Katia et Marielle Labèque interprètent les suites pour deux pianos tirées des trois opéras d'après Cocteau composés par Philip Glass (*), dans une scénographie conçue par Nina Chalot et Cyril Teste, et une création d'accords parfumés par Francis Kurkdjian.
Étudiant auprès de Nadia Boulanger de 1964 à 1966, Phil Glass est francophile et son amour de la culture française ne se limite pas à la musique. Après sa trilogie de portraits (Einstein, Gandhi et Akhenaton), il se tourne pour ses opéras vers l’œuvre de Jean Cocteau. C’est ainsi qu’il revisite le mythe d’Orphée ainsi que La Belle et la Bête. Il clôture sa trilogie avec Les Enfants terribles, roman à la fois tragique et effroyablement léger, au cours duquel deux enfants gagneront une liberté imaginaire et sans limite, entre les quatre murs de leur chambre. Des sujets que la musique chamarrée et infinie de Glass épouse à merveille, sous les doigts de Katia et Marielle Labèque. Une savante alchimie à découvrir...
C’est cette trilogie qu’elles jouent en concert dans le cadre d’une vaste tournée qui fera étape du 7 au 10 mars à la Philharmonie de Paris, puis à Bordeaux, Metz, Lille, Lyon et au festival Ravel.
Philip Glass : Orphée, La Belle et la Bête, Les Enfants terribles. Suites pour deux pianos, Katia Labèque et Marielle Labèque , piano. Cyril Teste , direction artistique. Nina Chalot , scénographie. Francis Kurkdjian , création de parfums. Mehdi Toutain-Lopez , création numérique, lumière
Rencontre avec les sœurs Labèque, pianistes virtuoses et inséparables avec la compagnie de Jean Cocteau !
(*) La production prolifique de Glass continue avec un second triptyque d'opéras (1993–1996) inspiré des œuvres de Jean Cocteau, ses écrits et ses films (Orphée (1949), La Belle et la Bête (1946), et le roman Les Enfants terribles (1929), dont Cocteau et Jean-Pierre Melville tireront un film en 1950). C'est également un hommage à un groupe de compositeurs français associés à Cocteau, le groupe des Six. Indépendamment de cette influence, Les Enfants terribles (1996, écrit pour voix et trois pianos) est redevable dans son écriture pour les pianos à une œuvre pour claviers datant du XVIIIe siècle : le concerto pour quatre clavecins (ou quatre pianos) en La mineur de Bach, BWV1065 (basé sur un concerto de Vivaldi). Sans qu'il y ait coïncidence, le concerto de Bach fait partie des musiques utilisées dans le film de Melville.
En outre, dans la première partie de la trilogie, Orphée (1993), l'inspiration peut être (conceptuellement et musicalement) reliée à l'opéra de Gluck Orfeo qui a une part prééminente dans le film de Cocteau. Un thème de l'opéra, la mort d'Eurydice a quelque similarité avec la vie privée du compositeur : l'opéra fut composé un an après le décès de son épouse en 1991, l'artiste Candy Jernigan. La « texture transparente, une subtile couleur instrumentale » de l'opéra fut acclamée et le critique du Guardian remarqua que « Glass a une réelle affinité avec les textes français et place les mots avec éloquence, les soutenant avec des textures instrumentales délicatement modelées ».