En 1973, alors qu'il vient d'annoncer ses adieux au roman, Simenon reçoit une étrange lettre : "Monsieur, ayant appris que vous cessiez d'écrire, je souhaiterais vous acheter votre "truc"..." Ce à quoi le père de Maigret répondit : "Monsieur, je n'ai pas de "truc" pour écrire et, de toute façon, il n'est pas à vendre." Le facétieux correspondant s'appelle Pascal Jardin (1934-1980).
Pascal Jardin, alias le Zubial, décédé en 1980 était un écrivain de talent, un scénariste et surtout un dialoguiste de génie, digne continuateur de Jeanson ou d’Audiard, mais, à sa façon. Il était le fils de Jean Jardin, alias « le Nain Jaune », livre hilarant de souvenirs tendres et féroces, qui était l’éminence grise de Pierre Laval pendant l’Occupation.
Alexandre Jardin, son fils, publie son premier roman à l’âge de 20 ans « Bille en Tête », écrit dans le Figaro, et reçoit en 1988 le Prix Fémina pour son roman « le Zèbre », ouvrage qui sera adapté au cinéma par Jean Poiret en 1992 avec l’acteur Thierry Lhermitte.
Filmographie :
Il devient scénariste dans les années 60 et inscrit son nom
Il devient scénariste dans les années 60 et inscrit son nom au générique d'œuvres très différentes :
1960 - Classe tout risque de Claude Sautet
1961 - Les amours célèbres de Michel Boisrond
1963 - A couteaux tirés de Charles Gérard
1964 - Les félins de René clément
1965 - Le tonnerre de dieu de Denys de la Patellière
1965 - Merveilleuse angélique de Bernard Borderie
1966 - Angélique et le Roy de Bernard Borderie
1966 - Le voyage du père de Denys de la Patellière
1967 - Indomptable Angélique de Bernard Borderie
1968 - Angélique et le Sultan de Bernard Borderie
1968 - Le tatoué de Denys de la Patellière
1969 - Madly de Roger Kahane
1970 - La Horse de Pierre Granier Deferre
1970 - Sortie de secours de Roger Kahane
1971 - Le chat de Pierre Granier Deferre (Voir bande annonce)
1971 - La veuve Couderc de Pierre Granier Deferre
1971 - Doucement les basses de Jacques Deray
1972 - Le tueur de Denys de la Patellière
1973 - Le train de Pierre Granier Deferre
1974 - La race des seigneurs de Pierre Granier Deferre
1974 - Borsalino & co de Jacques Deray
1975 - Le vieux fusil de Robert Enrico
1975 - La cage de Pierre Granier Deferre
1978 - La Zizanie de Claude Zidi
1978 - Sale rêveur de Jean Marie Périer
1979 - Le Toubib de Pierre Granier Deferre
1980 - Charlie Bravo de Claude Bernard Aubert
1982 - Hécâte, maîtresse de la nuit de Daniel Schmid.
En tout, plus d'une centaine de films dont il signe le scénario ou les dialogues, adaptant à plusieurs reprises des romans de Georges Simenon.
Biographie :
Fanny Chèze
, Pascal Jardin, Editions Grasset et Fasquelle, octobre 2009, 348 pages.Pierre Assouline
Fils du chef de cabinet de Laval, à Vichy, et père du romancier Alexandre Jardin, ce feu follet a laissé derrière lui une légende flamboyante faite de femmes hautement bottées, de romans grinçants et de succès au box-office des années Pompidou (scénarios du Chat, du Vieux Fusil...). Il fallait donc aller voir derrière la légende, ce qu'a fait Fanny Chèze avec cette biographie claire et informée.
On y découvre un enfant de la Collaboration, qui grandit entre les jambes de Giraudoux et de Morand, mais ne décroche pas même le certif. "Je ne suis pas sorti d'une grande école, mais de la guerre", confiera-t-il. Ce jeune homme pressé fait son trou dans le cinéma, comme dialoguiste de Pierre Granier-Deferre ou de Deray, même si, tempère sa biographe, il restera toujours un cran en dessous d'Audiard ou Dabadie. Mais l'auteur du Nain jaune est un formidable "agent d'ambiance", amusant Gabin ou Delon, capable d'expédier un scénario en quinze jours entre deux virées chez Castel, pour calmer les émissaires du fisc campant devant sa porte.
Cette biographie creuse aussi la part d'ombre de cet écorché vif, qui prenait un malin plaisir à jeter ses épouses dans les bras de ses meilleurs amis - rarement la théorie du mimétisme amoureux chère à René Girard aura trouvé meilleur ambassadeur - et dont un fils se suicidera. Il était dit que ce "provocateur bien élevé" ne ferait pas de vieux os. Le "Zubial" s'éteint à 46 ans. Son fils Alexandre n'a pas eu à lui racheter son "truc".
, publia une importante biographie de Jean Jardin «Une éminence grise : Jean Jardin» 1904 - 1976. Un texte important pour découvrir la «famille» Jardin…de Fanny Chèze, porte un regard clair et informé sur le dialoguiste fantasque, fils du chef de cabinet de Laval et père d'Alexandre, écrivain.
« Il fut toute sa vie un homme de l'ombre jusqu'au jour où son fils Pascal Jardin lui consacra un livre. Le nain jaune, c'était lui, Jean Jardin, conseiller du «prince» et éminence grise, un des personnages les plus énigmatiques que le véritable pouvoir, celui qui ne se voit pas, ait produit. Il n'avait jamais voulu écrire ses mémoires, malgré de nombreuses sollicitations, craignant d'en dire trop ou pas assez. Cette biographie est la première qui lui soit consacrée. Elle a été écrite à partir de témoignages d'archives et de correspondances pour la plupart inédits, à l'issue d'une enquête riche de révélations sur les dessous de la politique française pendant l'Occupation et la IVe République.
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Bibliographie :
Les Petits Malins
La Guerre à neuf ans
, Grasset 1971Toupie la rage
, roman, Bernard Grasset, 1972Guerre après guerre
, Grasset & Fasquelle, 1973Je te reparlerai d’amour
, roman, Julliard, 1975Le Nain jaune,
roman, Julliard, 1978, réédité en 1997La Bête à bon dieu
, Éditions Flammarion 1980Madame est sortie
, Flammarion, 1980, pièce de théâtreComme avant
, pièce de théâtre septembre 1976, (Pas de publication), roman, Éditions Pierre Horay 1957