Livres anciens et bibliophilie avec M. Dominique Perrin.

Publié par HEURTEBISE sur 13 Mars 2024, 14:42pm

En 1928, Auguste Pinguet, chercheur impénitent de textes anciens, fit imprimer – sans doute le fit-il lui-même – un petit ouvrage intitulé Le Bibliophile, avec, en guise de sous-titre, cette formule portrait & caractère.

Le texte composé par Pinguet, est destiné à une dame qui lui avait demandé quels étaient donc les portraits et caractères du bibliophile. Dédié à André Bruel, ce petit livre a été tiré à 115 exemplaires, dont 15 sur Japon et 100 sur papier Madagascar. D’entrée de jeu, Pinguet s’adresse donc à la « dame ». Laissez-moi prendre sa voix :

Ainsi vous dites : - «Quels signes distinguent le vrai bibliophile ? Quelles qualités sont les siennes ? »

C'est très simple, Madame: Seyez vous et causons. D'ailleurs l'ambiance s’y prête, des livres nous entourent, la lampe est allumée, le feu brille dans l’âtre, et moi, pour vos complaire, je veux bien essayer de lever devant vous le rideau de cette âme».

- « Naturellement, Madame, vous ne vous attendez pas à ce que je qualifie de bibliophile le soi-disant amateur qui, lourd d'argent, achète sans compter, et dont l'esprit, facilement satisfait, n'estime guère que la quantité. Je n'élèverai pas davantage celui qui ne voit dans la valeur d'un ouvrage que le prix payé. Plus c'est cher, plus c'est beau. Ce ne sont pas des bibliophiles. Ils n'aiment pas.»

- « On n'arrive à la bibliophilie que par l'amour. La passion seule guide et entraîne le bibliophile. Il lui faut la passion, s'il veut connaître le frisson de la recherche, la récompense de la trouvaille».

« On naît bibliophile comme on naît musicien, statuaire, poète. Quiconque a été élu pour la bibliophilie a désiré, dès son jeune âge, la possession des livres, demandé leur entourage, voulu les sentir près de lui, bien classés, toujours prêts à s'entr'ouvrir pour lui livrer leur âme : science, pensées, chansons».

« J'ai connu autrefois, il y a de cela bien des ans, un petit écolier angevin qui avait l'habitude de bouquiner chaque dimanche matin chez celui qu’on appelait dans ce temps-là le père Hardy. Le pauvre petit n'était guère riche. Il achetait, périodiquement et un seul à la fois, les grands classiques, les poètes de la Pléiade et ceux du moyen âge, à trente-cinq sous le volume, édition Garnier, et c'était un gros effort, et encore ne le pouvait-il pas tous les dimanches. Pourtant, un jour, il aperçoit un beau volume in octavo imprimé à deux colonnes, avec des illustrations de Tony Johannot. C'étaient les œuvres de Molière ! Molière ! Lire Molière dans un texte élégant et clair, avec de rieuses images représentant les scènes fameuses de l'illustre comique, de l'immortel poète ! quelle tentation... »

De l’auteur de ce texte très court qui donne son opinion sur le bibliophile, nous ne savons pas grand-chose. Auguste Pinguet était un érudit angevin qui ne se contentait pas d’aimer les livres en tant qu’objets. Il consultait les bibliothèques à la recherche de textes anciens, notamment des chansons médiévales.

André Bruel (1894-1974) le dédicataire, fut un relieur de grande renommée, éditeur aussi, d’origine tourangelle. Elève de Daumont, un relieur local, il commença à travailler en 1919, dans l’atelier de sa belle-famille, les Legal, dont il avait épousé l’une des filles. Il fut primé lors de l’exposition à Galliera, en 1925, et reçut une médaille d’or, en 1937, au cours de l’Exposition universelle. Il cessa ses activités en 1966.

Mais la bibliophilie intéresse toujours et autant les passionnés du livre ancien. Je déplore, malgré tout, que les jeunes générations soient moins réceptrices de ces voluptueuses découvertes de livres, excitantes pour l’œil et l’esprit...

Aujourd’hui je voudrais vous présenter un écrivain qui aime les livres, anciens ou non, et qui a publié deux ouvrages en relation avec « le monde des collectionneurs bibliophiles » :

Dominique Perrin, Haut fonctionnaire à la retraite, consacre une bonne partie de son temps à l’écriture. Sa plume est parfois acerbe (Biographie irrévérencieuse de la Ve République ; journal du confinement), parfois autobiographique (Un long et douloureux frisson de fierté ; à pas perdus ; Dédé vous salue bien ; Les ombres et lumières du chemin de ma vie), d’autres fois celle du nouvelliste (Contes moroses ; Les dérogés ; La planète bêtise), du bibliophile (L’âme du bibliophile -I- et -II-), de l’historien (Histoire des Caylus, et de multiples articles) ou du collectionneur (Boutons de livrées de fabrication française en huit volumes).

L'âme du bibliophile I :

Il y a un esprit bibliophile, il est fragile et nécessite un entretien constant, des sacrifices importants. Quelques-uns l’acquièrent, bien peu le conservent. Ils ont le vernis et s’en targuent, ce n’est déjà pas si mal. Mais pour ceux qui ont franchi le cap, plus de marche arrière possible. Le virus est implacable. Ils sont nés à la bibliophilie, ils mourront avec. À ceux-là on peut parler de l’âme du bibliophile, cette entité éphémère et si difficile à définir et même à comprendre. Ce n’est plus d’eux dont il s’agit, enfin plus d’eux seuls, mais de la communion intime qui s’opère avec leurs livres. Ce livre est un voyage commenté dans le monde subtil de la bibliophilie.

- L'âme du bibliophile II :

Les voyages que l’on peut faire dans une bibliothèque sont innombrables. Cette seconde excursion dans la mienne a pris des chemins nouveaux. Nous avions déjà entrevu ceux-ci aux carrefours de la précédente. Pourtant les paysages ici sont différents, parsemés de nouvelles fleurs aux parfums envoûtants et délicats.

Les ouvrages sont disponibles chez : Amazon.fr – L'âme du bibliophile I & II – Perrin Dominique.

Vous pouvez contacter l’auteur sur sa page Facebook : Dominique Perrin auteur.

L'âme du bibliophile

Il y a un esprit bibliophile, il est fragile et nécessite un entretien constant, des sacrifices importants. Quelques uns l'acquièrent, bien peu le conservent. Ils ont le vernis et s'en targuent, ce

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