Le blog de Nicolas Ducimetière ou l’art d’aimer les livres anciens !

Publié par HEURTEBISE sur 24 Juillet 2024, 09:15am

« Bibliophile depuis mes douze ans, j’ai, au fil des années, spécialisé ma collection personnelle autour des auteurs et poètes français du XVIIe siècle, ainsi que des auteurs français du XIXe siècle (par des ouvrages à envoi autographe ou des manuscrits autographes). L’envie m’est venue de partager les fiches de mon catalogue, qui peuvent apporter des compléments d’information bienvenus pour certains chercheurs (provenances, liens littéraires, histoire du livre et des bibliothèques, etc.). » explique Nicolas Ducimetière en annexe de ce blog consacré aux livre anciens et modernes.

- Nicolas Ducimetière -

Nicolas Ducimetière est vice-directeur de la Fondation Martin Bodmer à Cologny-Genève (*) et consacre une partie de son temps à la tenue d’un blog de haute qualité. Il présente avec goût et érudition les plus belles œuvres de la littérature européenne mêlant tour à tour savoir, expérience et pédagogie. De par son « métier » il a accès à des documents et livres de prestige. Nicolas Ducimetière est animé aussi par la volonté d’expliquer et d’établir un lien culturel entre les collectionneurs, les bibliophiles ou les profanes désireux d’en savoir un peu plus sur le monde feutré du livre ancien.

Quand on parcourt les pages de son site on s’aperçoit très vite de cette immense culture en relation avec le monde du livre et de son histoire.

© Bibliophile Heurtebise – Cabinet de travail à la fondation Bodmer.

Le domaine d’étude retenu ici, dans le cadre duquel l’histoire du livre joue un rôle central, est celui du ressort de la philologie : l’histoire de l’étude des œuvres - de la littérature ancienne aux textes modernes - et de leur édition, ce que l’on appelle la critique scientifique.

Les discussions animées entre philologues pour savoir s’il faut préférer la correctio ope ingenii ou la correctio ope codicis étaient déjà vives au XVe siècle, mais aujourd’hui il est nécessaire d’appréhender les nouvelles méthodes d’analyse : comment appréhender « le livre » dans toutes ses spécificités. Voilà pourquoi il est nécessaire de savoir décortiquer un livre et d’en extraite cette substantifique moelle, témoignage essentiel pour l’établissement de la connaissance actuelle, mais aussi universelle.

Un livre se définit d’abord comme un objet, que détermine sa matérialité et qui se trouve tributaire des conditions techniques de sa production. La diffusion des idées étant indissociable de leur support matériel, l’histoire du livre, qui engage de multiples savoirs, intègre les recherches sur l’objet manufacturé. On parlera alors d’archéologie du livre.

Les livres sont souvent considérés comme de simples écrins dans lesquels on présente des textes ou des recueils d’images. C’est ainsi qu’ils apparaissent dans les catalogues, dans les expositions et qu’on les numérisent maintenant afin de laisser une trace à l’infinie de notre humanité !... Mais chaque volume, comme tout objet ancien, peut être regardé aussi comme un artefact archéologique.

Ceci est d’autant plus vrai que le livre n’est pas un objet immuable : au cours des siècles, il change de forme et de nature. Les ateliers qui l’impriment, puis les relieurs qui façonnent les volumes utilisent des techniques et des outils qui évoluent. On le décore et on se l’approprie différemment selon chaque période et en fonction des goûts de chacun.

Chaque élément peut être étudié pour nous permettre de comprendre comment, quand et par qui il a été fabriqué... mais aussi comment il a été lu, conservé et apprécié par les générations successives de possesseurs et de lecteurs. Un livre possède sa propre « vie » et de par ce fait on peut en dresser sa généalogie : marque de provenance, ex-libris, dédicace, justificatif de tirage, signature de la reliure, notes manuscrites... Bref, en faire l’exégèse.

Tous ces aspects sont présents dans le livre dit « ancien » et il est grand temps d’apprendre à lire les indices et à découvrir les secrets de chaque ouvrage. C’est pourquoi le blog de Nicolas Ducimetière occupe une place prépondérante dans le domaine de « l’analyse » du livre en tant qu’objet culturel chargé de sens et d’histoire.

Une note explicative en première page de ce blog donne une idée exacte de son contenu :

« Le carnet “Mélanges tirés d’une petite bibliothèque” souhaite partager avec le monde de la recherche quelques livres anciens, manuscrits autographes, monnaies et antiquités assemblés par un collectionneur depuis une vingtaine d’années. Par nature, ces objets sont souvent inconnus des chercheurs, mais pourraient profiter à leurs études en histoire littéraire (éditions rares, relations littéraires, envois autographes, correspondances, etc.). »

Parmi une centaine d’articles concernant des sujets variés (agrémentés d’illustrations, de bibliographies, de références - l’ensemble correspondant parfois à une véritable somme pouvant donner lieu en tant que tel à un livre ! - on ne peut que louer l’éclectisme des thèmes abordés et la rigueur de leurs propos.

Alors, amis des livres, je vous invite à parcourir ce blog ; vous pourrez ainsi vous faire une idée du monde de la bibliophilie, de son univers... et comprendre pourquoi l’on peut passer une vie à étudier les livres anciens !

(*) Né en 1979, titulaire d’une maîtrise en histoire médiévale, d’un DEA en lettres modernes et d’un doctorat ès lettres de l’Université de Genève, Nicolas Ducimetière est vice-directeur de la Fondation Martin Bodmer (Cologny-Genève) depuis 2012.

Précédemment conservateur au Musée Barbier-Mueller (2004-2013), il a présenté les fleurons de cette prestigieuse bibliothèque, la plus importante collection privée autour de Ronsard et de la Pléiade, lors des expositions Mignonne, allons voir… (Fondation Bodmer, puis Château de Chantilly), accompagnées d’un ouvrage du même nom (Hazan, 2007). Historien du livre et des bibliothèques, auteur ou éditeur d’études et d’articles sur la poésie Renaissance ou la bibliophilie (dont Poètes, princes & collectionneurs [Droz, 2011]), il a assumé plusieurs commissariats d’exposition, dont Alexandrie la Divine (2014), Frankenstein, créé des ténèbres (2016), Les Routes de la traduction (2017) ou Géants et nains (2019).

Secrétaire, puis vice-président de la Fondation Barbier-Mueller pour l’étude de la poésie italienne de la Renaissance (Université de Genève) depuis 2016, président de la Société littéraire de Genève (2021-2023) et de l’association « Mémoires » (2021), membre de la Commission suisse pour l’UNESCO depuis 2016, il a été reçu chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres en 2010.

https://mabiblio.hypotheses.org/

© Bibliophile Heurtebise - Le cabinet du bibliophile Jacob -

Art & Métiers du livre – Une publication des éditions Faton.

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