Qu’est-ce un bibliophile ? Un collectionneur désuet qui ne s’intéresse qu’aux vieux livres ? Un personnage un peu baroque perdu dans notre siècle ? Une espèce en voie de disparition ? Les bibliophiles existent et existeront toujours, espérons-le ! La bibliophilie est littéralement, l’amour des livres et, plus traditionnellement, elle se manifeste par la collection de livres rares ou historiquement précieux.
Mais, pour aller un peu plus loin, la bibliophilie est l'amour « éclairé » de tous les livres, un amour qui vit depuis que le livre existe. Cette passion se définit souvent par le caractère même de ses partisans : les bibliophiles. Ce qui fait dériver le sens même de la bibliophilie, c’est souvent la difficulté de se définir. Ainsi le bibliophile est un amateur de livres qui est toujours fier de sa bibliothèque et de sa collection. Mais c’est aussi un érudit à sa manière... En revanche ceux qui possèdent de nombreux livres ne sont pas nécessairement tous des bibliophiles.
On retient que la bibliophilie qui recherche aujourd’hui plus que jamais identité et reconnaissance correspond à un domaine culturel « structuré » et organisé de passionnés de livres – livres anciens mais aussi livres de la bibliophilie contemporaine : livres d'artistes et livres uniques. Domaine organisé, il possède des revues et magazines qui traitent de sujets les plus divers, tel Le Magazine du Bibliophile en France - La Nouvelle Revue des Livres Anciens - Plume le Magazine du patrimoine écrit (Malheureusement disparu depuis plusieurs années !) - Art & Métiers du Livre, etc...
Domaine défini par les collectionneurs, les marchands et les experts, la bibliophilie possède une histoire et ses « héros » – ces « grands » bibliophiles – qui pendant plusieurs siècles ont été les personnages les plus illustres de tous les royaumes :
Henri Béraldi, J. C. Brunet, Charles Nodier, Paul Lacroix, le Comte Libri, etc... La France, elle-même, a largement contribué à l'histoire de la bibliophilie. On la considère même souvent comme l'un des pays phares dans ce domaine, avec nos voisins britanniques, allemands et italiens...
Mais, je voudrais aujourd’hui évoquer la mémoire d’un bibliophile bourguignon, Jean Paul Gruhier...
Petite biographie : Industriel de Tonnerre, en Bourgogne, Jean-Paul Gruhier, disparu en 2017. Il nourrissait une passion pour les livres anciens, s’intéressant à tous les domaines de la bibliophilie, des voyages et de la géographie, aux sciences naturelles, en passant par les très beaux ouvrages illustrés. Sa bibliothèque recélait de nombreuses pépites, à l’image de la fameuse somme de Mathurin Jacques Brisson, l’Ornithologie, ou Méthode contenant la division des oiseaux en ordres, sections, genres, espèces et leurs variétés... Imprimé à Paris en 1760 par Bauche, il s’agit de six volumes in-4˚, constituant l’édition originale de l’un des plus importants ouvrages d’ornithologie français écrit par ce naturaliste et physicien, membre de l’Académie des sciences. (Voir photo). Bilingue, en français et latin, il comporte 261 planches dépliantes, gravées et dessinées par Martinet, et attirait l’enchère de 40 336 €. En deuxième position se plaçait un Livre d’heures selon l’usage de Paris, un manuscrit sur parchemin exécuté sans aucun doute à Paris vers 1470-1480. Cet in-8˚ de 193 feuillets, comprenant un texte en latin et français, présente trois éléments iconographiques d’importance : quinze grandes peintures illustrant les Évangiles, les bordures les entourant ou ornant leur partie extérieure, et des initiales ornées. Pour le parcourir, il fallait avoir prévu 29 645 €. Lui succédait un très bel incunable au prix de 28 435 €, ce Liber chronicarum - Registrum huius operis libri cronicarum cum figuris et ymagibus ab inicio mundi de Hartmann Schedel, imprimé à Nuremberg, par Anton Koberger pour Sebald Schreyer et Sebastian Kammermeister, le 12 juillet 1493. Il s’agit de la première édition de ce célèbre ouvrage plus connu sous le nom de Chronique de Nuremberg ; Schedel, son auteur, était un médecin vivant à Nuremberg au XVe siècle, qui a rédigé plusieurs ouvrages de médecine. Le fort in-folio, est recherché pour ses nombreuses gravures sur bois dans le texte, à pleine page ou sur double page, dues à Wilhelm Pleydenwurff et Michael Wohlgemut, le maître d’Albrecht Dürer...
Le catalogue de la vente chez M° Sylvain Gautier, Commissaire-priseur à Dijon, comprenait 338 lots décrits et estimés par monsieur Emmanuel Lhermitte, expert à Paris. Vente passée en octobre 2018...
(*) Jonathan Wolstenholme est né en 1950 et a fait ses études à la Purley Grammar School , avant d'être diplômé du Croydon Art College , qu'il a fréquenté de 1969 à 1972. Wolstenholme est un illustrateur indépendant, travaillant pour de grandes agences de publicité, des éditeurs et un grand nombre de magazines. Il a participé à plusieurs expositions à Londres et a exposé à plusieurs reprises chez Singer and Friedlander, ainsi qu'au Discerning Eye Competition, aux Mall Galleries. Cet artiste est connu pour ses œuvres étonnamment détaillées ayant pour thème les livres anciens...
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