BAGET François
« Le Ballet des Parangons »
Librairie Diffusion Heurtebise –
Première édition : 2004
Réédition 2007
Résumé :
Un adolescent, meilleur joueur au monde de jeux-vidéo, dont le nom de code est Petit Prince… Un logiciel des plus bizarres… Une action terroriste pilotée secrètement par le « Programme », sorte de techno-gnose en réminiscence à l’action des Templiers…
« Délire juvénile ! Aveuglement ludique ! » me direz-vous.
Eh bien non. Mille fois non !
Tout a commencé un soir d’Août lors d’une réception chez Vollmer, le célèbre animateur de télévision… En fin de soirée un orage fantastique… Une gigantesque panne d’électricité… Et un assassinat. Serait-ce le préambule d’un super jeu conçu par cet enfant surdoué ?
Malheureusement oui !
C’est le départ d’une terrible aventure où va se mêler le destin d’une poignée d’otages. Voyage au centre d’un logiciel de jeu imaginé pour tuer. Un récit qui fait évoluer des personnages enlisés dans un même destin. L’affaissement d’une société qui va plonger dans le gouffre. Une situation de guérilla urbaine que les Institutions de l’Etat n’ont pas vu venir…
On oublie peut-être trop vite l’histoire, mais l’histoire de vous oublie pas !
Un roman fantastique qui dans une première partie peindra une société insouciante jusqu’à la démesure, et dans une deuxième, fera découvrir le tragique d’une situation insurrectionnelle dont les enfants sont les Maîtres…
« Alors, me confierez-vous, un livre sur la destinée tragique de l’humanité ? »
Peut-être… Ou simplement une réflexion sur l’histoire et ses prolongements futurs. Utopie ? Fiction ? Chimères ? Certains le penseront… La prise du pouvoir par des intelligences virtuelles ? La tentation d’y croire est séduisante… Mais pour d’autres, c’est déjà une réalité. Implacable !
La critique :
« Cela commence par une satire du petit monde artistico médiatique parisien, puis cela tourne au récit d’une guerre civile, déclenchée par un jeune garçon qui aurait réalisé la synthèse du jeu scout et du jeu vidéo. (…) François Baget s’aventure dans le domaine de la science fiction, avec pour bagage la nostalgie d’arrières mondes mythologiques qui ne manqueront pas de flatter l’inconscient du lecteur et une franche et sympathique détestation du monde moderne. Un roman à recommander à tous ceux qui espèrent en un retour des Dieux ! »
Michel Marmin – Eléments – Printemps 2005.
Pour lecture : un extrait du premier chapitre.
Quand je me réveillai, la poupée qui avait dormi près de moi cette nuit était partie. Elle laissait l’odeur de son eau de toilette dans les draps et sur l’oreiller. Elle s’était enfuie sans oublier de me voler mon argent que j’avais laissé par mégarde dans ma poche de veste, et avait raflé sur le secrétaire un petit Bouddha en ivoire auquel je tenais...
Je m’appelle Jean-Pol Maupin. Mon pseudonyme est Sanders. Je signe de ce nom mes articles dans différents magazines. Je suis critique et chroniqueur d’art. Sanders ? Quel drôle de nom ! Pour l’anecdote, et pour ceux que ça intéresserait, c’est un personnage du "Hussard Bleu" de Roger Nimier. J’aime bien les Hussards...
J’ai trente-huit ans et suis célibataire. Je suis pessimiste de nature et optimiste de raison. Je suis croyant, mais pas d’une religion révélée. Je préfère prier dans les forêts. Enfin je vis seul, mais souvent de charmantes personnes viennent peupler ma solitude. Oh, je m’entends, des passades. Jamais rien de sérieux. D’ailleurs suis-je sérieux ? Bonne question...
