Guy Barozai :
Noei borguignon. Edition originale de colportage, sans lieu ni date. Circa 1706. Petit in 12 broché en partie non coupé. Format : 9 X 15cm. Couverture muette sur papier bleu. Exemplaire frais tiré sur joli papier. (En partie non coupé).
Ouvrage référencé HE 18572 à la librairie Heurtebise.
Bernard de La Monnoye,né le 15 juin 1641 à Dijon et mort le 15 octobre 1728 est un poète, philologue et critique français, connu principalement pour ses « Noei Borguignon ».
Il fit surtout une heureuse application de son talent en écrivant des Noëls dans le patois de son pays. Aimé Piron, père de l'auteur de la Métromanie et apothicaire à Dijon, s'était déjà essayé dans ce genre ; et ses petites pièces, adaptées aux circonstances, avaient joui d'une vogue extraordinaire. La Monnoye lui reprocha un jour sa manière expéditive qui l'empêchait de mettre dans ses compositions tout l'art et toute la finesse dont elles étaient susceptibles. L'apothicaire le défia de faire mieux et il répondit en publiant treize Noëls, sous le nom de Gui Barozai, dénomination par laquelle on désignait les riches vignerons de la Côte, porteurs de bas à coins de couleur rose. Seize autres Noëls parurent la même année (1700), et l'on put dire que La Monnoye avait tué son devancier. Ces chants populaires, où des grâces toutes nouvelles ornaient un dialecte naïf, mais pauvre et borné dans ses moyens, et où le sel de la satire remplaçait quelquefois une gaieté toujours ingénieuse, furent bientôt dans toutes les bouches ; ils pénétrèrent à la cour et y furent chantés.
Le plus connu parmi ces noëls est sans doute « Guillô, pran to tamborin », plus communément appelé « Patapan », que l'on continue toujours à mettre en musique et qui en version française commence ainsi :
Guillaume, prends ton tambourin
Toi, prends ta flûte, Robin
Au son de ces instruments
Turelurelu, patapatapan
Au son de ces instruments
Je dirai Noël gaîment.
Des voix discordantes troublèrent ce concert de louanges ; une piété méticuleuse crut apercevoir dans des couplets, tout au plus malins, le dessein formel de tourner la Bible en ridicule. Un nommé Magnien, vicaire à Dijon, déjà plusieurs fois repris pour les écarts de son zèle, fit en chaire une violente sortie contre l'élégant badinage dont les mondains se laissaient charmer.
Vers ce temps-là, un missionnaire qui avait opéré beaucoup de conversions à Dijon fit, dit-on brûler entre autres livres, sur la place publique : le Josèphe d'Arnauld d'Andilly, attendu que tout ce qui venait d'un janséniste était suspect. La Monnoye n'était donc pas rassuré par son orthodoxie et par la régularité de ses mœurs. Ses Noëls furent déférés à la censure de la Sorbonne ; mais, quoi qu'en ait dit Voltaire, elle évita contre l'avis de neuf de ses docteurs le ridicule de fulminer en pareille occasion, La Monnoye se vengea de ses détracteurs par le sarcasme et voulant multiplier ses lecteurs et donner un démenti à Dumay, qui, très versé dans le patois bourguignon, trouvait dans les Noëls la preuve d'une connaissance imparfaite de ce dialecte, il composa un Glossaire des mots bourguignons les plus difficiles à entendre.
Ce fut pour lui un cadre où il fit entrer une érudition agréable et où il sut glisser de piquantes anecdotes ; de ce nombre est l'extrait d'un sermon de saint Vincent Ferrier, sur le devoir conjugal, morceau qui a beaucoup d'affinité avec le Calendrier des vieillards de la Fontaine, et qui est un monument précieux de l'innocence de l'orateur, ainsi que de la simplicité du temps.
Sources : Wikipedia.
Dessin : la maison natale (au N° 74 rue du Bourg à Dijon) de Bernard La Monnoye.
Dessin d’après une gravure du XVIIIème siècle. Publication du Bien Public du 25 décembre 1946.