Quelques lieux ont particulièrement stimulé l'imagination de l'auteur de la Recherche du temps perdu. Parmi eux, la ville d'Évian (que je viens de visiter) et ses environs occupent une place significative. De 1899 à 1905, Marcel Proust y séjourne régulièrement au cours de la saison estivale.
L’ouvrage ci-dessous cité offre un choix de textes peu connus du grand public, rédigés à Évian ou directement inspirés par ses personnalités et ses paysages. À travers une sélection d'illustrations rares, il restitue aussi toute l'atmosphère de la cité thermale, telle que Proust a pu la ressentir, et en montre l'importance dans son parcours d'écrivain. Le lecteur épris de patrimoine et de littérature trouvera ici, à coup sûr, le compagnon idéal pour ses promenades et ses rêveries.
Jean Michel Henny a consacré un ouvrage sur Proust-Evian : Marcel Proust à Evian - Etape d'une vocation suivi de Jean Santeuil, pages choisies - Chaman éditions - 2015. 117 pages - ISBN 978-2-940569-03-8.
J. M. Henny, Diplômé en philosophie et en sciences du langage (EHESS), fort d'une expérience de près de 30 ans dans le domaine du livre (librairie, diffusion, édition scientifique), Jean-Michel Henny est actuellement conseiller éditorial et médiateur culturel indépendant.
Passionné par l'histoire et la patrimoine architectural de la ville d'Évian, Jean-Michel Henny est le fondateur et directeur artistique du festival « Évian, la Belle Époque ». Il a récemment choisi d'investir une bonne part de son temps et de son énergie pour permettre que la villa du Châtelet, grâce à l'amitié et la confiance de ses généreux propriétaires, devienne un lieu de rencontres et de dialogues pour toutes les personnes sensibles aux charmes de la cité évianaise. Ces charmes sont largement dépendants de la situation géographique de la ville, située sur le lac, juste en face de Lausanne.
Né en pays vaudois, et ayant grandi sur les deux rives du lac Léman, Jean-Michel Henny est convaincu que, malgré ou, plutôt, en raison de leurs différences culturelles, les amateurs du pourtour lémanique sont faits pour se rencontrer et s'apprécier. C'est pourquoi Les Amis de la Villa du Châtelet ont choisi de se dénommer « cercle culturel lémanique ». Parions que ce cercle s'agrandisse peu à peu et que, suivant la devise d'une célèbre compagnie de navigation, il puisse un jour déclarer : « L'autre rive n'a jamais été aussi proche ! »
Lors de la visite de la Villa du Châtelet je suis tombé sur ce fauteuil qui a retenu mon attention.
Ce fauteuil (visible à l’exposition au rez-de-chaussée) provient du salon du docteur Cottet Jules (1871-1959), médecin évianais spécialisé des reins et inventeur du protocole de la cure de diurèse... (*) Lors de ses séjours à Evian, Marcel Proust fait sa connaissance et écrit une lettre à sa mère : « Le docteur Cottet a passé longuement du temps avec moi hier. Tu peux dire à Robert (le frère de Proust) qu’au point de vue littéraire moderne il est d’une culture prodigieuse pour un médecin, et qu’il sait par cœur Maison du Berger.(**). »
L’écrivain fréquente aussi la villa du docteur Cottet, situé au 26 avenue des sources à Evian. Dans d’autres lettres adressées à sa mère, Proust déclare « j’ai vu chez M. Cottet La Petite République dont la manchette excellent portait à peu près : Arrêt de lâcheté. Pourquoi des circonstances atténuantes ? » (Allusion à la révision du capitaine Dreyfus en août 1899) et encore « je n’ai plus l’ombre de mal au poignet comme il est maintenu par un bandage que m’a fait hier M. Cottet ».
En regardant ce fauteuil exposé à la villa du Châtelet, on peut se mettre à rêver : serait-ce là que Proust s’est assis pour lire La Petite République en bavardant avec son ami médecin ?
(*) Dans son éloge funèbre prononcé à l’Académie de médecine le 2 février 1960, le professeur Maurice Loeper témoignait de l’amour de Jules Cottet pour la lecture et la littérature. Quelque soixante ans plus tôt, un autre témoin, autrement célèbre, devait déjà en faire état. En effet, en septembre 1899, lors de son deuxième séjour évianais, le jeune Marcel Proust fait sa connaissance. Une grande estime, sinon une réelle amitié, liera les deux hommes, comme en témoigne, plusieurs années plus tard, cette dédicace d’un exemplaire de Du côté de chez Swann : « Au docteur Cottet. Souvenir lointain d’un ami dont l’absence n’a pas diminué mais mûri l’attachement. Son affectionné Marcel Proust ».
Certains critiques ont pensé que Proust s’était inspiré de Jules Cottet pour composer, dans la Recherche, le personnage du docteur Cottard mais, comme le fait justement remarquer George D. Painter, Cottet « ne ressemblait que par son nom au docteur Cottard, car il était charmant et cultivé. » Marcel Proust fut également inspiré par un autre nom lié au docteur évianais : la famille Cottet possédait une maison de campagne à Féternes, petite ville de la région. L’auteur de la Recherche, séduit par ce nom, le reprendra (en omettant toutefois le « s » final) pour baptiser la maison de campagne de la marquise douairière de Cambremer. Le modèle de cette résidence fictive fut en réalité « la villa Bassaraba, propriété de la princesse de Brancovan à Amphion, au bord du lac Léman » La princesse de Brancovan était la mère de la poétesse Anna de Noailles. On peut supposer que le docteur Cottet fréquenta aussi cette dernière car l’abbé Mugnier note, dans son Journal en date du 29 janvier 1912, l’avoir rencontré à Paris, rue Scheffer, précisément chez la comtesse de Noailles.
(cf. Wikipédia.)
(**) Maison du berger : Le plus beau des poèmes romantiques, l'unique poème d'amour qu'ait écrit Alfred de Vigny, n'est pas seulement une pudique invitation à parcourir le monde dans la modeste maison roulante des bergers. C'est une composition symphonique dans laquelle l'auteur offre à Eva une méditation grave et tendre sur la poésie, le monde moderne, le progrès, la politique, les rapports de l'homme avec la Nature, le lien qui unit les vivants et les morts.
Pour aller un peu plus loin, je vous recommande cette biographie de Proust : découvrez ce livre riche en informations sous la plume de Ghislain de Diesbach !
Ghislain de Diesbach de Belleroche, né le 6 août 1931 au Havre, est un essayiste français. Fils de Jean de Diesbach de Belleroche et de Marie-Alice Dupâquier-Serre, il est issu de la branche française de la famille de Diesbach, famille noble originaire de Suisse. Il est notamment l'auteur de plusieurs biographies.
Balbec ou cette languissante nostalgie... Proust à Cabourg ! - Le bibliophile Heurtebise
Quand Marcel Proust fréquentait la Côte fleurie : Son premier voyage à Cabourg, il le fait à dix ans accompagné de sa grand-mère pour soigner son asthme, mais c'est surtout entre 1907 et 1914...
© Le bibliophile Heurtebise.
Il s’agit d’un film de mariage, où un invité, inconnu à l’époque, descend précipitamment les escaliers de l’église de la Madeleine, à Paris, à la 37e seconde sur la vidéo. Selon Jean-Pierre Sirois-Trahan, professeur à l’université de Laval, à Québec, cet homme serait Marcel Proust.