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Le bibliophile Heurtebise

Le bibliophile Heurtebise

Anciennement librairie Heurtebise, "le bibliophile Heurtebise" propose des informations culturelles en relation avec les métiers du livre, mais aussi des descriptifs de curiosités bibliophiliques. Actualités littéraires, critiques, salons, foires aux livres...


Damase Jouaust, le créateur de la célèbre Librairie des Bibliophiles !

Publié par HEURTEBISE sur 9 Juillet 2024, 08:53am

Catégories : #Beaux livres

Damase Jouaust (1834 – 1893) est bien connu des collectionneurs de livres anciens. Il est un imprimeur-éditeur, créateur de la « Librairie des bibliophiles ».

Fils de l'imprimeur Charles Jouaust (1801-1864), qui avait succédé à Guiraudet en 1860, il prend la suite de l’activité de son père en 1864, après des études au collège Bourbon et des études de droit. C'est lui qui imprime en 1866, pour le compte de l'éditeur Alphonse Lemerre, les Poèmes saturniens de Paul Verlaine, dont c'était le premier recueil, alors inconnu du public, publié à compte d'auteur. (Les Poèmes saturniens ont été tirés à 491 exemplaires. Le fait que ce tirage ne soit pas épuisé vingt ans plus tard indique que la publication de cette première œuvre de Verlaine n'a pas été perçue par ses contemporains, y compris au sein des milieux littéraires, comme un événement considérable.)

Damase Jouaust (1834-1893).

Damase Jouaust (1834-1893).

La librairie des Bibliophiles :

À partir de l’atelier d’imprimerie de son père, il crée en 1869 sa propre maison d’édition, la « Librairie des bibliophiles », consacrée aux rééditions très soignées des grands textes et des raretés des classiques français ainsi qu’aux auteurs étrangers. Il s'agit d’œuvres illustrées qui « respectent tous les critères du livre de luxe ». L'emblème de la maison est une ancre marine, surmontée de la devise latine occupa portum (« tiens le port »), tirée de l'ode XIV du premier livre des Odes d'Horace. Cette maison d’édition était située au 338 rue Saint-Honoré à Paris.

Le travail d’édition de Damase Jouaust est exceptionnel pour la qualité des matières et du soin apporté au livre. Fier de succès il destine sa politique éditoriale aux collectionneurs et aux bibliophiles français et étrangers.

 

- Poëmes saturniens - Paul Verlaine - L’édition originale recherchée du premier recueil de l’auteur a été tirée à 491 exemplaires sur papier vélin, outre 5 ex. sur Chine et 9 Hollande.

- Poëmes saturniens - Paul Verlaine - L’édition originale recherchée du premier recueil de l’auteur a été tirée à 491 exemplaires sur papier vélin, outre 5 ex. sur Chine et 9 Hollande.

Spécialisée en littérature cette maison d’édition publie des textes classiques d’auteurs issus de la littérature ancienne et aussi contemporaine à l’instar de Charles Baudelaire ou Théophile Gautier, avec un soin très important dans le travail de fabrication. Il publie notamment Le Chevalier sans cheval d'Erasme (1872).

On trouve notamment des essais de Jules Janin, illustrés par Hédouin (1874), et la Collection de documents relatifs à l'Histoire de Paris pendant la Révolution française (1889). La plupart des ouvrages comportent par ailleurs un frontispice exécuté par le graveur et peintre Adolphe Lalauze (1838-1906).

Jouaust s’intéresse à différents domaines en véritable érudit. Comme le montre la notice documentaire IdRef (Identifiants et référentiels pour l’Enseignement supérieur et la Recherche), il travaille en tant qu’auteur, metteur en scène, donateur, éditeur scientifique, journaliste, imprimeur et éditeur commercial. Il participe beaucoup à ses publications en y rajoutant des notes et des introductions. Il publie aussi dans des périodiques. Selon Gustave Vapereau (1819-1906 – écrivain et encyclopédiste), Damase aime donner à ses textes un aspect soigné et développe une collection de livres luxueux. D’après le catalogue de la collection les livres publiés sont « des livres d’amateurs, tirés à petit nombre, imprimés en caractères elzéviriens, avec des encres de qualité supérieure, sur papiers à la forme. »

© Bibliophile Heurtebise.

