Le « Codex Gigas », surnommé Bible du Diable, est un objet fascinant entouré de légendes et de mystères. Depuis plus de huit siècles, l’énigme autour de sa création perdure. S’il continue à intriguer, ce manuscrit n’en reste pas moins une véritable merveille. Sa taille démesurée et la richesse de son contenu en font un trésor inestimable ! Le Codex Gigas attise votre curiosité ? Lisez la suite pour explorer quelques-uns de ses secrets…
Le Codex Gigas (du grec Gigas signifiant « géant ») est un manuscrit médiéval écrit au XIIIe siècle par un moine bénédictin du monastère de Podlažice en Bohême et qui se trouve maintenant dans la Bibliothèque nationale de Suède. Il est également connu sous le nom de Bible du Diable en référence à l'enluminure du diable que l'on trouve au folio 2902.
Le livre mesure 92 cm de haut sur 50 cm de large, et 22 cm d'épaisseur, et est contenu dans un dossier rigide en bois. Le Codex pèse 75 kg. Sa reliure pleine est en cuir de veau, avec des décorations en métal. Le volume, rédigé en latin, avec une calligraphie de type minuscule caroline, est l'œuvre d'un seul scribe.
Le Codex Gigas contenait, à l'origine, 320 feuilles de vélin ; huit d'entre elles ont été retirées du livre pour une raison inconnue ; ces pages contenaient vraisemblablement les règles des Bénédictins. Le vélin utilisé est de la peau de veau (ou d'âne selon certaines sources) et proviendrait de quelque 160 bêtes. C'est la plus grande des Bibles géantes qui apparaissent au XIe siècle. L'ouvrage est un exemple tardif du genre, à une époque où, au contraire, sont créés, à Paris, des volumes de petit format.
Le Codex Gigas fut rédigé dans le monastère bénédictin de Podlažice, près de Chrudim (voir photo), en Bohême, qui fut démonté au XVe siècle, durant la révolution hussite. Selon une légende médiévale, l’auteur du Codex aurait été un moine, Herman le Reclus qui aurait rompu les vœux monastiques et aurait été condamné à être emmuré vivant. Pour échapper à cette punition terrible, il aurait « promis d’écrire en une seule nuit un livre qui couvre toutes les connaissances humaines, ce qui vaudrait au monastère la célébrité à tout jamais. Cependant, vers minuit, il se rendit compte qu’il ne pouvait pas tout écrire seul et il adressa une prière spéciale non pas à Dieu, mais à Lucifer, l’archange déchu, lui demandant son aide en échange de son âme. Le diable élabora le manuscrit et le moine ajouta le portrait du diable, en signe de reconnaissance pour l’aide accordée. »
Selon des experts (Anna Wolodorski, The National Library, Stockholm et Michael Gullick, Stevenage), l'homogénéité de la structure de l'encre, et l'analyse graphologique effectuée, qui a fait ressortir en particulier la similitude des « g » ouverts, permettent de penser que la rédaction n'a été réalisée que par un seul copiste.
L'absence de toute référence à la mort du roi Ottokar Ier de Bohême, survenue le 15 décembre 1230, suggère que la date la plus probable de l'achèvement de la rédaction du volume est la fin de l'année 1229 ou le début 1230. Le Codex est alors légué au monastère cistercien de Sedlec, puis racheté par le monastère de Břevnov. De 1477 à 1593, le Codex est conservé à la bibliothèque de l'abbaye de Broumov. Il est emporté à Prague en 1594 pour rejoindre les collections personnelles de Rodolphe II du Saint-Empire.
À la fin de la guerre de Trente Ans, de nombreuses œuvres d'art et objets précieux sont ramenés en Suède par les troupes suédoises comme butin de guerre, le Codex Gigas en fait partie. Depuis 1649, il est conservé à la Bibliothèque royale de Suède, à Stockholm.
- "Le diable élabora le manuscrit et le moine ajouta le portrait du diable, en signe de reconnaissance pour l’aide accordée."