratique dans le goût du XVIIIe siècle, laissant à la France le plus éclatant témoignage d'un monde disparu et transmettant malgré tout le nom des siens à la postérité.
Avait-il l'intuition qu'il serait le dernier représentant de sa dynastie ? C'était son mystère et son secret. Il en a laissé l'empreinte sur sa maison. Si le cinéma s’intéressait à cette grande famille, il eut fallu le génie d’un Visconti pour en brosser le portrait...
La bibliothèque : De cette pièce en rotonde qui occupe le centre des appartements privés de l’hôtel, on profite d’une belle vue panoramique sur le parc Monceau. Les boiseries en chêne naturel sculpté ont déterminé la hauteur de cet étage et créent une atmosphère chaleureuse. C’est ici que Moïse de Camondo consultait ses catalogues de ventes et de nombreux périodiques dont la Gazette des Beaux-Arts qu’il faisait soigneusement relier en maroquin rouge. Il existe une état descriptif de la bibliothèque qui regroupe de nombreux ouvrages d’histoire, voyages, beaux-arts et éditions limitées ou originales...
Pendant la dernière guerre, le musée ferme ses portes et des scellés sont posés pour protéger ses intérieurs et les rares collections restantes (principalement la bibliothèque de livres en provenance du Château de Valençay acquise en 1935 et non évacuée). On peut consulter un catalogue : Bibliothèque du château de Valençay, dépendant de la succession du duc de Talleyrand, Valençay et Sagan / [expert] J. Martin.
La bibliothèque des Arts décoratifs.
Fondée en 1864, la bibliothèque du Musée des Arts Décoratifs (111 Rue de Rivoli, 75001 Paris) présente des collections de livres imprimés, catalogues d’expositions et de vente, périodiques... dans les domaines des arts décoratifs et de l’art, ainsi que la célèbre collection Maciet regroupant des milliers de gravures et de photographies originales. Ces fonds, qui n’ont cessé de s’accroître au fil du temps, comptent aujourd’hui 200.000 volumes imprimés. La bibliothèque abrite aussi des fonds d’archives institutionnelles et privées. En 1996, la bibliothèque ferme ses portes pour travaux. Elle ne rouvre qu’en 2002, mais avec une salle rénovée et un catalogue entièrement informatisé. Si les missions de la bibliothèque, conçue à l’origine comme un vaste conservatoire des formes à l’usage des artisans et des manufacturiers, continuent à conserver toute documentation, livres, mais aussi littérature grise et éphémères sur l’art industriel ou les productions en série, elle n’en est pas moins un lieu de références pour les étudiants et chercheurs en histoire de l’art, des arts décoratifs, du design, de la mode et de la publicité.
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