Tout comme les nombreux matériaux (cuirs) utilisés en reliure, il existe autant de types de papiers dont on se sert pour créer les pages des livres. Voici un aperçu des différentes variétés de papier que vous pouvez retrouver dans les livres anciens sans pour autant entrer dans les détails de grammage ou parler des nombreux papiers modernes.
Aimer caresser le papier d’un livre est un présage de contentement et de bonne lecture !
Avant toute chose, il convient de rappeler ce qu’on appelle en bibliophilie « grands papiers » (ou « exemplaires de tête »). A partir du XVIe siècle, les éditeurs ou les auteurs commandaient à l’imprimeur quelques exemplaires spéciaux tirés sur du papier de grande qualité tel que la peau de vélin, le papier de Chine ou du Japon destinés à des protecteurs (*) ou à des proches. Les tirages de tête devinrent plus courants vers 1830, avec l’apparition de la machine à papier qui industrialisa le monde de l’édition. Le livre, jusque-là réservé à certains privilégiés devint accessible à tout le monde. L’impression sur « grands papiers » était limitée dans le tirage afin d'organiser leur rareté. Aujourd’hui cette tradition se perd, mais il y a encore quelques écrivains qui désirent faire imprimer quelques exemplaires numérotés sur grands papiers : Amélie Nothomb, Jean Raspail, Modiano, Le Clézio, d’Ormesson, Houellebecq... C’est pourquoi ces exemplaires sont recherchés par les collectionneurs !
(*) Afin de mettre son œuvre sous le patronage d’une personne illustre ou influente, ou pour témoigner de ses sentiments de gratitude ou enfin, à certaines époques, pour en tirer profit.
D'abord, ces mystères : pourquoi, le 17 novembre, vingt personnes se sont-elles rendues à la librairie Gallimard, boulevard Raspail, pour acheter un livre de François Weyergans (Salomé, éd. L...
https://www.liberation.fr/grand-angle/2005/12/16/de-l-epate-a-papier_541945/
© « De l'épate à papier » Edouard Launet - 2005.
Voici quelques indications qui peuvent être utiles si vous êtes collectionneur de « grands papiers ».
La peau de vélin :
Bien que ce ne soit pas vraiment du papier, le vélin est l’un des premiers types de papier à être utilisé pour les livres reliés à partie de l’époque médiévale. A l’origine, on l’obtient à partir d’une peau de veau mort-né, blanche et fine mais aujourd’hui elle peut être alternativement obtenue à partir de peau d’agneau, de chèvre ou autre.
Au XIXe siècle, certains éditeurs imprimaient 1, 2 ou 3 exemplaires sur ce support extrêmement onéreux, réservés souvent à l’auteur, à l’éditeur ou à un souscripteur averti.
Le papier de Chine :
Fabriqué en Chine à partir de fibres de bambou, le papier de Chine est très mince et résistant et possède une teinte légèrement grisée. Ce type de papier prend l’encre avec précision. Il est très agréable au toucher.
Le papier du Japon :
L'art du papier fut introduit au Japon en 610 par des moines bouddhistes. Dès l'an 800, les compétences des japonais dans ce domaine étaient sans pareilles, conférant une grande notoriété au fameux « papier du Japon ». Chacune des fibres utilisées donnent au papier des particularités. Les fibres Kozo ou fibres de mûrier entrelacées sont connues pour donner au papier sa légèreté, sa flexibilité et sa solidité. En général un peu épais mais très léger, il est soyeux au toucher.
Le papier vélin :
Inventé aux alentours de 1750 par la maison Baskerville (*), le papier vélin évoque le parchemin de luxe qui est fabriqué avec la peau de veau mort-né. Il a une texture lisse et soyeuse sans grain ni vergeures car en général il est fabriqué sur une fine toile à maille serrée. Il est très utilisé durant les premières décennies du XIXe siècle.
