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Le bibliophile Heurtebise

Le bibliophile Heurtebise

Anciennement librairie Heurtebise, "le bibliophile Heurtebise" propose des informations culturelles en relation avec les métiers du livre, mais aussi des descriptifs de curiosités bibliophiliques. Actualités littéraires, critiques, salons, foires aux livres...


"Le livre moderne illustré" : Ferenczi contre Fayard ? Une aventure éditoriale...

Publié par HEURTEBISE sur 15 Janvier 2024, 09:40am

Catégories : #Beaux Livres illustrés

Le Livre moderne illustré est une collection de romans illustrés, créée par les éditions Ferenczi & fils (*), et publiée entre septembre 1923 et 1954. Certains volumes sont faciles à dénicher, par contre, la collection est plus difficile à remonter. Cet ensemble de livres lui vaut aujourd'hui l'attention des collectionneurs bibliophiles. L’exemplaire doit être propre et non défraîchi. On en trouve souvent sur les sites de vente de livres d’occasion, mais aussi chez les bouquinistes...

Le Livre moderne illustré propose des ouvrages brochés d'un format 143 x 203 mm, caractérisés par leur couverture illustrée d'une gravure sur bois à motifs « fleuris et animaliers » dans le style art déco teinté monochrome, avec en haut le nom de l'auteur encadré de deux petites gravures sur bois de la même couleur que le motif principal et le prix annoncé en lettres capitales. Le prix de lancement était de 2,50 francs pour un volume de 156 pages en moyenne et grimpa jusqu'à 6,75 francs à partir de 1938.

 

© Bibliophile Heurtebise - Le livre moderne illustré -

© Bibliophile Heurtebise - Le livre moderne illustré -

Durant la première période, plus de 350 titres sont parus « tirés sur papier alfa », avec une série d'illustrations tirées de bois originaux qui incluaient frontispice, lettrines et cul de lampe, avec une couverture conçue par Clément Serveau (**), directeur artistique de la maison d’édition. Parmi les illustrateurs on découvre Louis-Joseph Soulas, André Dignimont, Henri Barthelemy, Gio Colucci, Girard-Mond, Émilien Dufour, Emmanuel Poirier, entre autres...

La maison Ferenczi ayant été mise sous séquestre en janvier 1941. On observera la disparition du nom de Ferenczi sur la couverture, son remplacement par une bande collée portant l'adresse (9, rue Antoine-Chantin – Paris. L'administrateur des éditions, devenues entre-temps Éditions du Livre moderne, Jean de La Hire (***), inaugura alors une nouvelle collection avec la même formule, Le Livre moderne européen, qu'il lance parallèlement au numéro 355 de la collection créée par Ferenczi, puis quitte la direction en décembre de la même année.

Après cet intermède, le fils de Joseph, Henri Ferenczi, à partir de 1950, relance la maison d'éditions et cette collection avec une nouvelle formule. Le succès n’est plus le même...

© Bibliophile Heurtebise - Le livre moderne illustré -

© Bibliophile Heurtebise - Le livre moderne illustré -

La plupart des écrivains célèbres des années 1910-1930 furent publiées dans cette collection populaire tels que : Francis de Miomandre (no 1), Colette (no 2, n° 6, n°69, n° 90, n° 104, n° 119, n° 131, n° 189, n° 216, n° 224, n° 290, no 310), Lucie Delarue-Mardrus (no 11, no 23, no 288), Georges Duhamel, Francis Carco, Louis-Ferdinand Céline (no 226-226bis), Gabriel Chevallier, Stefan Zweig (n° 271, n°303) , Rachilde, Raymond Radiguet (n° 28), J.-H. Rosny aîné (no 25, 34, 71, 113, 200, 248, 313), J.-H. Rosny jeune (no  66, 79, 152, 176), François Mauriac (no 38, no 296), André Maurois, Irène Némirovsky, Marcel Prévost, Paul Morand, etc... (Source : Wikipédia.)

© Bibliophile Heurtebise - Le livre moderne illustré -

© Bibliophile Heurtebise - Le livre moderne illustré -

(*) Ferenczi & fils est une maison d'édition fondée en 1879 par Joseph Ferenczi (1855-1934), éditeur français d'origine hongroise. Cette maison est l'un des acteurs majeurs du genre « roman populaire » et du roman illustré durant la première moitié du XXe siècle. Ils s'installent au 9 rue Antoine-Chantin à Paris 14e. Joseph meurt le 20 juin 1935 à Paris, Alexandre et Henri, ses deux fils, reprennent les éditions. Ils quittent Paris en juin 1940 après avoir laissé leur maison à un fondé de pouvoir et se réfugient en zone libre. Ferenczi & fils est « aryanisée » en janvier 1941 et la gérance est donnée à Jean de La Hire, auteur de la maison, qui démissionne en décembre, les Allemands rachetant alors le fonds, le transformant en outil de propagande sous le nom des « Éditions du livre moderne ». À la fin de 1944, la maison est rendue à son propriétaire légitime, Henri Ferenczi. Elle disparaît en 1966.

