L’histoire fantastique du monstre amoureux de la beauté qui ne cesse de séduire !
« Vous volez mes roses... » La voix caverneuse et trainante de Jean Marais se présentant à la Belle, égarée dans sa demeure et dans son parc, fait sans doute partie de l’une des répliques les plus connues du cinéma de Jean Cocteau... Le film la Belle et la bête, diffusée en 1946 a marqué les esprits autant par la performance de l’acteur que par la mise en scène subtile et magique du poète.
Cocteau aimait raconter sa vie. Ainsi dans La Belle et la Bête, journal d’un film, le poète-cinéaste décrit jour après jour le tournage et raconte ses affres, ses angoisses, mais aussi ses joies de pouvoir construire un film qui deviendra par la suite un film culte.
Côté bibliophilie, je vous présente un exemplaire de La Belle et la Bête, journal d’un film, qui a été adjugé 5308 € à Drouot le 13 mai 2022 ! Il s’agit d’une édition rare.
Editions Janin. 1946. in 12 relié en peau de buffle par Georges Leroux (*). Avec 24 planches de photos hors-texte en héliogravure. 1/10 exemplaires numérotés sur papier de couleur réservé à l’auteur. (Voir la Gazette Drouot 29 - 22/07 - p 28+29).
Bertrand Galimard Flavigny donna un aperçu de ce livre dans un article de la Gazette Drouot du 22 juillet dernier, avec un rapide historique des origines de ce film, mais aussi de l’auteur de ce conte, Madame Leprince de Beaumont.
(*) Le relieur Georges Leroux est né à Grasse en 1922. Il fait son entrée dans le monde artistique par la poésie : auteur de poèmes puis rédacteur d'une revue de poésie, il ouvre à Cannes une librairie de livres rares et épuisés. Ses rencontres avec Germaine Picabia, Rose Adler, Jacques et Henri Matarasso – les premiers libraires à défendre le livre surréaliste – puis, à Paris, celle de Jean Hugues, libraire-éditeur et marchand d'art qui soutient le livre illustré de poésie contemporaine, seront décisives. Dès 1957, il s'implante dans les milieux de la bibliophilie. Il travaille dès lors pour les plus grands collectionneurs : André Rodocanachi, André Parizel, Aimé Maeght, Daniel Filipacchi... Sa curiosité de lecteur, sa sensibilité d'artiste l'ont conduit vers des livres d'exception, la plupart du temps des éditions originales illustrées parues durant l'entre-deux-guerres ou dans les années 1950-1960. Ce sont toutefois les textes surréalistes, avec lesquels il se sentait en parfaite connivence, qui ont toujours eu sa faveur. Sur un plan purement plastique, Georges Leroux se situe entre abstraction et figuration. Ses reliures à décor figuré où interviennent photographies, gravures et dessins originaux voire transpositions d'objets de la vie quotidienne, s'inscrivent à contre-courant de l'évolution de la reliure mais ont été conçues dans le but de signifier et non d'illustrer. C'est le cas des compositions « cubistes » qu'il a réalisées sur certaines éditions de Kahnweiler. Georges Leroux est également à l'origine de nombreux décors constitués de jeux de lettres, celles des noms de l'auteur et de l'illustrateur ou celles du titre de l'ouvrage. Pour certains livres, comme celui de Paul Eluard À toute épreuve, il ira jusqu'à concevoir une reliure au décor modulable, avec des ensembles de cercles et d'ovales multicolores pivotant autour d'axes dans des évidements et qui permettent d'innombrables combinaisons. Il laisse ainsi le soin au possesseur du livre de poursuivre lui-même la composition de son décor et de s'adonner au jeu des variations de couleurs. L'art abstrait et ses sources d'inspiration multiples et fécondes fut déterminant dans les recherches formelles de l'artiste qui se distingua tout au long de sa vie par une ouverture d'esprit et une créativité hors du commun. Aussi, n'hésita-t-il pas à recourir aux matériaux les plus divers : peaux – veau, maroquin, cobra, sanglier, grenouille, etc.
Autre édition plus tardive : La Belle et la Bête, journal d’un film. Photo de la page 200 de l’édition du Rocher (correspondant à la page 192 de l’édition de 1946), 4ème trimestre 1958, in 12 relié toile décoré de 266 pages. Avec un cahier de photos en NB, édition courante non numérotée.
La photo représente l’actrice Josette Day, « La Belle ». Elle est décédée en 1978.