Quelles sont les lectures des présidents de la République ? Charles de Gaulle, Georges Pompidou et François Mitterrand ont été des hommes d’Etat mais aussi des auteurs réputés. Quand à Emmanuel Macron, il a transporté sa propre bibliothèque à l'Elysée.
La bibliothèque de la Présidence de la République a servi de décor pour le portrait officiel de quatre présidents de la Vème République : Charles de Gaulle, Georges Pompidou, François Mitterrand et Nicolas Sarkozy. D’une dimension modeste , elle renferme quelques centaines de livres, tous reliés en cuir et souvent réalisés par l’Imprimerie Nationale. Sur les rayonnages de la bibliothèque dite Napoléon III, on trouve des œuvres de Victor Hugo, de Bernanos, de Claudel, de Tocqueville, de Senghor... Mais aussi les poésies de Mallarmé ou La peau de chagrin de Balzac. Y figure également la monumentale Histoire des ducs de Bourgogne (**) de Barante en douze volumes. Les curieux ont également repéré la présence d’un essai sur Karl Marx datant des années 1960...
Mais attention ! « Aucun ouvrage de cette bibliothèque n'est propre au Président. Ils appartiennent peut-être à la fonction, au même titre que le mobilier national. Pas à l'homme porté à l'Elysée par le suffrage des Français » rappelle Etienne de Montety qui a dirigé l'ouvrage Dans la bibliothèque de nos présidents. Ce qu'ils lisent et relisent ! (*) - (Parution le 16 janvier 2020).
Quand Emmanuel Macron transporte sa bibliothèque à L'Elysée :
Les huit présidents qui ont occupé l'Elysée depuis 1958 entretenaient une relation parfois très personnelle avec les livres. De Gaulle est l'auteur d'essais et de mémoires qui sont lus bien au-delà des cercles gaullistes. Georges Pompidou, passé par les bancs de l'Ecole normale supérieure, est resté célèbre pour son anthologie de la poésie française. Quant à François Mitterrand, on lui prête cette phrase : « Je suis un écrivain avant d'être un homme politique... »
Emmanuel Macron, quant à lui, a fait transporter une partie de sa bibliothèque du Touquet dans les appartements privés de l'Elysée. « Je tiens à avoir à proximité les livres avec lesquels j’ai une familiarité particulière : Les Fleurs du mal, Rimbaud, quelques Gide, bref, les classiques que j’aime avoir à portée de main » déclare-t-il aux auteurs de Dans la bibliothèque de nos présidents.
(*) Etienne de Montety - Dans la bibliothèque de nos présidents - Ce qu'ils lisent et relisent. Editions Tallandier - 2002 - 192 pages.
(Directeur adjoint de la rédaction du Figaro et directeur du Figaro littéraire depuis 2006, il dirige les pages « Débats Opinions » du quotidien entre 2008 et 2012. Il assure une chronique quotidienne sur la langue française intitulée « Un dernier mot ». Depuis 2019, il préside le jury du prix des Deux- Magots où il a succédé à l'écrivain Jean-Paul Caracalla. Il est également membre du prix Giono et du prix Jacques Audiberti de la ville d'Antibes.)
« Que sait-on des lectures des présidents de la Ve République ? Quels livres gardent-ils à leur chevet, quels autres emportent-ils en campagne électorale ou en visite officielle ? Quels sont les ouvrages dont ils ne se séparent jamais, ceux qu'ils annotent et citent dans leurs discours ? De Pompidou qui collectionne les éditions anciennes à Chirac qui ne se déplace pas sans une "Série noire" dans la poche de son pardessus, de Mitterrand dont les rayonnages débordent d'écrivains de droite à Sarkozy qui dévore les classiques, en passant par Macron, grand amateur de Gide et de Rimbaud, tous entretiennent un rapport intime à la lecture. Grâce à l'enquête originale d'Etienne de Montety et de sept autres auteurs, journalistes et historiens, on pénètre pour la première fois dans le jardin secret de nos présidents ».
(**) Baron de Barante : 1782-1866.
Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois, 1824-1826, 13 volumes in-8 (à voir sur Gallica [archive]) 1837. (5e éd) . Avec 107 planches gravés sur Chine, 9 plans et 6 cartes.
Il publie son Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois en 13 volumes. Cet ouvrage, qui est un grand succès et connut de nombreuses éditions, lui vaut d'être élu, en 1828, membre de l'Académie française au fauteuil 33. Ouvrage remarquable par ses qualités narratives et de style, caractéristique de l'école historique romantique, il pèche par son manque de recul critique et de rigueur scientifique, qu'avoue d'ailleurs sans détours l'épigraphe : Scribitur ad narrandum non ad probandum (Ce livre est écrit pour raconter une histoire, pas pour la démontrer).
De Barante était un grand collectionneur : son énorme bibliothèque de 60 000 volumes était l'une des plus riches de France ; parmi ses livres les plus convoités, on peut citer l'édition originale des Provinciales de Blaise Pascal, cousin de la famille. La famille de Barante avait réuni au château de Dorat (près de Thiers) ses livres et une riche collection d'art, notamment des dessins.