Il y a tout juste un mois disparaissait Sempé !
Quelque 300 personnes, intimes et anonymes, ont assisté le vendredi 19 aout à la messe des funérailles de Sempé, créateur avec René Goscinny du Petit Nicolas. «Vous avez créé le Petit Nicolas. Vous avez fait sourire toutes les enfances. Aujourd'hui vous vous êtes retrouvés j'en suis sûre, et je vous entends rire aux larmes», a salué Anne Goscinny, la fille de son ami, dans un hommage particulièrement émouvant.
«Le dessin de Sempé, par son sourire et son élégance, faisait voir la vie avec moins de désespérance», a célébré son ami Benoît Duteurtre. Dans un vibrant et bel hommage, l'écrivain a évoqué sa passion de la musique, du dessin ainsi que la propension du dessinateur à révéler la beauté des lieux qu'il a minutieusement observés et croqués «de son trait, alliant grâce et légèreté».
L'acteur et metteur en scène Jean-Michel Ribes, a célébré également un ami et son esprit salutaire : «C'était un ami. Ensuite, c'est quelqu'un qui a un peu creusé les issues de secours dans une réalité qui nous étouffe un peu, avec un humour délicieux et en même temps plus signifiant qu'on ne le croit. C'était quelqu'un à la légèreté profonde», a-t-il déclaré à l'AFP.
Mais pour la postérité, il reste avant tout le créateur en 1959, du Petit Nicolas, écolier au cœur tendre dont les aventures enchantent encore aujourd'hui petits et grands. Le cinéma lui a rendu aussi un bel hommage !
Avec plus de 110 dessins réalisés pour le New Yorker sur quarante années, Jean-Jacques Sempé est mort jeudi soir 11 aout à l’âge de 89 ans. Il a marqué l’histoire du magazine américain. Le JDD a publié un dessin inédit, celui qui était prévu pour faire la une de la publication le 11 septembre 2001. Mais, avec les terribles attentats terroristes qui ont notamment vu la chute des tours du World Trade Center, le New Yorker a changé sa une et classé ce dessin dans ses archives. Il sera publié dans un beau livre, à paraître en septembre, Sempé en Amérique (éditions Denoël-éditions Martine Gossieaux).
Jean Jacques et Jean Pierre à Dijon...
J’ai rencontré Sempé en novembre 1988. C’était à Dijon, à la Lib de l’U, la librairie de l’université rue de la liberté. Ce jour-là il faisait frais et pluvieux. Les passants ne s’attardaient pas dans les rues. Quand j’entrai dans la librairie, en début d’après-midi, il y avait peu de monde. J’entendis un grand rire sonore : Jean Pierre Coffe dédicaçait, lui aussi, son dernier ouvrage. Imposant, affable et courtois, Coffe racontait une histoire certainement délirante. Manifestement régnait une bonne humeur. A deux pas de lui, Jean Jacques Sempé était assis devant sa table, ses albums bien en vue, prêt à dédicacer. Le visage rouge, l’air un peu absent, il me regarda avec un sourire bienfaiteur. Jean Pierre Coffe continuait son histoire et il me sembla alors comprendre qu’il détaillait le menu de leurs agapes de ce déjeuner, riche de plats en sauce et de bonnes bouteilles de Bourgogne ! Jean Pierre était rempli de ce bonheur si communicatif et Jean Jacques, plus discret, regardait humblement ce confrère si volubile... Le visage impassible il me dédicaça simplement un album qu’il orna d’un petit dessin : un cycliste sur une petite route de campagne. Il me sourit gentiment, posa son stylo et regarda ailleurs. Je crus reconnaitre dans son regard la somnolence d’une digestion post prandiale !