Il est déjà onze heures et je suis toujours dans ce lit, allongé sur le dos, la tête bien calée sur mon oreiller, les bras croisés. Je tourne la tête et aperçois la pile de livres en vrac sur le tabouret. A lire ou à relire impérativement. De haut en bas on peut lire : L’Homme à Cheval - Le Confort Intellectuel - Mes Arches de Noë - Les Deux Etendards - Le Cardinal d’Espagne - Les Hommes ont Soif - Mort à Crédit - La Hache des Steppes - Les Grandes Espérances.
J’entends dehors les bruits de la ville et puis le gazouillis incessant des oiseaux. Ils ont fait un nid au printemps dans le chéneau sous la fenêtre de ma mansarde. Des moineaux, tout simplement. Et puis, le soleil entre par cette ouverture et baigne la pièce d’une douce lumière. J’aime la lumière du matin. Elle envahit progressivement ma pièce. Conquérante et fière... Ma chambre. Elle est grande et sous les toits. Deux fenêtres donnent sur la rue. On ne voit pas en bas, mais la vue des toits alentour est magnifique. Il y a aussi le clocher de la basilique un peu à gauche. Il est illuminé le soir. Ainsi ma grande pièce fait office de chambre et de bureau. De bureau ? Donc je travaille. Enfin si l’on veut. J’aime bien critiquer. Observer, analyser, discuter, juger. J’aime bien aussi traduire un sentiment. Ce que l’on ressent dans sa tête ou dans ses tripes. L’Art a ce côté captivant, c’est qu’on peut discuter à l’infini...
A côté il y a la salle de bains. Elle est spacieuse. En face une petite cuisine. C’est suffisant. Je déjeune ou dîne souvent dehors. Et puis je n’ai pas le temps et peut-être pas assez de patience pour faire comme on dit la cuisine. Pourtant j’aime bien manger. Il reste encore une pièce au fond de l’appartement. Là est mon repère. Ma bibliothèque. La pièce est petite, tapissée de livres sur les quatre côtés et de bas en haut. Il faut aimer les livres, ce sont de prestigieux compagnons. Maintenant on ne lit plus. Dommage ! Du reste à quoi ça sert de lire ? Lisent les fainéants, voilà toute mon opinion. Les enfants ne lisent plus. A l’école on a d’autres choses plus sérieuses à faire. Ensuite on rentre dans la vie dite active. Pas de temps à perdre... Après il y a la retraite. Encore moins de temps, sans parler de la vue qui baisse...
Cela étant dit, je collectionne les livres depuis ma plus tendre enfance. C’est ainsi. J’ai un faible pour les belles éditions reliées du XIX° avec de séduisantes planches d’illustrations. Les Gustave Doré, les Grandville. Mais aussi Gavarni, Tony Johannot, Steinlen... J’adore les belles reliures et les beaux livres d’art. Le contact du papier est pour moi plaisir et dégage une certaine volupté. Toucher le papier me transporte et me fait rêver. Les Hollande plus doux, les Chine riches et nacrés. Caresser ces pages en vélin crème, claires et lisses rappelle avec une délicatesse infinie toute la place que la sensualité du papier a fait naître dans ma vie.
Je n’ai jamais bien réellement travaillé. Ni à l’école, ni ailleurs... C’était pas mon truc. Mes quelques essais timides m’ont vite convaincu que je courais à ma perte. Travailler ! Quel mot honteux. Dans une société comme celle d’aujourd’hui on doit être libre de choisir de travailler ou pas. Non ? Mes subsides ne viennent en grande partie pas de moi. C’est grâce aux petits placements d’argent qu’opérait mon père, et aux bons conseils d’un oncle du côté de ma mère, que maintenant je peux vivre décemment. Tout cela bien sûr sans excès.
J’ai passé mon enfance dans les musées (et encore maintenant). A vingt ans j’avais une boulimie de peinture. La bonne peinture me nourrissait et mes pas m’ont porté dans les principaux musées de France sans compter ceux d’Europe... En plus je cours les expositions à Paris et aussi en province. Quelle magnifique occupation !
Mais aujourd’hui un grand journal m’assure la matérielle. Je leur donne quelques articles par semaine. C’est suffisant.