© Bibliophile Heurtebise.

Voilà ce que recherchent les collectionneurs bibliophiles qui espèrent « remonter » cette splendide collection ! Parfois même, certains d’entre-eux, poussent les frontières du plaisir à collectionner, toujours en rapport avec l’univers de Jouaust, la Gazette des absents qui parut durant le siège de Paris par les Allemands de 1870-1871. Imprimée sur papier pelure, elle pesait environ 4 grammes et comportait d'une part un résumé des journaux, et d'autre part une partie réservée à la correspondance...

- L'emblème de la maison Jouaust -

- L'emblème de la maison Jouaust -

- Ex-libris Jouaust -

- Ex-libris Jouaust -

Renonçant à la lutte qu’il menait depuis de longues années pour assurer la prépondérance diminuée de sa librairie, Damase Jouaust quitta les affaires par lassitude et par découragement. Le goût des beaux livres, qu’il exécutait à tant de frais, et qu’il était obligé de vendre très cher, était un peu passé de mode, en raison surtout du resserrement de la bourse des amateurs. Le 1er octobre 1891, il céda, à un prix dérisoire, son fonds d’éditeur à Ernest Flammarion (1846-1936), éditeur 26 rue Racine à Paris (6e), près l’Odéon.

C'est chez Jouaust que furent publiées en 1874 les trois livraisons de l'éphémère Revue du monde nouveau, dans laquelle parut pour la première fois le poème en prose « Le Démon de l’analogie » de Stéphane Mallarmé, ainsi que des textes des parnassiens Théodore de Banville, Leconte de Lisle, Villiers de l'Isle-Adam et Charles Cros.

On lui doit la célèbre « Bibliothèque elzévirienne » (*), de la collection Jouaust, nommée ainsi en référence à l'illustre famille de typographes néerlandais, les Elzevier, et au format qui leur est associé (un petit in-12°).

- Un lot de livres de la célèbre collection elzévirienne -

- Un lot de livres de la célèbre collection elzévirienne -

(*) Bibliothèque elzévirienne :

Livres imprimés en Hollande par les Elzevier (illustre famille de typographes et d'imprimeurs néerlandais d'origine brabançonne - de Louvain - entre la fin du XVIe et le début du XVIIe) et se caractérisant par un petit format (généralement in-12) et l'emploi d'un certain type de caractères : le format des elzévirs. « En feuilletant l'autre jour mes petits Elzévirs que vous voyez là rangés en cercle sur ce plateau tournant, je tombai par hasard sur la république hébraïque de Pierre Cunæus. » (Joseph de Maistre, Les soirées de Saint Pétersbourg, 1821.) - Durant la seconde partie du XIXe siècle, la Bibliothèque elzévirienne a réuni un ensemble original de textes rares, curieux, oubliés, parfois inédits, mais d'un grand intérêt, allant du Moyen-âge au XVIIe siècle. Textes souvent très altérés, qu'elle a voulu restituer dans leur forme initiale, avec une présentation de qualité. Voici un beau thème de collection !

 

Conseil de lecture...

LIVRE : Michel Croizet a publié en juin 2022 une troisième édition révisée et augmentée de La Bibliothèque elzévirienne (1853-1898) et Pierre Jannet (à Pau chez l’auteur) tirée à 100 exemplaires dont 5 numérotés, imprimée sur les presses d’Ipadour, 457 pages numérotées, 40 €.

© Michel Croizet.

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© Bibliophile Heurtebise. François Baget vous invite à vous inscrire à la newsletter de ce blog. Ainsi vous recevrez en priorité les articles publiés !

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