Jeune licencié en philosophie et engagé volontaire au 2ème régiment de hussards Roger Nimier se bat dans la poche de Royan où il est blessé. Démobilisé au printemps 1945, riche d’une culture littéraire, il publie son premier roman L’Etrangère (publication posthume, 1968), qui se situe pendant l’été de cette même année, un récit quelque peu autobiographique : le héros se prénomme Roger, et son style doit beaucoup à deux grands noms de la littérature, Jean Cocteau et Jean Giraudoux; mais il allait vite s’inventer un style bien à lui dès son deuxième roman, Les Épées (1948). Il s’agit d’un court récit racé et violent où on voit un adolescent passer de la Résistance à la Milice, mais qui en fait ne croit qu’aux "chemins solitaires". Avec ses deux romans suivants qui parurent en 1950, Perfide et surtout Le hussard bleu, Nimier s’imposa comme la figure littéraire la plus marquante de sa génération. Il avait lancé une mode, un style de plume, qui fera de lui une sorte de « chef de file » du mouvement des Hussards ! Alors qu’il était partout fêté, il écrivit deux nouveaux romans d’un romantisme désabusé : Les Enfants tristes (1951) et Histoire d’un amour (1953) et abandonnant provisoirement le roman, il allait se consacrer au journalisme, au cinéma et à l’édition. Côté cinéma « Ascenseur pour l’échafaud » (1957) dont il écrivit le scénario et les dialogues pour Louis Malle fut le premier des films qu’on catalogua "nouvelle vague". Il adapta lui-même pour l’écran Histoire d’un amour qui devint Les Grandes personnes et que réalisa Jean Valère (1960) en collaboration avec Roland Laudenbach, il s’inspira librement de Flaubert pour permettre à Alexandre Astruc de tourner L’Éducation sentimentale (1962).Un mois avant de mourir (il se serait suicidé), Roger Nimier achève son D’Artagnan amoureux, en exergue duquel il inscrit cette phrase de Madame de Sévigné : "Cette belle jeunesse où nous avons souvent pensé crever de rire ensemble." Nimier apparaît comme un autre Raymond Radiguet, (mais sans avoir besoin de la main amie de Cocteau), qui porte sur son visage les marques d’une vieillesse précoce, qui flambe, tel le héros du Diable au corps, qui se hâte "Comme les gens qui doivent mourir jeunes et qui mettent les bouchées doubles"
Roger Nimier avec Antoine Blondin et Drieu la Rochelle... précéda le mouvement littéraire du Nouveau Roman, mais surtout il furent les témoins tristes d’une époque désenchantée.
Retour au roman et mort accidentelle
Son ami Louis Malle vient tout juste de le solliciter pour l'adaptation au cinéma du Feu Follet de Pierre Drieu la Rochelle lorsqu'il meurt, le 28 septembre 1962, dans un accident de voiture au volant de son Aston Martin sur l'autoroute de l'Ouest, en compagnie de l'écrivain Sunsiaré de Larcône Il allait avoir trente-sept ans. Amateur de voiture, il en parlait souvent, écrivait à leur propos et subissait la fascination de la vitesse. Il avait même fait la description d'un accident de voiture dans l'un de ses livres
Son dernier roman, D'Artagnan amoureux, est publié quelques mois après. Ce roman posthume, qui imagine le désarroi amoureux du héros de Dumas, annonçait peut-être une nouvelle phase dans l'œuvre de Nimier.
Sa fille, Marie Nimier (née en 1957), elle aussi écrivain, parle de sa relation avec son père, mort quand elle avait cinq ans, dans son livre, La Reine du silence. (Prix Médicis - 2004).
Aujourd'hui un prix littéraire porte le nom de «Prix Roger Nimier».
De la terrasse d'un café du 6ème arrondissement de Paris, Olivier BARROT évoque l'ouvrage de Lucien d'AZAY "A la recherche de Sunsiaré", livre enquête sur Sunsiaré de Larcône (Suzy Durupt) décédée à 27 ans avec Roger NIMIER dans un accident de voiture. Des photos émouvantes de Sunsiaré illustrent son propos. (Voir vidéo de l’INA).
Choix de bibliographie à lire pour découvrir Nimier :
Marcel Aymé. Roger Nimier, Paris, « Livres de France », février 1967.
Yves Berger , Roger Nimier, dans Écrivains d’aujourd’hui, Paris, Grasset. Roger Nimier
Antoine Blondin -André Fraigneau, Roger Nimier, Paris, « Accent grave », Laffont, 1964.
Pierre Boutang, Les Abeilles de Delphes, Paris, La Table Ronde.
Jacques Chardonne, Lettres à Roger Nimier, Grasset.
Marc Dambre, Roger Nimier, Hussard du demi-siècle, Paris, Flammarion, 1989.
Christian Millau, Au galop des Hussards , Editions de Fallois, janvier 1999.
Alain Sanders, Roger Nimier : hussard bleu et talon rouge, Éditions de Paris, 2006.
VIDEO
Ascenseur pour l’échafaud - Film de Louis Malle - 1958 - Avec Jeanne Moreau et Maurice Ronet - Bande annonce britannique.