"Critique d’art, c’est passionnant ! Vous sentez battre le coeur de la création ! Vous êtes au contact même de la sensibilité et de l’Humanisme" me disait un jour une grande bringue de secrétaire du même journal. Tu parles... Causes toujours ! Elle ouvrait la bouche pour dire des bêtises. Par contre elle avait une descente de reins... digne d’un Maillol !
Le coeur de la création est bien triste ! Les artistes ne créent plus. Ils se copient honteusement. Ils roucoulent les mêmes idioties, se pâment, se font des courbettes, se donnent des coups de pieds. Il n’y a plus de véritable création. Je le vois bien. On ressort les vieux trucs d’autrefois. On présente le tout avec quelques concepts fumeux et puis ça repart. De plus belle... Les prix aussi...
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Pour lecture : un extrait du dernier chapitre.
Assis sur un banc un vieil homme. L’allure vagabonde il secouait un chapeau misérable. Il nous regardait l’air faussement jovial et gesticulait bizarrement sous l’emprise de quelque ivresse. Il se leva et vint vers nous.
"Bonjour la compagnie ! On m’appelle Diogène. Votre serviteur... Mais la nuit venue on m’appelle Ossian. Je suis le poète. Le poète de la rue..."
- Bonjour poète ! cria Pauline.
- Vous venez de vivre des heures des plus curieuses. N’est-ce pas ? Moi, je sais tout ! Ce qui se trame. Ce qui vit. Ce qui va mourir !
L’homme marchait péniblement . De sa main squelettique il cherchait à s’agripper à l’un des chevaux mais ceux-ci tournaient trop vite. Avec une volonté bornée il voulait nous parler faisant de la main des signes désespérés.
"J’appartiens au monde du dehors, mais je sais reconnaître le beau monde ! La foudre est tombée cette nuit. Zeus n’est pas content ! Les Dieux se sont fâchés..."
- Et que disent les Dieux ? fit Pauline provoquant le vieil homme.
- Que la tempête s’éloigne... Les esprits se calment... D’une noble idée a surgi le cauchemar !
- Quel cauchemar ? fis-je à mon tour amusé .
- Cette guerre ! Ce mauvais rêve qui hante nos esprits. Ce rêve aux yeux crevés qui erre dans nos têtes comme le pauvre Oedipe et qui cette nuit s’est révolté. Ce mauvais rêve qui depuis des mois tourne dans sa cage comme un chat autour de sa queue. Ce cauchemar avorté porteur pour les uns d’espérance et pour les autres de ruines !
- Mais la guerre est finie, monsieur Ossian ! s’exclama Pauline du haut du cheval.
- Détrompez-vous ! Détrompez-vous ! fit il le regard halluciné. La guerre fait une pause. Et comme toutes les pauses la durée sera courte !
- Vous exagérez, poète ! répliqua Pauline amusée. Convenez avec moi que la soirée sera calme et que dans quelques jours la tranquilité sera revenue.
- La flamme de l’amour que je lis dans vos yeux, mademoiselle, vous masque les terribles réalités.
- Je suis amoureuse ? Moi ? fit-elle posant la main sur son coeur.
- Et terriblement !
- Alors, dites-moi, poète, de qui je suis amoureuse ?
- De l’homme qui est à côté de vous, qui tient les rennes de ce cheval de bois et qui vous dévore du regard !
Nous éclatâmes de rire...
Le manège ralentissait petit à petit son rythme.
L’homme remit son chapeau sur sa vieille tête fanée et nous fit un geste d’adieu. Il garda la main haute dans ce ciel d’août, puis nous tourna le dos pour traverser la place.
Le manège s’était arrêté.
Le vagabond se retourna encore une fois et nous cria :
"Prenez garde ! Prenez garde, mes amis ! L’entracte est toujours de courte durée !"
FIN
Le ballet des Parangons - Roman d'anticipation de François Baget.
2007 - 191 pages - Couvertures illustrées. 16 € (franco de port).
Pour le commander. Contact : baget.heurtebise@orange.fr
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