Mamoru Oshii est la personne la plus incroyable de l'industrie de... Impossible à dire : il touche à tout ! Jugez plutôt...
Animateur, monteur, réalisateur de films et de films d'animation (Avalon, Ghost in the Shell), scénariste (Jin Roh), dessinateur, concepteur de jeux-vidéo, écrivain...
Né en 1951, Mamoru Oshii est vite devenu un adepte du 7ème art. Sa consommation excessive de films lui fait prendre conscience de sa passion pour l'art cinématographique en général.
Fasciné par des œuvres telles que La Jetée de Chris Marker (court métrage en noir et blanc qui a inspiré le scénario de L'Armée des Douze Singes) ou par des réalisateurs comme Andrzej Wajda (Danton, Les Innocents Charmeurs) ou Ingmar Bergman (La Prison, Une Leçon d'Amour), Mamoru Oshii tourne très jeune ses premiers films en 8 mm ou en 16 mm, virevoltant entre sentiments surréalistes et délires métaphysiques.
Ses premières réalisations ne sont que de simples séries (Kenta (1978), La Bataille des Planètes (1979)). Mais c'est en 1983 avec Dallos qu'il réalise et invente le concept de l'OAV (Original Animation Video), dessin-animé uniquement destiné à la vente sur support vidéo ; cette idée est désormais reprise dans le monde entier. Suivent de nombreuses réalisations qui ne connaissent pas véritablement le succès espéré.
En 1988, la réalisation de Patlabor lui est confiée, et le succès fut tel qu'il en réalisa deux séquelles. La même année, il écrivit le scénario de Kereberos Panzer Cops, qui va servir de support a Jin Roh...
Toujours à la recherche d'histoires décalées ou savamment empreintes d'intelligence, Mamoru Oshii ne recule devant aucun support (film animé, manga.) ni préjugé. Ainsi, Patlabor peut-il se vanter d'être un film surprenant, à mille lieues du simple manga de robots, comme on aurait pu s'y attendre. Bien sur, Oshii ne connait pas que la gloire. Il ne suffit pas qu'une œuvre soit intelligente pour qu'elle rencontre un succès commercial, comme en témoigne Lunette Rouges (1986). Et malgré de très bonnes idées, comme Talking Head, à mi-chemin entre animation et film traditionnel, Oshii devra faire face à quelques difficultés.
Un film, un seul, lui apporte enfin le succès tant mérité. Ghost in the Shell (1995) est un énorme succès aux quatre coins du monde, et de nombreux réalisateurs s'agenouillent devant le formidable travail accompli par Oshii. Ce film résume bien à lui seul les aspirations de Mamoru Oshii. Complexe à souhait, mélangeant science-fiction et métaphysique, Ghost in the Shell reste un de ses meilleurs films.
Fort de ce succès, Mamoru Oshii à maintenant l'opportunité de mettre un terme à la formidable fresque inaugurée avec Kereberos Panzer Cops en 1988, puis continuée avec Straydogs Panzer Cops en 1991. Ce sera Jin Roh, dont il signe le scénario mais dont il confie la réalisation à Hiroyuki Okiura.
Une nouvelle consécration arrive pour lui en 2001 avec un fort succès critique, « Avalon ». Délires visuels, scénario original et musique troublante, ce film prouve que Mamoru Oshii n'est pas seulement un excellent réalisateur, mais aussi un grand moralisateur, qui a plus que jamais sa place au sein du paysage cinématographique japonais, et même mondial. Assurément l'un des cinéastes les plus fous de l'archipel nippon !
Article : Yaku.
Lire l'article de F. Flament concernant la critique du film « Avalon »
insideadream.free.fr/cinema/avalon.html
Extrait :
« Si l'originalité et l'ambition démesurée du projet s'arrêtaient à cela, l'entreprise serait déjà qualifiée d'irréalisable. Mais pour se donner les moyens créatifs nécessaires, le cinéaste japonais décide de tourner en Pologne avec des acteurs et une équipe locale, souhaitant ainsi se rapprocher d'une ambiance mystique et sombre, d'une fibre artistique différente et surtout d'un berceau de civilisation. Qu'il cite alors Andrzej Wajda (L'Homme de Fer), Lars Von Trier (le grain de couleur de Element of Crime) ou Andreï Tarkovski (le dernier plan de la petite fille est l'identique d'une des scènes du maître, Le Miroir), n'est ni un hasard, ni une référence hypothétique et anecdotique, il s'en nourrit et les intègre avec les nombreuses retouches numériques – 80% de l'image est retravaillée – dans son processus créatif.
Résumé du film :
Dans un futur non daté, dans un endroit incertain, des humains fantomatiques mènent une vie bien terne. Leur seul moyen d'échapper au quotidien est de participer au wargame virtuel et illégal : Avalon. Ce jeu tirant son nom du lieu où repose le roi Arthur place ses protagonistes dans un univers militaire où ils doivent détruire des objectifs, arrêter les autres joueurs… Le piment supplémentaire étant que les points gagnés peuvent être convertis en monnaie sonnante et trébuchante dans le monde réel. Ash, jeune femme brune, athlétique et gracile (sosie en chair et en os du Major Kusagani de Ghost in the Shell) a atteint un niveau impressionnant dans la classe A. Réussite d'autant plus étonnante qu'elle joue seule contrairement au plus grand nombre se regroupant en équipe où chacun à une fonction bien précise. Coincée dans une vie répétitive et archaïque, sa personnalité semble disparaître, s'annihiler. Son seul lien avec le réel restant son chien à qui elle achète les mets les plus rares – viande et riz, un luxe pour les êtres de ce monde. Mais elle porte en elle la fêlure de la disparition du chef de son ancienne équipe, Murphy. Car, fait étrange, il arrive que l'esprit de certaines personnes connectées ne réintègre jamais leurs corps (ils reçoivent le sobriquet de "non-revenus"), devenant alors des enveloppes vides ornant les lits d'hôpitaux glauques et insalubres. Lorsqu'on lui annonce qu'il existe dans le virtuel une super classe A où l'ombre d'une petite fille peut vous emporter, elle décide de tout tenter pour y accéder. »
A lire : Martin Aurell, La légende du roi Arthur, Paris, Librairie académique Perrin, novembre 2007, 692p.
La légende inspiratrice :
Le dernier combat du Roi Arthur, la bataille de Camlann, contre les forces de Mordred vit sa perte. Des histoires montrent que Mordred était un chevalier de la Table ronde et le fils incestueux d'Arthur et de sa sœur Morgane. Le Roi Arthur fut mortellement blessé lors de cette bataille, et emmené à Avalon. Là, ses mains furent soignées ou son corps enterré dans une chapelle. D'autres textes disent qu'il n'est pas mort, mais qu'il s'est retiré dans Avalon, monde insulaire mystérieux ; le roi Arthur se repose et reviendra un jour. De nombreux lieux sont revendiqués comme étant l’Avalon dont parle la légende : Glastonbury (dans le Somerset, en Angleterre), l'île d'Avalon (un îlot sur la commune de Pleumeur-Bodou dans les Côtes-d'Armor), Burgh by Sands, ancienne forteresse Aballaka du Mur d'Hadrien, en Cumberland, à l'embouchure de l'Eden… Mais il faut préciser que les peuples celtiques transportent leurs légendes et les transposent au fur et à mesure de leurs émigrations.
Ainsi la légende du roi Arthur s'est répandue dans toute l'Europe.
Le cinéaste japonais se réapproprie le mythe d'Avalon et signe un film de « science-fiction » de grande qualité. (Disponible en DVD : ci-joint photo de la maquette).