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Le bibliophile Heurtebise

Le bibliophile Heurtebise

Anciennement librairie Heurtebise, "le bibliophile Heurtebise" propose des informations culturelles en relation avec les métiers du livre, mais aussi des descriptifs de curiosités bibliophiliques. Actualités littéraires, critiques, salons, foires aux livres...


La maison de Kafka - La ruelle d’or, le café Slavia et David Černý !

Publié par HEURTEBISE sur 3 Août 2022, 07:50am

Catégories : #Expositions et Sorties

La ruelle d'Or, en tchèque Zlatá ulička, est une petite rue de Prague. Bien connue des touristes, située dans l’espace du château, cette ruelle dessert une série de petites échoppes et maisonnettes mitoyennes adossées à son enceinte nord entre la tour Blanche et la tour Daliborka. Durant l'hiver 1916-1917, Franz Kafka habita au numéro 22 et a écrit plusieurs textes dont Un médecin de campagne. Cette maisonnette est aujourd'hui une librairie vendant principalement son œuvre.

 

Un médecin de campagne est paru en 1920 en allemand sous le titre Ein Landarzt. Ce recueil contient quatorze nouvelles dont une, la deuxième et peut-être la plus connue, porte le même titre que l'ouvrage et met en scène un médecin appelé une nuit au chevet d'un malade.

Écrit au numéro 22 de la ruelle d'Or, durant l'hiver 1916-1917, le recueil est dédié par l'auteur à son père, avec lequel il est alors en conflit. Réalisée par Kurt Wolff, la première édition de l'ouvrage, qui s'appelle d'abord Der Landarzt, est un temps retardée, ce qui fait qu'elle est improprement datée de 1919.

 

© Le bibliophile Heurtebise - N° 22, la maison de Kafka -

© Le bibliophile Heurtebise - N° 22, la maison de Kafka -

© Le bibliophile Heurtebise - La Zlatá ulička -

© Le bibliophile Heurtebise - La Zlatá ulička -

Au milieu de l’année 1916, Kafka, encore inconnu du grand public, cherchait un endroit paisible pour écrire. Grâce à sa sœur Ottla il découvrit cette maisonnette qu’elle loua sans en avertir ses parents. Elle la fit repeindre, acheta des meubles en rotin. Kafka confia plus tard qu’il n’avait jamais connu de chaises plus confortables ! Il appréciait le calme de la maisonnette, mais aussi de la ruelle. Puis vinrent les amis : Max Brod lui rendra visite plusieurs fois. Il nota d’ailleurs dans son journal : « Chez Kafka, dans la rue des alchimistes. Façon de lire agréable. Cellule monastique digne d’un véritable poète... » Oskar Baum le critique musical et poète aveugle vint aussi accompagné d’Albert Ehrenstein et de Felix Weltsch.

© Le bibliophile Heurtebise - Carte postale, vers 1960 : la ruelle d'or sous la neige -

© Le bibliophile Heurtebise - Carte postale, vers 1960 : la ruelle d'or sous la neige -

Les jours passés dans la ruelle d’or font partie des périodes de création les plus prolifiques de Kafka. C’est dans cet endroit feutré et si romantique que naquirent à la fin de l’année 1916 quelques-unes des nouvelles publiées en 1920 dans le recueil Le médecin de campagne. L’auteur commença début février 1917 la rédaction de l’histoire Chacals et Arabes, et le récit Le nouvel avocat apparut aux alentours du 10 février. C’est probablement au milieu du mois de mars que Kafka écrivit Un message impérial dans la ruelle d’or, et du 20 au 24 mars de la même année qu’il y rédigea Onze fils. La nouvelle Le cavalier du seau, écrite en février, fut inspirée par le manque de charbon dont avait souffert Prague. Ottla s’était donné beaucoup de mal pour trouver du charbon. Kafka en fit lecture à ses amis, ce qui donna naissance au célèbre dessin de Kafka lisant le cavalier du seau de Friedrich Feigl !

