La toilette de Vénus, un des trésors de la bibliothèque du comte Emmanuel d’André !

Publié par HEURTEBISE sur 18 Octobre 2021, 15:50pm

La Toilette de Vénus, Léandre et Héro, pièce représentée devant le Roi, sur le théâtre des Petits appartements, à Versailles. Manuscrit in-folio (350 x 255 mm), reliure du XVIIIe siècle, en maroquin rouge, large dentelle dorée aux petits fers, armoiries au centre, aux armes du duc de La Vallière. (*) La toilette de Vénus, Léandre et Héro, est un manuscrit d’un spectacle joué par la marquise de Pompadour devant Louis XV le 25 février 1750.

Estimation : 20 000/25 000 €, Adjugé : 26 000 € - Juin 2021.

Rassemblés par ce passionné de théâtre et grand collectionneur, des documents uniques et précieux, dont ce livre présenté ci-dessus, font revivre les figures hautes en couleurs des grands auteurs français, comme celles des acteurs qui ont servi leurs textes.

Emmanuel d'André, né le 14 février 1937 à Uzès, est un chef d'entreprise français. Au cours d’une carrière professionnelle bien remplie, le comte Emmanuel d’André aura exercé de hautes responsabilités dans tous les secteurs de l’économie, de la presse jusqu’à l’une des plus célèbres maisons de vente par correspondance française. En tant que collectionneur, ce diplômé de HEC s’est également enflammé pour des domaines tout aussi variés que ses activités professionnelles. Et si ses envies actuelles le portent vers l’art moderne et contemporain, c’est la passion de la bibliophilie qui l’a longtemps animé.

La toilette de vénus. © La gazette Drouot - 28 mai 2021 -

(*) Livre sur les plats duquel on a poussé au fer à dorer les armoiries de son possesseur. Une marque d’appartenance, en quelque sorte, comme pour l’Ex-libris... C'est à partir de Charles VIII (1470-1498) que les reliures se sont enrichies d'armoiries.

Les livres aux armes ont toujours été recherchés car ils restent un témoin de la splendeur passée de l’ancien régime. La principale référence pour identifier les reliures armoriées est le précieux Manuel de l’amateur de reliures armoriées françaises d’Eugène Olivier, Georges Hermal, Capitaine R. de Roton composé de 30 volumes et qui contient près de 10 000 fers héraldiques reproduits. Les chiffres, les devises et les symboles restent parfois hermétiques, mais l’expérience et la compilation d’innombrables catalogues, l’esprit de déduction parfois, permettent le plus souvent de reconnaître le possesseur à l’indice qu’il a laissé sur ses reliures : la marquise du Deffand qui raffolait des félins faisait dorer des chats au dos de ses reliures ; le baron Pichon, grand bibliophile, avait fait dorer des « navettes » sur un lot de livres qui provenaient du fils de Christophe Colomb ; le discret chiffre PB qui figure sur des reliures en veau de la fin du XVIIIe siècle est celui d’un couple fameux : Pagerie-Bonaparte. (Marie Josèphe Rose Tascher de La Pagerie, dite Joséphine de Beauharnais.)

- cf. Anne Lamort.

Manuel de l'amateur de reliures armoriées françaises. ‎

Plus proche encore de nous, le duc d’Aumale, Henri d’orléans grand bibliophile faisait relier plusieurs exemplaires des livres dont il était l’auteur à ses armes qu’il offrait ensuite à des membres de sa famille ou à ses relations. (Le duc d’Aumale rédigea lui-même le premier historique de sa collection de manuscrits, qui fut publié en 1900 en introduction à son catalogue des manuscrits, auquel il travailla de 1856 à 1897. La collection de manuscrits comprend 1500 manuscrits, parmi lesquels 300 manuscrits enluminés, dont 900 manuscrits hérités des princes de Bourbon-Condé et 600 manuscrits acquis de son vivant).

Les municipalités également ont pu faire relier des exemplaires de leurs privilèges, leurs entrées ou leurs fêtes à leurs armes qui étaient offerts aux visiteurs de marque. Au XIX^e et au XX^e, des amateurs ont parfois utilisé les armes d’une personnalité illustre, le plus souvent disparu, pour embellir un livre ayant trait à cette personne. Et il faut aussi signaler des ouvrages reliés falsifiés sans vergogne par la frappe d’armoiries célèbres... On ne se méfiera jamais assez des livres aux armes de la Pompadour, surtout s’ils ne figurent pas dans le catalogue de la vente de sa bibliothèque, ou d’autres personnages illustres des temps anciens...

Gravure d'Honoré Daumier. Amusante illustration d'un couple de bibliophiles !

Pour aller un peu plus loin... Ouvrage indispensable pour les collectionneurs bibliophiles spécialisés dans le livre armorié. Voici un descriptif de ce manuel :

Manuel de l'amateur de reliures armoriées françaises. ‎

‎Edité à Paris, Bosse, 1924-1938. In-4. Vingt-neuf séries comportant 2685 planches, en feuilles sous chemises imprimées + volumes de tables relié bradel papier.‎

‎Exemplaire complet de tout ce qui a paru. Les blasons sont classés par pièces, puis par meubles, puis par figures ou emblèmes non héraldiques, puis par chiffres et monogrammes et enfin par devises ou inscriptions. Le volume de tables (XXIII, 171 pp.) contient, outre les listes alphabétiques héraldiques, une Table des évêchés et archevêchés, une Table des sièges de gouvernement de province, villes, iles et colonies, une Table des intendances de provinces, villes, iles et colonies et une Table des noms cités. Chaque blason représenté est accompagné d'une courte mais précise et précieuse notice historique concernant le personnage et parfois sa famille. [Un exemplaire est disponible à la librairie Jacques Chaminade à Aix les Bains. Compter autour de 1300 €.]

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