Laissez-vous aller au plaisir des réminiscences enfantines !
Un grand écrivain français, malheureusement décédé bien trop jeune, écrivait concernant le cinéma : « il ne s'agit ni de nous passionner, ni de nous amuser, ni de nous faire voir des personnages ou une histoire bien montée (…), mais seulement de saisir l'instant fugitif, la seconde accordée par les Dieux, et de nous montrer la grâce de la vie humaine ». Si cela est vrai pour un film, il en est de même pour la littérature. « En saisir l'instant fugitif » !
Philippe Barthelet vient de publier un récit de réminiscence juvénile où l’âme enfantine devient le héros principal de ce livre. (*)
Il est rare de trouver aujourd'hui un livre qui touche le cœur avant la raison. Le pudique s'installe dès les premières lignes et sonne au diapason des sens... L'auteur ne cherche pas le déballage narcissique de l'autofiction si cher aux écrivains de maintenant, mais dépeint par petites touches sensibles et délicates, la fin de l'enfance.
Nous voici donc dans les années 1960, début 1970, dans une ville de province du Jura. Philippe Barthelet cache à souhait l'identité de la noble cité, mais en lecteur attentif, plus de doute possible, nous voici à Dole ! Étant jurassien et après avoir vécu mes premiers vingt ans dans cette ville, et fréquenté le même établissement scolaire (le collège de l'Arc !), je peux témoigner de cette ambiance, si particulière, qui se dégageait de la vieille ville. La mélancolie sous la plume de l'auteur semble l'élément naturel qui porte l'imaginaire, la sensation, le souvenir intime vers les rivages incertains de la nostalgie. Ainsi l’auteur offre un nuancier subtil des choses, des couleurs, des fleurs et des sons pareillement aux mélodies de Debussy. Il y a de la retenue et de l’émotion. Ce récit de l’enfance perdue nous livre le portrait « d’un orphelin de la beauté », écrivait Laurent Dandrieu dans sa récente critique littéraire...
Je recommande vivement ce livre à ceux, qui au pas buissonnier des souvenirs, savent que le bonheur se cache à travers les mots... Et que ceux-ci ont le pouvoir de nous exalter...
Baget François - Le Bibliophile Heurtebise.
(*) « Le cadet » de Philippe Barthelet
Editeur Pierre-Guillaume de Roux.
352 pages - 20 € -