LES EX-LIBRIS
Poulet Malassis, bibliophile célèbre du XIXème siècle, dans son ouvrage intitulé « Les Ex-Libris français depuis leur origine jusqu’à nos jours », édité à Paris en 1875, définissait ainsi le terme ex-libris :
« Le terme ex-libris est composé de deux mots latins : des livres… faisant partie des livres. Ce terme consacré par l’usage se dit de tout marque de propriété appliquée à l’extérieur ou à l’intérieur d’un volume. Dans un sens plus restreint, il s’entend d’un petit motif d’art, blason, monogramme, allégorie, emblème, devise, etc…. gravé en relief ou en creux, et collé sur les gardes, ou quelquefois empreint sur le titre d’un livre en signe de possession, surtout en ce qui concerne les bibliothèques publiques ».
L’ancêtre de l’ex-libris moderne fut tout d’abord une simple mention manuscrite. On trouve des ex-libris manuscrits datant des XIIIème et XIVème siècles. Très souvent apposés sur les gardes intérieures du livre, ils peuvent comporter de quelques mots à plusieurs lignes de texte, et indiquent de manière plus ou moins fleurie le nom de l’heureux propriétaire.
Quand à l’ex-libris moderne, « cette petite étiquette historiée destinée à marquer le passage d’un livre entre les mains d’un amateur », comme le décrit Maurice Bouchot dans son ouvrage « Les ex-libris et les marques de possession » (1891), Il est né vraisemblablement en Allemagne, à Nuremberg, au tout début du XVIème siècle, et s’est très certainement inspiré des marques de libraires et d’éditeurs, for répandues à cette époque.
Les érudits s’accordent pour dire que le plus ancien des créateurs d’ex-libris fut Albrecht Dürer. Il dessina et grava sur bois la marque de Bilibald Pirckheimer, né en 1470 à Nuremberg et mort en 1530 :
« On le nommait le Xénophon nuremburgeois à cause de son double mérite de soldat et d’écrivain. Sa bibliothèque, qu’on dit considérable, passa dans la suite au comte d’Arundel et, après 1861, fut léguée avec les autres collections du Comte à la Société royale de Londres. Ce fut sur ses conseils que Dürer composa le « Triomphe de l’Empereur Maximilien », son chef-d’œuvre. »
Cet ainsi que cet écrivain, malheureusement inconnu de nos jours, passa à la postérité grâce à son ex-libris.
La passion pour l’ex-libris alla en se développant, pour atteindre un paroxysme au cours des XVIIème et XVIIIème siècles. Le plus souvent, ses marques étaient héraldiques et leurs interprétations variaient selon les artistes. Les Français dessinent des ex-libris beaucoup plus aérés et beaucoup plus sobre que ceux des Allemands, alourdis par une héraldique plus massive. Bouchot précise d’ailleurs à ce sujet que « les Français sont devenus incontestablement supérieurs dans le genre ».
L’ex-libris est donc cette petite vignette signée ou gravée que les bibliophiles collent sur les gardes intérieures de leurs ouvrages afin d’en marquer leur possession. Pour être réussi il doit bien refléter la personnalité, les goûts, les préférences artistiques et littéraires du collectionneur. Composé avec un soin tout particulier, il présente très souvent des symboles ou des allégories précis. La devise est le complément indispensable de l’ex-libris et forme avec le sujet de celui-ci un tout indissoluble, qui doit, si l’ensemble est réussi, situer son possesseur dans le temps et dans l’histoire.
Certaines personnes collectionnent très activement ces petites étiquettes, quitte à les décoller de leur support en risquant d’abîmer la garde d’un livre. Rappelons leur que la seule raison d’être de ces compositions artistiques est de figurer sur un livre et d’en retracer l’histoire et éventuellement la circulation de cet ouvrage. Quoique, parfois, certains ex-libris présentent une certaine forme à contenu ésotérique dont l’interprétation mérite une analyse scrupuleuse et méthodique. Certains ouvrages du XVIIIème possèdent jusqu’à six ou sept ex-libris indiquant à leur nouveau propriétaire leur courses à travers le temps, mais aussi, à travers certains lieux. Aussi un collectionneur qui a la chance d’acquérir un livre orné de un ou plusieurs ex-libris pour les classer dans des albums comme de vulgaires timbres poste ne mérite pas le nom de bibliophile ; car, ce faisant, il détériore le livre et le prive de son histoire et de sa vie. Les collectionneurs des temps futurs auront le droit et le devoir de lui reprocher. En effet, comme le disait Rouveyre, libraire éditeur bibliophile : « Que peut représenter cette vignette en dehors d’un livre ? »
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