Incunable, livre d’heures, livre de prières, bestiaire… Pendant de longs siècles, les manuscrits luxueux ont été décorés d'images peintes ou dessinées, enrichis de lettrines richement enluminées et d'ornementations des marges. Cependant, certains ouvrages étaient présentés plus sobrement privilégiant le texte au détriment d’une ornementation abondante. Mais certains ouvrages pouvaient présenter des planches d’illustrations sur double-page, tel est le cas de la Chronique de Nuremberg.
La Chronique de Nuremberg (en latin : Liber chronicarum et en allemand : Die Schedelsche Weltchronik) a été publié en Allemagne en 1493. C'est un commentaire biblique sous forme de chronique encyclopédique incluant des histoires de plusieurs villes européennes. Écrit en latin par Hartmann Schedel avec une version en allemand traduite par Georg Alt, c'est l'un des incunables le mieux documenté, le mieux conservé et l'un des premiers à intégrer avec succès la relation textes et images.
Compilé à partir de nombreux textes anciens ou contemporains à l'auteur, le livre prétend raconter « l'histoire du monde », en se basant sur la Genèse puis sur les faits ayant eu lieu depuis la naissance de Jésus-Christ à nos jours. Il offre par ailleurs de nombreuses illustrations représentant des villes européennes ainsi que la première carte imprimée d'Allemagne.
Estimé 4000 € ce très bel exemplaire est parti à 17.000 € lors de la vente HVMC à Monte-Carlo le samedi 2 juillet 2022.
Les spécialistes latinistes l'appellent le Liber chronicarum car cette expression apparaît dans l'introduction de l'index de l'édition latine. Les germanophones l'appellent Die Schedelsche Weltchronik (« L'histoire du monde de Schedel ») en hommage à son auteur, tandis que, dans les autres langues telles le français, l'espagnol et l'anglais, cet ouvrage est appelé « La (ou les) Chronique de Nuremberg » en référence à l'endroit où le livre a été publié et à l'origine des artistes y ayant collaboré.
L'auteur du texte, Hartmann Schedel, (1440-1514) était un médecin, humaniste et collectionneur de livres. Déjà, à l’époque, le principe de bibliophilie retenait l’attention des érudits et l’art d’en parler se répandait dans toute l’Europe occidentale... Il obtint un doctorat en médecine à Padoue en 1466 avant de s'installer à Nuremberg pour pratiquer sa profession et compléter sa collection de livres. À Nuremberg, haut lieu de l'humanisme, il est en « relation avec les esprits les plus éminents de son temps ». Selon un inventaire effectué en 1498, sa bibliothèque personnelle contenait 370 manuscrits et 670 livres imprimés.
Les Chroniques de Nuremberg furent publiées en deux éditions, en latin (publiée le 12 juillet 1493) et en allemand (publiée le 23 décembre 1493). Elles contiennent 1809 gravures, tirées de 645 plaques : il y a donc 1 164 répétitions. Les Chroniques, toutefois, tirent leur attrait de la variété, du nombre et de la taille de ses gravures qui ne se retrouvent dans aucun autre livre de la même époque.
On estime son tirage à 1 500 exemplaires pour l'édition latine, et 1 000 pour l'édition allemande. On a recensé en 1976 près de 800 exemplaires de l'édition latine, et 400 de l'édition allemande, et il n'est pas rare d'en voir apparaître chez des libraires spécialisés, ou dans les salles de ventes aux enchères.