- Ferenczi -

- Ferenczi -

(**) Clément Serveau (1886-1972) est un peintre, dessinateur, graveur et illustrateur français. Directeur artistique des éditions Ferenczi dès 1919, il illustre, à l'aide de la technique du bois gravé, de nombreux ouvrages (soixante-dix-huit) du Livre moderne illustré. Colette en fut la directrice littéraire pendant plusieurs années. Il participe également à une trentaine d'autres ouvrages. Grâce à son maître Luc-Olivier Merson, il crée des maquettes de billets de banque. Il dessine ou grave quarante-deux timbres-poste français ou étrangers de 1956 à 1970...

- Clément Serveau -

- Clément Serveau -

(***) Adolphe d'Espie, connu sous le nom de plume de Jean de La Hire, (1878-1956) est un écrivain, éditeur et homme politique français. Romancier très prolifique dans la première moitié du XXe siècle, il est alors l'un des auteurs de littérature populaire les plus appréciés du public français, publié en feuilleton notamment dans le quotidien Le Matin. Mais son passage à la collaboration sous l'occupation allemande vient durablement entacher son image, et son œuvre tombe après-guerre dans l'oubli.

- Jean de La Hire -

- Jean de La Hire -

Lionel Lecœur est né en 1973. A été créatif dans la publicité, professeur de français en Malaisie. Aujourd’hui, il s’arrache les cheveux sur des scénarios de séries et signe son premier roman Ferenczi et moi. Lionel Lecœur s’en est allé gîter haut dans l’arbre généalogique de sa femme, faire retraite dans l’histoire vibrante et poignante de la famille des éditeurs Ferenczi. Il nous raconte cette saga familiale, en évitant la sécheresse d’un érudit débitant ses sources, sur un mode romanesque vibrant et émouvant, à la cadence des souvenirs tout en ombres et lumière. Cet ouvrage est publié aux éditions du Dilettante en octobre 2021.

© Lionel Lecoeur -

© Lionel Lecoeur -

Résumé :

Quand on a peur de tout, comme l’avoue le narrateur de ce premier roman, le meilleur asile est sans doute un arbre, entendez un arbre généalogique dont les branches et les ramures vous offrent le refuge d’un passé souvent héroïque. Tel est le cas de Lionel Lecœur qui s’en est allé gîter haut dans l’arbre généalogique de sa femme, faire retraite dans l’histoire vibrante et poignante de la famille des éditeurs Ferenczi. Né Jozsef Fischer, en 1855, à Baja, dans ce monde englouti que fut l’Autriche-Hongrie, le fondateur de la dynastie s’expatrie, pour cause de faillite familiale et d’antisémitisme, à Paris, où il trouve à subsister comme commis de librairie. Joseph mord au livre, à sa fabrication, sa vente, ses lecteurs, et se lance à corps perdu dans une aventure éditoriale hallucinante : ouverte par des publications Sans-Gêne, coquines et froufroutantes qui lui valent maints procès, la maison Ferenczi s’épanouit dans la littérature populaire, une usine à fictions où s’emploient les Arthur Bernède et Jean de La Hire et qu’emblématise au mieux l’invention, en 1912, du "petit livre", microformat où Simenon s’ébroua la plume. Soucieux de monter en gamme et de prendre pied dans la "vraie" littérature, Joseph, aidé de ses deux fils, Alexandre et Henri, conçoit et propulse dans l’Entre-deux-guerres des séries comme "Les Œuvres inédites" ou "Le Livre moderne illustré" où paraissent Colette, Céline, Radiguet, Mauriac, Morand, etc., volumes auxquels maquette et illustration donnèrent une dimension artistique et quasi bibliophilique. La jalousie suscitée chez ses concurrents (notamment Fayard et Grasset) par le succès des Ferenczi, une réussite symbolisée par leur imposante imprimerie de Montrouge, trouva à s’assouvir à l’heure de l’Occupation où la maison fut "aryanisée" dans l’heure, la famille contrainte à l’exil ; Jean de La Hire s’empare un temps de sa direction avec l’aval de l’occupant, qui finit même par la racheter à un prix dérisoire. Reprise après la guerre par Henri, la maison disparaît deux ans après sa mort en 1966.

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