Présentation d’un très bel exemplaire pour bibliophile.
Le catalogue de la vente précisait « Précieuse bibliothèque d’un humaniste et à divers... » lors de la vente Drouot du 24 mars dernier. Une prestigieuse bibliothèque, dans le sud de la France fut dispersée sous la bannière de l’Orlando Furioso...
C’est une pièce magnifique adjugée 10.810 €. (De Baecque et Associés - Drouot).
« C’est le cœur de cette vacation destinée à des bibliophiles avertis : sur les trois cents lots proposés, la plupart proviennent d’un ensemble constitué par un grand érudit de la cité phocéenne, aujourd’hui disparu. Au cours des dernières décennies, l’esthète avait réuni sur ses rayons un millier d’ouvrages, plus rares les uns que les autres et satisfaisant ses penchants pour les domaines qui le passionnaient, de la littérature classique aux livres régionalistes, en passant par les cartes de marine… Une passion pour les grands textes et les planches gravées, à laquelle s’ajoutait le plaisir plus tactile des belles reliures, certaines étant signées des meilleurs spécialistes ou frappées aux armes de leurs premiers propriétaires. Arborant justement une superbe livrée, un ouvrage légendaire va ouvrir les festivités : l’Orlando Furioso, poème épique rédigé entre 1505 et 1532 par l’Italien Ludovico Ariosto, dit l’Arioste, et estimé ici 8 000 à 10 000 €. Ce monument de la littérature de la Renaissance (en bon français : Roland furieux, le personnage central de ce roman chevaleresque) sera apprécié par la suite dans toute l’Europe, et constituera une source d’inspiration majeure pour les artistes et les compositeurs de l’ère baroque, de Tiepolo à Haendel. Le voici proposé dans la version de référence par l’éditeur vénitien Giolito de Ferrari (*), imprimée en 1548-1549. Le volume in-4° de 264 feuillets, divisés en trois parties, a conservé sa précieuse reliure dans le goût «oriental» avec son nœud d’entrelacs central :
« C’est un parfait exemple de l’époque de transition pendant laquelle fut abandonné ce style décoratif qu’auparavant les érudits et bibliomanes Grolier et Maioli avaient mis au goût du jour » précise l’expert Edgard Daval. Cerise sur le gâteau, le dauphin couronné ornant les plats peut laisser supposer que le volume a appartenu à un Dauphin de France… auquel d’ailleurs l’ouvrage est dédicacé par Giolito de Ferrari. »
© Philippe Dufour. - Gazette Drouot.
Orlando furioso (ou Roland furieux) est un poème épique en italien composé par Ludovico Ariosto, dit « l'Arioste », au début du XVIe siècle. Il comporte 46 chants en ottava rima, comptant 38 736 vers.
Cet ouvrage est considéré « comme le résumé de toute une littérature, le dernier roman de chevalerie, celui où se condensent toutes les qualités du genre, qui n'en a aucun des défauts et qui, enfin, est écrit par un grand poète ».
Il a connu un succès constant durant plus de trois siècles et a inspiré de nombreuses adaptations au théâtre, à l'opéra et dans la peinture.
Vidéo : Antonio Vivaldi - Orlando furioso (Fasolis/ Ceresa) - 2h35.
(*) Gabriele Giolito de Ferrari ou GGF (Trino,1508 - Venise, 1578) est un imprimeur et éditeur italien du XVIe siècle qui fut actif à Venise. Il figure parmi les premiers éditeurs majeurs de la littérature en langue vernaculaire italienne.
Son imprimerie, qui a débuté en 1545, a publié les collections de poésie lyrique intitulée « Diverse Rime » connue aujourd'hui sous le nom de « Anthologies de Giolito ». Huit anthologies, pas toutes publiées par Giolito. Les poèmes de ces anthologies, surtout les deux premiers, auraient servi de modèles au poète Français Joachim du Bellay. Gabriele Giolito de Ferrari fut également célèbre pour son édition de 1555 de la Commedia de Dante Alighieri, édité par Ludovico Dolce et publié pour la première fois sous le titre Divina Commedia.