Il existe des variantes, le papier Lafuma - Jean Baptiste Lafuma fils d'agriculteur de l'Ardèche, après une formation à Saint-Marcel-les-Annonay chez de Montgolfier, arrive à Voiron après 1822 et devient contremaitre à la fabrique de papier. Il est à l'origine de la firme et du papier portant son nom.
(*) John Baskerville, (1706 - 1775), était un imprimeur britannique de Birmingham. Il est connu pour son activité d’industriel de papier, de ses techniques de découpage (ou japanning), et de papier mâché, mais c’est surtout son activité d’imprimeur et de typographe qui l’ont rendu célèbre.
Le papier vergé :
Ce type de papier était originairement préparé dans un cadre ou un moule. La pâte à papier est alors étalée sur un tamis dont le fond est renforcé par des fils qui laissent, par la suite, leur marque sur le papier, d’où le nom verger car il présente de nombreuses vergeures que l’on peut apercevoir par transparence. (Les fils métalliques sont tendus parallèles et de manière très serrée. Les pontuseaux sont des sortes de réglettes en bois en forme de goutte d’eau qui sont prises dans le cadre en bois. Une chaînette passe sur le pontuseau sur lequel elle est tenue régulièrement par un fil de cuivre ou de laiton. La chaînette conserve le bon écartement entre les vergeures. Cet ensemble très rigide permet de fabriquer du beau papier traditionnel occidental.)
C’est jusqu’au XVIIIe siècle que le papier chiffon est le plus courant ; il est devenu au cours du XIXe siècle un papier de luxe.
Le papier Hollande :
Il a souvent une coté lisse et un coté rugueux. Il est résistant et ne peut être cassé. C’est un type de papier vergé. Composé de pâte chimique de bois et d'un peu de pâte de chiffon. Bien connu des bibliophiles pour les tirages d’éditions originales.
Le papier d'Alfa :
Souple, soyeux, résistant, produit en Tunisie et au Portugal à partir de plantes monocotylédones de la famille des Poaceae, utilisé en Angleterre à partir de fibres d'alfa pour les éditions de luxe. Il faut au moins 12% d'alfa pour avoir l'appellation Papier Alfa.
Le papier d’Inde :
Ce terme a deux significations. Il s’agit d’une forme de papier d’Inde dont le procédé a été raccourci afin de ressembler à du papier de Chine. Il peut aussi faire référence au papier Oxford indien qui est très fin, solide et opaque. Ce dernier a été développé autour du 1875 par l’imprimerie de l’université d’Oxford pour imiter le papier oriental.
Le papier marbré :
C’est un processus durant lequel le papier est immergé dans un bain de gomme, connu sous le nom de taille dans le monde de l’imprimerie. Il est remué à l’aide d’un bâton ou un peigne afin de produire cet effet marbré. Cette technique est similaire à celle de la création de cuir maroquin marbré pour les reliures. Le papier marbré est aussi un papier décoré dont les motifs imitent ceux du marbre ou d'autres roches, et qui est utilisé notamment en reliure.
Les papiers dominotés traditionnels :
Historiquement la feuille de papier dominoté servait à des compositions murales : en assemblant plusieurs motifs, les dominotiers créaient des décors uniques et sur-mesure. Les dominos faisaient aussi office de couverture provisoire pour les livres en attente de reliure. On retrouve également des papiers dominotés à l’intérieur de boîtes et de malles. Dans le domaine du livre ancien, ces simples couvertures à bas prix sont plus rares que les reliures en veau, voire de maroquin, ce qui s'explique en partie par leur fragilité, mais aussi par le fait que pendant très longtemps, à l’instar de nombreuses autres productions populaires, elles n’ont pas du tout intéressé les collectionneurs. Il existe encore quelques fabricants-artisans de ce type de papier... (cf. Antoinette Poisson - Paris). Voir le lien ci-dessous.
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Restauration des vieux livres et des vieux papiers !