Pour les Journées du patrimoine, de septembre dernier, la grille de la Bibliothèque nationale de France (BnF) a ouvert ses portes. Son site historique de la rue de Richelieu, au cœur de Paris, a réouvert après dix ans de travaux ! Désormais, le public pourra admirer les fascinantes pièces qui composent ses collections centenaires. Pleins feux sur la mémoire du monde, à travers d’inestimables collections... La « patère » de Rennes, vers 209 coupe d’apparat en or, joyau du IIIe siècle ; les échecs dits « de Charlemagne », vers 1080, remarquable ensemble en ivoire provenant du trésor de Saint Denis ; l’exemplaire original du « Buffon-Picasso » dédié à Dora Maar en 1943 avec ses célèbres eux-fortes... et aussi le célèbre manuscrit de Casanova !
Petit coup de projecteur sur ce manuscrit mondialement connu !
À l’instar de son auteur, le manuscrit et le texte ont vécu nombre de péripéties. Alors même qu’il y travaillait, Casanova avait songé à le détruire, mais, en mai 1798, sentant sa fin proche, il fait venir au château de Dux son neveu, Carlo Angiolini, et lui lègue ses mémoires. Le 4 juin, Casanova meurt et Angiolini emporte à Dresde les cahiers, qui vont être cédés par ses enfants, au début de l’année 1821, à l’éditeur Friedrich Arnold Brockhaus. À une édition en allemand d’Histoire de ma vie succède une adaptation en français, puis, en cent vingt-cinq ans, quelque cinq cents éditions voient le jour sans qu’aucun éditeur puisse se référer au manuscrit original… jusqu’à 1960, année de l’édition intégrale annoncée par Brockhaus et Plon qui, en douze volumes, donnera enfin à lire le texte authentique de Casanova.
Conservé à Leipzig, le manuscrit échappe de peu aux bombardements de 1943, Hans Brockhaus l’ayant transporté à bicyclette et mis à l’abri dans un coffre de banque. En 1945, il est acheminé par camion militaire américain jusqu’à Wiesbaden, le nouveau siège de la maison Brockhaus, qu’il quitte pour Zurich en 2007 : c’est là que Bruno Racine, au nom de la Bibliothèque nationale de France, en prend connaissance et l’acquiert en 2010, grâce à la générosité d’un mécène qui garde l’anonymat.
Aujourd’hui classé trésor national, le manuscrit d’Histoire de ma vie, dès son arrivée, a suscité de nombreux projets de valorisation : expositions, images numériques du manuscrit, aussitôt mises en ligne, offrant un contact direct avec l’écriture. Et les conditions ont enfin été réunies pour établir l’édition critique attendue, cette édition idéale rêvée par les chercheurs, parue dans la « Bibliothèque de la Pléiade ». Édition publiée en février 2013 sous la direction de Gérard Lahouati et Marie-Françoise Luna avec la collaboration de Furio Luccichenti et Helmut Watzlawick. (1488 pages). Autant de projets qui continuent à faire dire que ces mémoires sont Les Mille et Une Nuits d’Occident.
Ces Mémoires rédigés en français et publiés à Leipzig, 1826-1832, se composent de 10 volumes in-8. Ces Mémoires ont été mis à l’Index librorum prohibitorum à Rome.
La réédition dans la collection Bouquins (1993, réimprimé en 1999). Devenue l’édition française de référence, c’est une réédition de la Brockhaus-Plon et de ses notes, enrichie des fameuses notes et répertoires de l’édition de la Sirène, de dizaines de textes inédits des archives de Casanova, et mise à jour des dernières découvertes casanoviennes. Publiée par les éditions Robert Laffont, en 12 volumes en 3 tomes, intitulée Jacques Casanova de Seingalt - Histoire de ma vie. Texte intégral du manuscrit original, suivi de textes inédits. Édition présentée et établie par Francis Lacassin.(*)
(*) Francis Lacassin est un journaliste, éditeur, écrivain (1931 - 2008)
Fondateur du Club des bandes dessinées, rédacteur en chef de Giff-Wiff, ayant occupé la première chaire d'histoire de la bande dessinée à l'université Paris-I, il est de ceux qui ont popularisé le neuvième art en France dans les années soixante.
Il réalise et préface les éditions de référence d'un grand nombre d'auteurs, notamment aux Éditions Robert Laffont, dont il dirige une série d'éditions critiques dans la collection « Bouquins » depuis 1982 : Eugène Sue, Gustave Le Rouge, Maurice Leblanc, Lovecraft, Jack London, James Oliver Curwood, Léo Malet, etc...
Pour d'autres éditeurs, il a édité des auteurs comme Jean-Louis Bouquet. Il préface Le Quai des brumes et À bord de L'Étoile Matutine de Pierre Mac Orlan. Dans le cadre de la collection 10/18, Lacassin préface plus de 250 ouvrages. Il est surnommé pour cette raison « l'homme aux mille préfaces ». Lacassin a fait don de ses archives : 35 000 livres et 12 000 journaux et revues, à l'Institut Mémoires de l'édition contemporaine (I.M.E.C.) en 1997. En 2006, il publie le premier tome de ses mémoires : Sur les chemins qui marchent.