Cela fait aujourd’hui 60 ans (11 octobre 1963) que Jean Cocteau est parti... L’ange Heurtebise est triste, mais aussi Dargelos, Cégeste, Belle, Œdipe, le Sphinx ; mais également Paul et Elisabeth, Léonie, etc...
Ma librairie est née sous une bonne étoile. Celle du poète Jean Cocteau qui a posé sa main tranquille sur ces livres qui m’ont tant donnés et accompagnés durant toute ma vie professionnelle et aujourd’hui encore. Déjà enfant je récitais en classe, avec toute l’application possible, un de ses poèmes : « Les voleurs d’enfants ». Il m’est resté en mémoire.
Presque nue et soudain sortie
D’un piège de boue et d’orties,
La bohémienne, pour le compte
Du cirque, vole un fils de comte.
Tandis que la mère appelle
Folle, debout sur l’allée,
L’enfant, en haut d’une échelle,
Au cirque apprenait à voler.
Plus tard, alors que je prononçais ces vers gravés dans ma mémoire, s’imposa le mot magique d’Heurtebise. Orphée... L’ange Heurtebise ! Je tenais enfin ce nom qui devait accompagner la vie et l’activité de ma librairie . et aujourd’hui encore les pages de ce blog.
Il est souvent difficile de baptiser un magasin de livres et plus encore d’anciens. C’est pourquoi il est amusant de découvrir au coin d’une rue, sur un quai ou sur un boulevard, ces mots magiques, qui donnent à l’esprit non seulement l’envie d’entrer, mais de sentir le parfum étrange des vieux livres : Au jardin d’Epicure ; La sardine ambulante ; Le feu follet ; L’odeur du book ; L’amour qui bouquine... Toutes ces librairies existent et ces appellations parfois insolites murmurent à l’oreille toute la bienveillance des livres.
C’était donc décidé, ma librairie s’appellerait « Librairie Heurtebise » ! Je raconte cette aventure dans un livre de souvenirs La plume et le lutrin, (Publications LDH - 2011 - Ouvrage disponible à la vente : 17,50 € franco de port.)
On peut voler à tout âge ;
Le cirque est un cerf-volant.
Sur ses toiles, sur ses cordages,
Volent les voleurs d’enfants.
Volés, voleurs ont des ailes
La nuit derrière les talus,
Où les clameurs maternelles
Ne s’entendent même plus.
En hommage à Jean Cocteau deux dates à retenir pour ce mois d’octobre :
Le samedi 14 octobre à 11 heures : commémoration de la mort de Jean Cocteau à la Chapelle Saint-Blaise-des-Simples. Entrée libre.
À sa mort en 1963, Cocteau voulut être enterré dans ce lieu, son corps fut transféré en 1964 dans la chapelle qu'il avait décorée, son caveau étant recouvert d'une pierre tombale offerte par Francis Palmero, sénateur-maire de Menton, dont Jean Cocteau était citoyen d’honneur. Cocteau se contenta de faire graver sur la dalle l'épitaphe portant son écriture « Je reste avec vous ».
Le vendredi 20 octobre à 18h et 19h30 : jeu d’énigmes autour d’un faux crime organisée par l’équipe de la médiathèque du Moustier autour de l’histoire du manoir enchanté de la Belle et la Bête.
Reviens, mon chéri, mon bel ange !
Aie pitié de ma douleurs !
Mais l’enfant reste sourd et mange
La bonne soupe des voleurs.
Quatre fois le sommeil lui coupe
Le cou à coups de vin amer ;
Auprès de l’assiette à soupe,
Sa tête roule dans les mers.
A voler le songe habitue.
L’enfant rêve d’une statue
Effrayante, au bord d’un chemin,
Et... qui vole avec les mains.
Les voleurs d’enfants – in « Opéra » - Seghers – Poètes d’aujourd’hui -
N° 4 – pages 167 et 168.
Les miroirs sont les portes par lesquelles entre la mort. Regardez-vous toute votre vie dans un miroir et vous verrez la mort travailler sur vous.