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Le bibliophile Heurtebise

Le bibliophile Heurtebise

Anciennement librairie Heurtebise, "le bibliophile Heurtebise" propose des informations culturelles en relation avec les métiers du livre, mais aussi des descriptifs de curiosités bibliophiliques. Actualités littéraires, critiques, salons, foires aux livres...


Un roman atypique : Systorius. L’énigme de la Rose Noire.

Publié par HEURTEBISE sur 15 Avril 2023, 11:52am

Catégories : #Publications

« Pourquoi renoncer à l'émotion de l'inattendu, à la surprise de la découverte ? Vous avez encore accès aux livres, profitez-en ! La lecture est une passion, et que vaudrait une passion sans mystères ? » écrivait Hubert Nyssen, le créateur des éditions Actes-Sud, dans son ouvrage Lira bien qui lira le dernier...

Mon roman Systorius. L’énigme de la Rose Noire est disponible sur le site des éditions Maïa. (Les frais de port sont gratuits !). Vous pouvez également le commander sur les plateformes : Amazon, Decitre, Cultura, ou à votre librairie préférée...

Alors si vous désirez partager un moment de lecture de ce roman atypique voici le lien des éditions Maïa :

© Le bibliophile Heurtebise.

© Le bibliophile Heurtebise.

© Le bibliophile Heurtebise.

© Le bibliophile Heurtebise.

© Le bibliophile Heurtebise.

© Le bibliophile Heurtebise.

Je vous propose un extrait : Sonia Roëlland (le personnage principal du livre) présente le Systorius à un libraire à Paris pour une expertise. Elle désire en savoir un peu plus sur cet incunable imprimé en l’an 1490... (Chapitre 2 - pages 21 et 22.)

 

Paris, librairie Dussare.

       Maximilien Dussare savait présenter les belles reliures et mettre en valeur les ouvrages rares. Derrière plusieurs piles de livres, posées à même le sol, coincées derrière un robuste bureau, éclairé par une lampe en équilibre sur un escabeau, se calfeutrait le vieux libraire, mâchonnant une vieille pipe. Il sifflotait toujours le même air entre ses dents jaunies. D’un tempérament réservé, humblement vêtu sans grande recherche, portant un éternel foulard, les cheveux ébouriffés, les lunettes perchées sur un nez fin, il conseillait sa clientèle. Il savait argumenter un choix et sur un ton banal, presque monotone, donnait une opinion qui se vérifiait toujours du plus grand bon sens.

Son œil était adroit et sa main savait encore caresser les reliures et autre basane. Parfois, il relevait ses lunettes d’un geste brusque, bien à lui, et les fixaient sur ses sourcils qu’il avait broussailleux. Il prenait un livre. Feuilletait alors, les bras levés vers une lumière incertaine, le petit opuscule, frisottait le papier entre ses doigts et jetait, avec un regard lumineux, un diagnostic précis, et sans appel !

       Sonia d’un pas décidé poussa la porte de la librairie. La petite clochette tintinnabula. Maximilien était perché sur le dessus d’une échelle, sa tête frottant le plafond. Un livre sous le bras, l’autre à la main, il était perdu dans l’art du rangement, qui chez les libraires en ancien, est une tâche des plus difficiles ! Elle toussota. Le vieux libraire se raidit et descendit l’escabeau avec l’agilité d’un jeune enfant. Il serra la main de Sonia. Puis, son regard perçant dévisagea la jeune femme. Les premiers mots de Sonia furent de présenter le bristol à Dussare avec un sourire avenant. Elle dit simplement « Je suis la fille de Viktor Roëlland ». Alors, le libraire rehaussa ses lunettes, fit une moue dubitative et s’écria :

« Roëlland ! Viktor Roëlland ! Donnez-moi, mademoiselle de ses nouvelles.

– Mon père est décédé il y a maintenant un mois.

– Je suis vraiment très peiné, répondit Dussare. C’était un collectionneur de goût. Un redoutable dénicheur de belles choses !

– Je sais… Je sais, murmura la jeune femme.

– Il y a plusieurs années il est venu à la boutique. Et, si ma mémoire est bonne il m’avait acheté un Georg von Welling. Le plan magique du monde de Ptolémée… Une très belle réédition ! »

© Le bibliophile Heurtebise - Le Château de Prague -

© Le bibliophile Heurtebise - Le Château de Prague -

Sonia, mal à l’aise, tendit au libraire le livre. Puis le certificat de possession. Il s’en empara avec précaution, puis ôta les lanières de l’enveloppe en tissu. Il abaissa la lampe, enfila deux gants de soie blanche et ouvrit le livre. Il fit une grimace. Souleva les sourcils énergiquement, avec une crispation de la nuque.

– Le Systorius ! Le Systorius ! hurla-t-il. « Systorius atque secreta silentii. »

Vous êtes folle de venir comme ça… Ce livre avec vous ! Rendez-vous compte, c’est dangereux, trop dangereux.

– Expliquez-vous, reprit Sonia l’air ahuri.

– Mais c’est impensable… Venir ici dans ma librairie avec ce livre. Sans me prévenir !

Maximilien Dussare bondit alors vers le bouton électrique et abaissa les deux rideaux de fer. Il ferma à clé la porte et commença une ronde nerveuse. Il se frappait le front du plat de la main, et se mit à gémir des phrases inintelligibles. La librairie était plongée dans une semi-obscurité. Deux lampes éclairaient faiblement la grande pièce. L’ombre de Dussare flottait semblable à un géant désarticulé le long des rangées de livres et donnait à cette pièce un aspect fantomatique et granguignolesque.

Sonia n’osait pas parler et regardait le vieux libraire avec stupeur. Il se jeta à son bureau et chercha fébrilement quelque chose. Puis ouvrit un tiroir et en sortit un petit carnet, qu’il feuilleta nerveusement. Sa recherche étant vaine, il posa le carnet et plongea sa tête entre ses mains.

Après un silence il articula :

« Mademoiselle Roëlland, vous avez le seul exemplaire du Systorius actuellement en circulation dans le monde ! L’autre est caché à la bibliothèque du Vatican. Enfin, je crois. Impossible d’avoir l’autorisation de le consulter. Et cela depuis des siècles ! Nous avons ici la preuve concrète qu’il est en circulation aujourd’hui. C’est une bombe, entendez-vous ? »

Une bombe alchimique, lâcha-t-il !

 

© Le bibliophile Heurtebise - Quai côté Vltava -

© Le bibliophile Heurtebise - Quai côté Vltava -

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