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Le bibliophile Heurtebise

Le bibliophile Heurtebise

Anciennement librairie Heurtebise, "le bibliophile Heurtebise" propose des informations culturelles en relation avec les métiers du livre, mais aussi des descriptifs de curiosités bibliophiliques. Actualités littéraires, critiques, salons, foires aux livres...


Thierry Bouchard, éditeur-typographe, 1954-2008.

Publié par HEURTEBISE sur 24 Février 2025, 10:40am

Catégories : #Coup de Coeur

Un éditeur-typographe de renom !

« Tel un musicien, celui qui crée un livre ne se contente pas de produire un medium destiné à mettre en relation une œuvre et un public, mais propose, à travers la forme sensible qu’il lui donne, une interprétation de cette œuvre dans l’intention de la servir. Et lorsque ce créateur est à la fois éditeur, imprimeur et typographe, il est maître de toutes les opérations nécessaires à un pareil avènement. Tel était le cas de Thierry Bouchard, dont l’atelier a laissé un souvenir impérissable aux amis écrivains ou artistes qui l’ont fréquenté. » explique Frédérique Martin-Scherrer dans un article dans Écriture & images (N° 3).

PRESSE HEIDELBERG, CIRCA 1960.

PRESSE HEIDELBERG, CIRCA 1960.

Entre Dijon et Arc et Senans, Thierry Bouchard vécut la quasi-totalité de son existence à Losne (Côte d’or), un village implanté dans la proximité de la Saône, du canal de la Bourgogne et d'un port d'attache d'artisans-mariniers. Son atelier était situé au cœur d'un grand jardin, dans l'une des dépendances de sa maison familiale. Après sa khâgne accomplie à Dijon, Thierry Bouchard avait fait des études de philosophie, rédigé un mémoire de maîtrise à propos de la tragédie chez Hegel et Nietzche. Jean Brun et Jean Svagelski furent les enseignants dont il affectionna les cours. En 1974 - il avait 20 ans - il fit l'achat de sa première presse à imprimer.

© Thierry Bouchard en 1981, photographie de Douglas Hollely.

© Thierry Bouchard en 1981, photographie de Douglas Hollely.

Les livres qu’il imprima pendant les deux premières années de son apprentissage furent édités sous l’enseigne de La Louve de l’hiver, Thierry Bouchard ayant sollicité pour l’utilisation de cette enseigne l’autorisation préalable de René Char. Sous cette appellation, on trouve des livres de Jean Malrieu, Pierre Dhainaut, René Nelli ainsi que de l’un de ses grands aînés, l’éditeur et poète Gaston Puel, « son maître dans la discipline du tir à l’arc mental ». Entre 1976 et 1986, Thierry Bouchard fut le responsable de l’atelier de typographie de l’École des Beaux-Arts de Dijon.

L’année 1977 fut l’une de ses années les plus fécondes : cette année-là, trois grands formats, des livres réalisés avec le concours de Michel Butor et Pierre Alechinsky, Charles Juliet et Michel Carrade ainsi que Trois remarques sur la couleur d’Yves Bonnefoy et Bram Van Velde sortaient de ses presses.

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On ne sait pas assez que sous le pseudonyme de Jean-Baptiste Lysland, Thierry Bouchard fut l’auteur de plusieurs recueils : entre autres, L’Écriture de l’été, Treize poèmes du fleuve et du passage ou bien Poème sur un nom perdu dans l’ombre des mots. Le n° 8 de la revue Port-des-Singes de Pierre Albert Jourdan avait accueilli une suite de ses poèmes, Les Jardins de Ruysbroeck. À quoi s’ajoutent dans son catalogue d’éditeur, des raretés inclassables : des traductions que Thierry Bouchard avait composées pour des poèmes de John Donne, W. B. Yeats, Dylan Thomas et Georges Seféris, des poèmes inédits de Victor Segalen, écartés du recueil de Peintures édité en 1913 par Georges Crès ou bien encore des hommages collectifs consacrés à Gilbert Lely et Pierre-Albert Jourdan avec la participation d’auteurs comme Yves Bonnefoy, Philippe Jaccottet, Alain Levêque, Roger Munier, Jacques Réda et Paul de Roux.

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Il y eut les 115 livres qu’il imprima pour sa maison d’édition et puis les ouvrages qui lui furent commandés. Au total, 313 livres sortirent de ses presses ; le tout dernier aurait dû être le catalogue raisonné de ses ouvrages qu’il acheva de composer le 21 mai 2008. Il travailla avec la compagne d’André Frénaud, Monique Mathieu-Frénaud, il imprima pour André Dimanche Le Livre de l’oubli de Bernard Noël, qui fut illustré par Olivier Debré, plusieurs des livres d’André du Bouchet imaginés par Fata Morgana ainsi que la première version de Début et fin de la neige, qui lui fut commanditée par Yves Bonnefoy et le Mercure de France. L’un de ses derniers livres ― il eut son achevé d’imprimer en juillet 2006 ― parut sur l’initiative de la librairie La Palourde de Nîmes : États de la langue de Bernard Noël, avec six peintures originales de Claude Viallat.

© Alain Paire pour Terres de femmes. (Extraits).

© Le bibliophile Heurtebise.

© Le bibliophile Heurtebise.

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