Kafka aimait travailler et passer ses soirée dans cette maison. Il ne pouvait néanmoins pas rester la nuit - surtout l’hiver - dans ce petit espace, c’est pourquoi il descendait généralement vers les premières heures de l’aube ou vers « minuit en ville en empruntant le vieil escalier du château », et revenait par des petites rues désertes pour rejoindre sa chambre située dans la rue Langegasse (Dlouhá - quartier Josefov).

© Le bibliophile Heurtebise - Kafka, sculpture de David Černý  -

© Le bibliophile Heurtebise - Kafka, sculpture de David Černý -

David Černý (né en 1967 à Prague) est un sculpteur tchèque et artiste conceptuel. Parmi ses œuvres, toujours teintée d'un relent de surréalisme, mais aussi de provocation, on mentionnera son Cheval (Kůň) qui orne, depuis 1999, la galerie marchande du palais Lucerna, adjacente à la place Venceslas. Cette œuvre représente le saint-roi tchèque Venceslas tel qu'il est représenté en haut de la place Venceslas, dans une statue équestre connue de tous les Pragois. Mais son cheval, mort, est suspendu par les pattes au plafond du dôme de la galerie et Venceslas, l'air de rien, continue de manifester sa superbe de souverain fondateur du pays, assis sur le ventre de son peu fier destrier.

 

© Le bibliophile Heurtebise - Kůň, sculpture de David Černý  -

© Le bibliophile Heurtebise - Kůň, sculpture de David Černý -

Il est aussi le concepteur de cette sculpture cinétique de Kafka : Installée à Národní třída, sur la place qui se trouve derrière le centre commercial Quadrio, la sculpture fait 11 mètres de haut et est constituée de 42 parties superposées et toujours en mouvement. La tête mécanique se forme et se déforme donc en permanence dans un bruit feutré. Là aussi, succès garanti auprès des touristes.

Un peu moins bien inspirés, ses « poupons » surdimensionnés et noirs, installés en 2000 pour partir à l'assaut de la tour de télévision de Prague, font également partie de cette « geste » surréaliste, émaillant l'espace public tchèque. David Černý a également placé une statue monumentale d'un onaniste sur la terrasse du Théâtre national, haut-lieu symbolique de la culture tchèque, ce qui témoigne, avec malheureusement d’autres œuvres du même acabit, d’une volonté de provocation outrancière où se mêlent vulgarité et mauvais goût ! Dommage...

© Le bibliophile Heurtebise - Le café Slavia -

© Le bibliophile Heurtebise - Le café Slavia -

Au tournant des XIXe et XXe siècles, les intellectuels praguois aimaient se retrouver dans les très nombreux cafés de la ville. Franz Kafka fréquentait le Café Montmartre (Řetězová 7 - Staré Město. C’était un café nocturne qui avait la réputation d’être turbulent : il reflétait la diversité de la ville et avait un certain goût pour la polémique. Il fut ouvert en 1911 par Josef Waltner, ancien propriétaire du café chantant Olympia, et se trouvait dans la rue Rĕtĕzová, appelée U třech divých, « Aux trois sauvages ».), le Café Slavia (Le café situé sur les bords de la Vltava, en face du Théâtre National ouvre le 30 août 1884 et accueille un public cultivé, attiré par le théâtre voisin. Entre autres habitués des lieux figurent Bedřich Smetana, l'acteur Jindrich Mosna ou le metteur en scène Jaroslav Kvapil. Le café devient également un lieu d'expression du nationalisme tchèque.) ou encore le Café Arco (Dlážděná 6/Hybernská 16, Prague, à côté de la gare Praha Masarykovo nádraží. Ce café de « lecture » a connu son meilleur moment lorsque le cercle de Prague se réunissait : parmi les visiteurs figuraient Franz Kafka , Felix Weltsch , Oskar Baum , Willy Haas , Egon Erwin Kisch , Franz Werfel , Ernst Polak , Paul Kornfeld ou František Langer...)

© Le bibliophile Heurtebise - L'entrée du café Slavia -

© Le bibliophile Heurtebise - L'entrée du café Slavia -

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