Johannes THOMASSET : Un écrivain de l’enracinement et de la Bourgogne .
Pages bourguignonnes.
Editions de la Phalange. Mai 1938. In 12 broché de 181 pages. Bibliographie. Edition originale : exemplaire numéroté du tirage sur papier alfa Featherweigt, après 3 Hollande. (Impression Bernaerts à Bruxelles). Exemplaire non coupé et en parfait état. Rare. (Cet ouvrage avait été réédité par les éditions de l'Homme Libre (Paris - 2001), maintenant épuisé.)
Paysages et Cité. Bourgogne et alentours.
Editions Rebourseau (Dijon). 1932. In 12 broché de 101 pages. (Imprimerie de Trévoux). Edition originale : exemplaire numéroté du tirage sans justificatif de papier. Uniquement 200 exemplaires. Cet exemplaire est non coupé et en parfait état. Rare. (Ce livre avait été réédité par l'Association bourguignonne "Les Voies de la Bourgogne retrouvée" à Dijon en 1984, maintenant épuisé !)
Les arbres et les montagnes.
Editions de la Phalange. 1938. Petit in 12 cartonné de 29 pages. Edition originale sans justificatif de tirage. Très bon état. "Considérations sur les arbres, la montagne et avec un éloge du calcaire". Rare.
Article : « le canard bourguignon » canalblog.
"Ayant quitté l'enseignement où il pense ne pas être reconnu à sa juste valeur, il achète une propriété dans le village de Saint-Gilles (en Saône-et-Loire) où il devient propriétaire agricole. Il habite la maison de maître (le château) tandis qu'une famille exploite de domaine en métayage. Il a épousé un Suissesse et il a une fille Hilda. Ses métayers sont Suisses également. Lui, devient poète paysan ; il publie de nombreux articles et ouvrages consacrés à la Bourgogne.
Thomasset collecte par ailleurs de nombreuses pièces d'art et de traditions populaires bourguignonnes, en particulier des meubles, des cuivres et des outils. Ses publications préservent le patrimoine oral de la culture paysanne bourguignonne qui disparaît déjà sous l'effet de la modernisation des modes de vie. Il travaille à l'élaboration d'un "glossaire du patois bourguignon" où seront mis en relief les vestiges des dialectes germaniques. Il avait noué des contacts avec une vieille habitante des environs de Chamilly qui connaissait particulièrement bien le vocabulaire bourguignon des plantes. Car le grand projet de Thomasset n'est pas seulement linguistique ; il veut magnifier "l'âme ancestrale" bourguignonne. Et pour cela, il ne remonte pas seulement à la grande période ducale, mais aux origines mêmes de la Bourgogne, au peuple burgonde. Et, par conséquent, il n'hésite pas à déclarer et à prouver que les Bourguignons ont une origine germanique. Quel scandale, à cette époque où l'école publique apprenait aux écoliers sénégalais ou indochinois que leurs ancêtres étaient les Gaulois ! Quel scandale où l'Allemagne voisine s'est donnée comme dirigeant Hitler !
Sa philosophie le rapproche fatalement de la pensée allemande de l’époque, par les racines ethniques communes que la Bourgogne partagerait avec la culture germanique. En attendant une utopique Europe unifiée sous la bannière germanique, il se rapproche des régionalistes bretons, flamands, suisses, irlandais. Il se lie avec l'abbé Gantois. En octobre 1936, il fait des conférences à Munich et à Berlin où il fait connaissances avec de nombreux intellectuels allemands. Attention, Johannès Thomasset n'a jamais adhéré au parti nazi. Il est plutôt de la droite nationaliste française de l'entre-deux-guerres qui stigmatise la décadence et sa vassalité à l'Angleterre. En 1938, un second voyage le conduit à Nuremberg ; il assiste au congrès dont l'organisation spectaculaire le sidère.
Il recevra régulièrement une collaboratrice de l'Ahnenerbe, Margarete Grasses qui enseignera à Hilda Thomasset les rudiments de la culture et de la langue allemande.
"Alors la Bourgogne retrouvera sa vocation, elle sera le gardien de la forme française de la culture occidentale. Car cette culture française, qui est de nature germanique et de langue latine, mérite d'être conservée. L'Ile-de-France n'en est pas capable. Du point de vue spirituel et moral, Paris ne présente qu'une splendeur vieillissante, souillée par des éléments impurs, à jamais décadente. La Ville maîtresse n'est plus qu'un bordel et un tripot géré par des juifs et des nègres pour les besoins des Anglo-Saxons. Ce qui reste de la culture peut être conservé par la petite ville de Dijon".
A la Libération, il est arrêté et emprisonné à Chalon-sur-Saône le 20 septembre 1944. Inculpé d'intelligence avec l'ennemi, il est condamné le 10 avril 1945 par la Cour de Justice de Saône-et-Loire à 5 ans de prison, 50.000 francs d'amende et à la dégradation nationale. Il sera libéré en 1948 pour raison de santé. Il reviendra chez lui, à Saint-Gilles, où il donnera asile à l'abbé Gantois lui aussi en difficulté. Thomasset reprendra ses activités archéologiques dans les années 1950 sur le site de Chassey ; il abandonne toute activité vers 1960.
Thomasset est mort à Bourg-en-Bresse, le 12 juillet 1973, à l'âge de 78 ans."
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Johannès Thomasset et la naissance du mythe bourguignon.
"Parmi les amis de Gaston Roupnel, on ne compte pas seulement de respectables universitaires. Au premier rang des « liaisons dangereuses » de l’historien, il faut placer Johannès Thomasset. Scientifique de formation (préhistorien), mais professeur de sciences en rupture de ban, devenu châtelain en Saône-et-Loire, Thomasset, sans prétendre à une exactitude érudite qui ne l'intéressait pas, fut dans les années 1920-1930 l’un de ceux qui explorèrent avec le plus de constance, au long d’une œuvre à la fois d’essayiste et de poète (Pages bourguignonnes, 1938), les origines médiévales de l’« idée bourguignonne », c’est-à-dire d’une Europe médiane séparant et unissant en même temps les mondes français et allemand. Pour lui, les fondations posées par l’éphémère royaume burgonde ne se réduisaient pas à une tentative abolie, mais devaient être considérées comme un principe fécond, plusieurs fois revivifié, très particulièrement par Charles le Téméraire, dont Thomasset, au long de pages fiévreuses, fait une figure d’épopée presque mythique. Contre le principe national jacobin, il chante la race et les « patries charnelles ». Dans les faits, il fut surtout le chantre d’une « Grande Bourgogne » de sang germanique, thème qui le conduisit à développer des idées si adaptées à l’« Europe nouvelle » de 1940 que les maîtres du Reich cherchèrent à s’attacher ses services, d’où un procès en 1945 et l’oubli total dans lequel est tombé depuis cet écrivain pourtant non négligeable.
Toute la question est de savoir si le rapprochement des deux noms, celui de l’illustre historien Roupnel et celui du barde maudit Thomasset, qui se connurent et s’estimèrent, est purement accidentel, ou s’il ne traduirait pas plutôt un certain nombre de convergences entre le lyrisme de la terre et du sang et les fondements du régionalisme académique d’avant-guerre."
© Alain Rauwel