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Le bibliophile Heurtebise

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Anciennement librairie Heurtebise, "le bibliophile Heurtebise" propose des informations culturelles en relation avec les métiers du livre, mais aussi des descriptifs de curiosités bibliophiliques. Actualités littéraires, critiques, salons, foires aux livres...


Petite histoire des kiosques à journaux...

Publié par HEURTEBISE sur 8 Février 2022, 15:59pm

Catégories : #Infos Heurtebise

Les amoureux du « papier » dans un sens large et de la Presse en particulier, ne peuvent rester perplexes devant les kiosques à journaux... Le cinéma, mais aussi la peinture les ont représenté en leur donnant toujours cette expression si parisienne des Grands boulevards !

Abriter des journaux et magazines, bref, vendre du papier, ce fragile support de l’essentiel, montre la continuité des usages mais aussi la permanence des savoir-faire et des gestes dans ce métier.

Eugène Galien-Laloue - Vue de Notre Dame, quai de Montebello - Boulevard des Capucines, kiosque à journaux.

Eugène Galien-Laloue - Vue de Notre Dame, quai de Montebello - Boulevard des Capucines, kiosque à journaux.

Malgré l’importance du numérique et l’abondance d’applications « médiatiques » le papier résiste encore... Aujourd’hui, il est produit environ 420 millions de tonnes de papiers et de cartons par an dans le monde (soit l’équivalent de plus d’une tonne par jour !) ; les principaux producteurs sont la Chine, les Etats-Unis et le Japon.

La France se situe à la 13ème place, avec une production de plus de 8 millions de tonnes dont plus de la moitié est destinée au papier d’emballage et à peine un quart à un usage graphique. Cette industrie emploie environ 12 000 personnes dans 85 usines réparties sur le territoire, et génère un chiffre d’affaires de 5 milliards d’euros.

La consommation de papier par an et par habitant est en France de 127 kg et progresse en moyenne de 2,7% par an, comme dans le reste de l’Europe.

 

© LAPI - Roger-Viollet

© LAPI - Roger-Viollet

On les aime ces vieux kiosques à journaux parisiens, avec leurs frises élégantes et leurs dômes à flèches. Il faut dire que ces petits abris typiques de la capitale agrémentaient les rues et les boulevards depuis maintenant plus de 150 ans. Même les touristes ont eu le temps de s’y attacher ! Retraçons ensemble leur histoire.

En Europe, au début du XIXe siècle, le kiosque quitte le cadre exclusif du jardin, pour agrémenter l'urbanisme de la ville et offrir un espace toituré restant ouvert et léger, propice à l'organisation d'un divertissement : il devient le kiosque à musique, autour duquel se déroulent danses et fêtes. Les kiosques érigés dans les jardins devenus publics voient leur destination de lieu de contemplation ou de récréation ainsi doublée d'un usage festif ponctuel. Au milieu du XIXe siècle il a également conquis le domaine commercial en devenant le point de vente incontournable des journaux et de la presse en général...

Inauguré le 15 août 1857 sur les Grands boulevards parisiens, les kiosques à journaux emblématiques de la ville ont été conçus par l'architecte français Gabriel Davioud. À cette époque, l'emploi des personnes pour les kiosques à journaux était réservé aux veuves de militaires afin qu’elles puissent accéder à un petit revenu. Dès 1859, les premiers kiosques sont remplacés par un nouveau modèle de forme octogonale en chêne, muni d'un dôme en zinc surmonté d'une flèche.

Bien plus tard en 2016, la maire de Paris, Anne Hidalgo, propose de les remplacer par de nouveaux modèles plus modernes et fonctionnels. Une pétition demande le maintien des anciens kiosques, estimant qu'ils participent à l'image « romantique » de Paris.

Mais concernant ce sujet, une jeune femme s’est intéressée récemment à l’histoire particulière d’un kiosque. Alexandra Pianelli. Elle était venue prêter main-forte à sa mère, le temps d’un remplacement... Elle est restée six ans dans ce kiosque à journaux qui était tenu par sa famille depuis les années 1920 ! En 2014, sa mère a dû se rendre à l’évidence : elle ne parvenait plus à se payer un salaire. Plutôt que de continuer à s’épuiser, elle a décidé, la mort dans l’âme, de prendre sa retraite... Alexandra décide alors de faire un film pour retracer la vie de ce kiosque. « Emmener à terme mon projet de film m’a alors semblé encore plus essentiel. En l’immortalisant, je m’inscrivais dans la transmission générationnelle de ce lieu » dit-elle à la journaliste Isabelle Gravillon. (cf. Femme actuelle).

© Femme actuelle.

© Femme actuelle.

Paris, un kiosque à journaux. Alexandra est réalisatrice, fille, petite-fille et arrière-petite-fille de kiosquiers. Elle est venue prêter main-forte à sa mère et, comme dans un vieux rêve d’enfant, joue à la marchande. Depuis cette fenêtre sur la rue, elle filme avec humour et tendresse les coulisses du métier et le défilé quotidien de clients détonants. Mais la presse papier et les commerces de proximité sont en crise, et ce petit jeu s’avère finalement plus compliqué que prévu...

« Le Kiosque" emploie une forme classique de documentaire d’immersion : dans un espace limité, des témoins du temps  présent composent une micro société. Mais ce lieu — un kiosque à journaux — ne fait pas seul le film. C'est la réalisatrice qui lui apporte sa densité. Son lien familial à cette entreprise est déterminant. C’est par la réalisatrice que l’on approfondit les portraits des clients habituels. C’est par elle que l’on découvre l'intimité du lieu et que l’on comprend la relation familiale à ce commerce. La caméra, tenue au poing, subjective, parfois fixée, saisit l’air du temps et la fin programmée d’une économie, celle des journaux et revues papiers. "Le Kiosque", sur fond de survie et de disparition, conserve des moments partagés et un peu de ce qui fait la beauté de la "comédie humaine ».

Jean-Marie Barbe

Producteur, co-fondateur des États généraux du film documentaire de Lussas.

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