La bande dessinée est aujourd’hui reconnue comme un art à part entière, le « 9e art ». Elle a une histoire, avec ses précurseurs et ses maîtres, ses techniques et ses courants, ses festivals et même son musée.
Rodolphe Töpffer (1799-1846) est né à Genève. Il est le fils du peintre Wolfgang-Adam Töpffer (1766-1847). Encouragé par son père, il entreprend des études à l'Académie de Genève tout en s'adonnant avec talent à sa passion : le dessin. Atteint d'une affection oculaire sévère, il est rapidement contraint de renoncer à une carrière de peintre. Il choisit dès lors de se consacrer à l'enseignement et parachève, entre 1819 et 1820, sa formation littéraire à Paris. De retour à Genève, Rodolphe Töpffer décroche une position de sous-maître dans le pensionnat du pasteur Jean Heyer.
En 1824, après deux années de collaboration, Rodolphe Töpffer quitte la pension Heyer et ouvre son propre pensionnat, place Maurice à Genève. Il y organise pour ses élèves - comme du temps de la pension Heyer - de grandes excursions à pied en Suisse, en Savoie ou en Italie. Il ramène de ces escapades albums et croquis qui formeront la matière des Voyages en zig-zag. Durant ces années-là, Rodolphe Töpffer produit aussi ses premières histoires en estampes comme L'Histoire de M. Vieux-Bois (1827) ou Le Docteur Festus (1829) et il compose des pièces de théâtre circonstancielles qu'il fait jouer par ses élèves.
A partir de 1832, Rodolphe Töpffer publie régulièrement récits et nouvelles dans la revue "La Bibliothèque universelle". Ce sont notamment : La Bibliothèque de mon oncle (1832), L'Héritage (1834), Elisa et Widmer (1834). Il rédige aussi des essais et articles consacrés à la peinture et à la littérature, dont notamment la série de douze opuscules: Réflexions et menus propos d'un peintre genevois (dès 1830 puis parution en recueil de manière posthume en 1848). Mais il est aussi l'auteur d'articles engagés.
En effet, actif en politique depuis 1834 déjà, il participe pleinement au débat genevois autour de la Constituante (1841-1843). Pendant ces années-là, il collabore au journal conservateur le "Courrier de Genève".
La notoriété de Rodolphe Töpffer va grandissante : il publie chez l'éditeur parisien Charpentier, mais aussi Monsieur Cryptogame (1845) dans une revue française. En effet, alors même que sa santé se détériore, et cela malgré des cures à Lavey et à Vichy, il continue à écrire et à publier. L’Essai de Physiognomonie - dans lequel il théorise la littérature en estampes - paraît en 1845 et prend l'air d'un testament artistique. Cette même année, Rodolphe Töpffer vend son pensionnat. Il décède le 8 juin 1846, à Genève.
Un monument est érigé en 1879-1880 dans la rue et le square qui porte son nom dans le quartier des Tranchées. (Voir photos). © mahmah.ch
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Töpffer Rodolphe | Musée d'art et d'histoire de Genève
Rodolphe Töpffer naît le 31 janvier 1799 à Genève. Il est le fils du peintre Wolfgang-Adam Töpffer (1766-1847) et de Jeanne Antoinette Counis (circa 1771-1845). Encouragé par son père, il en...
La notion d'« inventeur de la bande dessinée » est controversée, un art n'étant pas un procédé technique. Cependant, le caractère inédit des histoires en images que Töpffer commence à créer en 1827, cette nouvelle manière d'articuler texte et images montées en séquences, et surtout la perception par l'auteur qu'il faisait quelque chose de nouveau, le pressentiment qu'il avait que d'autres personnes utiliseraient ce mode d'expression inédit le font généralement considérer comme le premier auteur de bande dessinée occidental.
C’est la vision de l’inventeur de la bande dessinée que décrit Töpffer dans la préface de L'Histoire de Monsieur Jabot : « Ce petit livre est d’une nature mixte. Il se compose de dessins autographiés au trait. Chacun des dessins est accompagné d'une ou deux lignes de texte. Les dessins, sans le texte, n’auraient qu’une signification obscure ; le texte, sans les dessins, ne signifierait rien. Le tout ensemble forme une sorte de roman d’autant plus original qu’il ne ressemble pas mieux à un roman qu’à autre chose. »
Christophe a subi l’influence de Töpffer !
Marie-Louis-Georges Colomb, dit Christophe est un des précurseurs de la bande dessinée en France. Christophe est surtout connu pour être l'auteur d'histoires illustrées parues en feuilleton à la fin du XIXe siècle. Très fin observateur de la société, inspiré par les images d'Épinal, il est le créateur de personnages comme La famille Fenouillard, Le sapeur Camember, Le savant Cosinus et Les lutins Plick et Plock.
Christophe n'utilise pas les bulles pour y placer le texte, mais explore avec talent le système dit du « gaufrier » : un texte est placé sous chaque image. Ce système est redevable à l’image d'Épinal, qui est alors le standard des publications pour enfants, comme aux histoires satiriques en images du Genevois Rodolphe Töpffer, dont Christophe a dit qu'il avait été son modèle. Comme Töpffer, Christophe va exploiter à fond l’humour basé sur des rapports texte/image parfois en décalage et toujours en renforcement mutuel.
- Christophe : Planche "Le sapeur Camember". Paru dans Le Petit Français illustré sous la forme de feuilleton entre 1890 et 1896.
© Louis Doës - Un unique trait cerne les contours et les ombres sont posées à l’aide de hachures négligemment tracées. Il en va quasiment de même dans les albums de Louis Döes...