Des manuscrits d'Honoré de Balzac, Albert Einstein et Louis-Ferdinand Céline étaient inscrits au catalogue des dernières ventes pour finalement liquider la collection Aristophil, société qui avait fait faillite après avoir fait grimper artificiellement les prix !
Les maisons Aguttes et Drouot l’ont annoncé dans un communiqué la fin des «quatre derniers rendez-vous» en octobre et novembre 2022. Il s’agissait du «dernier volet» de la dispersion de ces pièces de l'histoire littéraire et culturelle. Un moment exceptionnel !
Aristophil était une société qui proposait aux particuliers d'investir dans le marché des manuscrits, et d'en tirer le fruit lors de reventes. Fondée en 1990 par Gérard Lhéritier, elle s'est surtout développée dans les années 2000, en relation avec d'autres sociétés et marques comme le Musée des lettres et manuscrits ou le magazine Plume. (spécialisé dans la bibliophilie de haute gamme.) Aristophil était basée à Paris et à Villeneuve-Loubet. Cette société avait attiré 18.000 épargnants et 850 millions d'euros de contrats. Après avoir fait naître une bulle spéculative, elle a fait une faillite retentissante en 2016 ! Le gigantesque processus de ventes aux enchères du fonds dure depuis décembre 2017. Une enquête judiciaire pour escroquerie est toujours en cours, plus de sept ans après les premières mises en examen. Claude Aguttes était chargé par le Tribunal de grande instance de Paris de mettre en vente les 130 000 manuscrits autrefois détenus par Aristophil via un pool d'actionnaires.
Aguttes a par ailleurs indiqué avoir vendu mercredi 16 novembre pour 1,299 million d'euros près de 800 lettres de Napoléon Ier à l'un de ses fidèles alliés politiques, Jean-Jacques-Régis de Cambacérès. Pour ces lettres également issues du fonds Aristophil, l'estimation était aux environs de 400.000 euros. (Lire article Gazette Drouot - N° 42 du 25 novembre - p186).
Plusieurs livres d'heures, richement enluminés, parsèment aussi la vacation : l'un des plus anciens connus en France, du XIIIe siècle environ, sans doute de Troyes. « Le XIIIe siècle voit l’apparition d’un nouveau livre liturgique, le livre d'heures, qui a remplacé progressivement le psautier ou les heures-psautier comme livre de dévotion auprès des laïcs, en accord avec les édits du quatrième concile de Latran en 1215 qui imposait aux fidèles une confession à minima annuelle », rappelle Aguttes.
Le Livre d'heures de Catherine (à l’usage de Rome), riche d'un grand nombre de miniatures au regard de sa faible épaisseur, rivalise avec le Livre d’heures à l’usage de Paris, enluminé sur parchemin avec quatre grandes miniatures de Jean Bourdichon et 12 du Maître du Boccace de Munich à la fin XVe siècle.
© Gazette Drouot. - Nicolas Copernic - De revolutionibus orbium coelestium - 1443 - In 4 maroquin rouge du XIXe
L'une des pièces maitresses de la collection reste l'Atlas manuscrit d’Honoré Boyer, qui remonte au milieu du XVIIe siècle et comprend 8 cartes doubles sur peau de vélin. Œuvre d'un cartographe amateur, elle n'en est pas moins fine et colorée.
Les incunables ne sont pas en reste, avec un exemplaire du XVe siècle de la Bible latine incunable de Heinrich Eggenstein, élève de Gutenberg. La Chronique de Nuremberg de Hartmann Schedel (1440-1514), un des incunables les plus richement illustrés du XVe siècle, avec sa mise en page novatrice pour l'époque, mêlant textes et images, est estimée entre 40.000 et 60.000 €.